Pour Bourguiba, tout devait être mis en oeuvre pour sortir la Tunisie du sous-développement et bâtir une société moderne. Un objectif qui poussera le leader tunisien à déclencher les hostilités envers tout ce qui est archaïque, décadent ou participant de près ou de loin au sous-développement de ses concitoyens. Et l'islam -ou plutôt une certaine vision- ne sera pas épargné des critiques d'abord et puis des réformes de Bourguiba : contrairement à ses paires arabes, en matière de réformes religieuses et culturelles, Bourguiba joignit l'action à la parole et fut par conséquence l'unique qui entrepris la difficile tache de désacraliser plusieurs institutions -que les siècles et les fouquahas ont rendus-sacrés.
[...] Nous voyons bien comment les conceptions que se font ces auteurs français de la laïcité sont intimement liées non pas à la Laïcité mais plutôt à la laïcité française. Et c'est pour cette raison que les conceptions qui nous seront proposées par les auteurs d'autres horizons spatio-temporels seront légèrement -si non radicalement- différentes : Ainsi par exemple, Mohammed Arkoun pense que la laïcité est l'antidote du pouvoir religieux (ou des religieux) qui s'emploi à étouffer la liberté de penser chez l'homme. [...]
[...] Mais pourquoi revenir aujourd'hui sur la relation de Bourguiba avec l'islam ? Une partie de la réponse a été déjà donnée : parce que Bourguiba fut l'unique président arabe qui a osé critiquer et réformer l'institution religieuse. Mais plusieurs autres raisons expliquent mon choix de revenir -20 ans après la fin du règne de Bourguiba- sur sa relation avec l'islam : Malgré qu'il fût le premier président arabe qui osa critiquer certaines institutions musulmanes archaïques, Bourguiba reste jusqu'à nos jours l'unique à avoir entrepris cette tache. [...]
[...] Alors, si nous parlons de l'action du combattant suprême sur le terrain de la libération de la Tunisie et de son combat contre l'occupant français, alors là nous pouvons dire que Bourguiba fut influencé par Atatürk. Mais si nous parlons de l'action d'Atatürk contre l'islam et la laïcisation poussée qu'il a accomplit en Turquie par référence au modèle français, alors là Bourguiba ne l'a pas du tout suivit et il l'a même critiqué à plusieurs reprises. C'est ce qui résulte par exemple d'un fameux article du combattant suprême dans lequel il avait écrit à propos d'Atatürk ce qui suit : Atatürk est le symbole du combattant et pas celui du réformiste Inutile donc de dire que Bourguiba fut un clone d'Atatürk. [...]
[...] Car, j'aimerai rappeler à l'auteur, que les fouquahas, oulémas et autres religieux ne sont pas sacrés. Que ce n'est pas parce qu'on est religieux qu'on peut se permettre de déclarer allégeance à la France. Que ce n'est pas parce qu'on est religieux qu'on va interdire à toute personne de nous critiquer ou de critiquer notre enseignement ou notre formation. Habib Bourguiba n'a fait que constaté des faits -preuves à l'appuis- afin de lever cette sacralité illégitime dont bénéficiaient les religieux. [...]
[...] Ceux qui analysent le discours bourguibien relatif à l'islam classe Bourguiba dans l'une des catégories suivantes : Une première tendance -majoritaire- le considère comme un laïc. 2-Une autre tendance plus rigoureuse composée surtout de religieux le considère apostat. Une troisième tendance ne voit en Bourguiba que le clone d'Atatürk. Comme nous le voyons, toutes ces classifications tournent autour de la laïcité mais à différents degrés. Avant d'aller plus loin il convient donc de définir la laïcité et de s'attarder un peu sur ses significations. [...]
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