Après l'apparition d'un mouvement libéral lors de la première moitié du XIXe siècle, un processus démocratique s'étend en Europe et aux États-Unis de 1848 jusqu'à la Première Guerre Mondiale. La pensée socialiste ne se manifeste, quant à elle, que dans le dernier quart du siècle. Il existe en général deux sortes de partis socialistes : le parti ouvrier créé par les syndicats et le parti socialiste proprement dit créé par les intellectuels et les parlementaires. En Grande-Bretagne, le parti ouvrier se rattache à la première catégorie.
Les syndicats britanniques, en composant avec le parti politique qu'ils ont eux-mêmes créé, forment un ensemble original : le travaillisme. Le travaillisme est caractérisé par un souci humanitaire du sort des travailleurs de l'industrie et des défavorisés et une volonté d'amélioration des conditions de la classe ouvrière. Il a fallu à peine plus de vingt-cinq ans au Parti travailliste britannique après sa création en 1900 pour ôter au Parti libéral de Gladstone et Lloyd George toute chance de retour au pouvoir. De même, il lui a fallu moins d'un demi-siècle pour se montrer capable d'emporter la majorité des sièges à la Chambre des Communes et de former, seul, un parti majoritaire. Mouvement enraciné dans le peuple par la médiation des syndicats et enraciné dans un socialisme parlementaire qui a d'emblée répudié la lutte des classes (alors que la Grande-Bretagne est le pays où Marx est enterré), le travaillisme connaît un destin hors du commun dans un système de tradition bipartisane en s'affirmant en troisième force. Comment s'est constituée une telle puissance ouvrière ? Qu'est-ce qui fait le particularisme, et peut-être le dynamisme et la force, de ce socialisme à l'anglaise ?
[...] Le socialisme britannique, qui marque son originalité en se faisant appeler travaillisme et non social démocratie reste absolument indissociable de l'histoire syndicale. La voie britannique du socialisme se distingue de celles du Continent par son réformisme fait d'un certain scepticisme à l'égard des idéologies. Un syndicalisme réformiste s'est donc développé en Grande-Bretagne afin de lutter par la négociation et les manifestations essentiellement pour les salaires ou les conditions de travail et non pour changer la société. Il s'agit par conséquent d'une rencontre entre le socialisme, doctrine de vie politique et sociale et la formation d'une catégorie sociale : la classe ouvrière, qui s'organise pour la défense de ses intérêts, la satisfaction des revendications professionnelles. [...]
[...] Par la suite, les travaillistes ne reviendront au pouvoir qu'en 1945, après la fin des années Churchill. Margaret Thatcher ainsi que John Major vont chercher à affaiblir le TUC. Alors que dans les années 1990, les travaillistes n'arrivent pas à revenir au pouvoir, Tony Blair décide de prendre un grand virage en fondant le New Labour et gagne les élections de 1997. Soutenue par la majorité du patronat aussi bien que par les ouvriers, sa nouvelle doctrine s'appelle la «troisième voie», et se situe entre socialisme et libéralisme. [...]
[...] Dès le début des années 1870 plusieurs syndicats rassemblant des adhérents de ce type sont créés. Ce nouveau syndicalisme apparaît au grand jour à Londres en 1889 avec les actions réussies menées par les ouvriers du gaz, conduit par Will Thorne, et ceux des dockers londoniens sous la direction de John Burns pour demander des meilleures conditions de travail et salaires. La seconde moitié du XIXe siècle marque par conséquent un renforcement du syndicalisme britannique mais aussi un renouvellement de celui-ci. [...]
[...] A l'origine du travaillisme britannique, des revendications ouvrières portées par un syndicalisme à la fois original et puissant A. La formation d'une classe ouvrière : vers une prise de conscience politique La Grande-Bretagne connaît très tôt une importante classe ouvrière. En effet, c'est au Royaume-Uni que la Révolution Industrielle est la plus précoce puisque débutant aux alentours de 1760. Il ne faut donc pas s'étonner d'y trouver bien avant 1880 un embryon de syndicalisme. C'est un mouvement ancien, depuis les chapelles ou friendly societies de la fin du XVIIIe siècle et début du XIXe siècle. [...]
[...] Comment s'est constituée une telle puissance ouvrière ? Qu'est-ce qui fait le particularisme, et peut être le dynamisme et la force, de ce socialisme à l'anglaise ? Nous verrons ainsi qu'à l'origine du travaillisme britannique se trouvent des revendications ouvrières portées par un syndicalisme à la fois puissant et original, revendications elles - mêmes institutionnalisées par des tentatives de représentation parlementaire et par la formation d'un nouveau parti : le Parti travailliste. Enfin, il s'agira de voir comment l'originalité de la formation du Parti travailliste a certes été source de faiblesses mais a aussi contribué à sa force. [...]
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