Lorsque Charles Mozin posa son chevalet sur les plages encore vierges de Trouville, il venait de trouver, selon ses mots, sa « terre promise ». Trouville principalement, mais également Deauville et l'ensemble des stations de la Côte Fleurie, se sont illustrées au XIXème siècle comme des sujets d'inspirations pour toute une génération d'artistes, qui peintres, qui écrivains. On compte parmi eux les célèbres Eugène Boudin, Gustave Flaubert…
Témoins de l'évolution touristique en France depuis le XIXème siècle, les actuelles stations de Trouville Deauville ont chacune un parcours étonnamment différent. En effet, situées de part et d'autre de l'embouchure de la Touques, petite rivière du Pays d'Auge, ces deux communes ont su faire du tourisme leur industrie. Dans le département du Calvados, Trouville d'un côté, est passée du petit village de pêcheurs normands à la station balnéaire que l'on connaît aujourd'hui. Deauville, quant à elle, possède une caractéristique tout à fait singulière ; en effet, Deauville a été conçue par et pour des citadins, spéculant sur la montée en puissance d'un phénomène nouveau : le tourisme.
Le tourisme est « à la fois déplacement et séjour » comme l'affirmait Miossec en 1974, voyage et villégiature. D'autre part, il est par essence aristocratique. En effet, arrêter le travail pour quelques temps d'oisiveté était un luxe à la seule portée des aristocrates et de la haute bourgeoisie. Néanmoins avec les premières mesures du Front populaire concernant les congés payés, celui-ci allait peu à peu se démocratiser. Le tourisme aristocratique allait ainsi laisser place au tourisme de masse, à l'exception peut-être de quelques stations misant encore sur des vacances aristocrates, dont Deauville et peut-être encore Trouville. Nous avons décidé d'étudier ensemble ces deux stations car il existe une interdépendance certaine entre ces communes bordant la Touques du point de vue de leur évolution économique, Deauville ayant profité de l'expérience de Trouville.
Le choix de la période – de 1840 à nos jours – symbolise en réalité toute l'histoire moderne de Trouville Deauville. On situe autour de 1840 la construction des premières villas trouvillaises et donc le début du tourisme sur l'actuelle Côte Fleurie. Il est intéressant de poursuivre l'étude jusqu'à nos jours car Deauville et Trouville, peut-être de façon moindre, ont toujours su relancer ou conserver un certain tourisme aristocratique, même à l'heure de tourisme de masse.
[...] Celui-ci, fondé en 1873 par le vicomte Paul Daru, réunit aristocrates parisiens et grands propriétaires d'écuries de courses. Il est un des symboles de la station balnéaire élitiste que Deauville voulait devenir. Enfin, si les bains de mer n'étaient pas la vocation première de Deauville, celle-ci s'équipe dès 1863 d'un établissement d'hydrothérapie dispensant des soins à l'eau de mer. On voit ainsi que Deauville comme Trouville se sont construites sur les bases du divertissement, des bains de mer, et de l'élégance dans le but de retenir et de fidéliser une nouvelle clientèle. [...]
[...] D'abord hésitante, nous verrons qu'elle a finalement fait le choix de se concentrer sur le tourisme aristocratique, exploitant ses atouts et innovant au maximum. Tourisme de masse et révolution du tourisme balnéaire Les années d'après-guerre vont être le théâtre de l'explosion de la société des loisirs. La date qui nous vient à l'esprit lorsqu'on évoque le tourisme de masse est, bien sur avec la loi du 20 juin mettant en place les congés payés. Cependant, il nous faut nuancer cette idée. [...]
[...] Bien sur, le festival était l'occasion d'ouvrir la station à une nouvelle clientèle fortunée, venue d'outre Atlantique. En 1977, Anne d'Ornano succède à la mairie de Deauville à son mari, celui-ci se consacrant à une vie politique plus globale. Le long mandat d'Anne d'Ornano (de 1977 à 2001) est caractérisé par des travaux d'envergure pour embellir la station. On retient notamment l'aménagement des lais de mer avec une double promenade agrémentée de jardins, et la construction de parkings. La municipalité s'engage également dans la rénovation des deux places symboles de Deauville : la place de Morny et la place de la Mairie. [...]
[...] Tout vient à point à qui sait attendre : le Grand hôtel de Deauville est remplacé en 1912 par le nouveau casino. Œuvre de l'architecte Georges Wybo, le nouvel établissement inspiré du Grand Trianon de Mansart va susciter l'admiration. De plus le théâtre du casino, inspiré de l'opéra de Versailles, programme des spectacles de qualité exceptionnelle. De réels efforts sont également faits pour donner à la station un vrai côté balnéaire En 1912, on détruit l'établissement existant, comprenant déjà cabines de bains, magasins et kiosque à musique, pour faire place sur la plage à un complexe digne de Deauville. [...]
[...] En effet, les résidences secondaires fleurissent en remplacement des grandes villas. Le phénomène est accentué car Deauville se rapproche de Paris. L'A13 qui reliait Paris à la Normandie depuis plusieurs années s'enrichit d'une bretelle, l'A132 liant directement la station à la capitale par voie expresse. Afin de diversifier les activités proposées, il décide la construction d'une piscine olympique en bord de mer. Cette Œuvre de Roger Taillibert présente une architecture révolutionnaire symbolisant des voiles gonflées. Elle rappelle les doux bains de mer estivaux, l'eau étant de l'eau de mer. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture