« Les femmes ont toujours travaillé », comme l'affirme Sylvie Schweitzer, et c'est une réalité indéniable. Cependant, chacun sait que leur place dans le monde du travail n'a pas été reconnu avant longtemps : ainsi, à l'aube du 20ème siècle, elles sont encore invisibles, cantonnées au rôle domestique, au travail à domicile ou au travail en usine avec une main-d'œuvre uniquement féminine. La Grande guerre constitue alors un changement important : la mise au travail reconnue de la population féminine, mais ce, par nécessité d'agir dans le cadre de la mobilisation générale. Généralement, nous avons l'idée que la 1ère guerre mondiale a mis au travail les françaises. Mais est-ce une réalité ? Les chiffres semblent en effet montrer qu'entre les deux guerres, leur place n'a pas changé. Par exemple, en 1911, le taux d'activité des femmes en âge de travailler est de 46,3% et en 1936 il est passé à 38,4%. On peut donc se demander quel a été le rôle réel des guerres mondiales et de la mobilisation économique qui les ont accompagné sur l'évolution du travail des femmes dans la société française.
Tout d'abord, arrêtons nous un instant sur la définition du mot travail : nous entendrons par travail toute activité qui a une dimension productive et joue donc un rôle économique, c'est-à-dire le travail rémunéré, dans les usines par exemple, mais aussi le travail personnel au champ (puisqu'il sert à produire des denrées qui seront ensuite vendues ou consommées, qui apporteront donc de l'argent ou empêcheront d'en utiliser). On exclut ainsi tout ce qui est travail ménager, le travail domestique d'une femme chez elle, qui n'est pas directement productif et qui est, lui, reconnu depuis longtemps aux femmes.
Quant à la période qui nous intéressera, elle commence donc avec le bouleversement de 1914, l'entrée en guerre et la mobilisation économique et se termine en 1940, au moment de l'instauration du régime de Vichy. Nous étudierons donc l'évolution du travail des femmes d'une guerre à l'autre, l'influence des mobilisations de la main-d'œuvre féminine dans le cadre de l'effort de guerre sur la place du travail féminin dans la société. Il s'agit de savoir quelles ont été les évolutions pendant l'entre-deux-guerres, nous évoquerons ainsi au passage les effets de la crise économique des années 30, des grèves de 1936.
Dans un premier temps, nous verrons donc que la Première guerre mondiale a bien constitué une mobilisation générale des femmes dans tous les secteurs d'activité. Cependant, l'immédiat après-guerre laisse apparaître un bilan contrasté marqué par un déni toujours important du travail féminin. Ainsi, comme nous le verrons dans une troisième partie, la place des femmes dans le monde du travail reste à conquérir, les femmes vont donc tenter de se faire accepter malgré une société encore très réticente.
[...] Les travailleuses ne connaissent pas la loi ou on peur de revendiquer leurs droits. (Pour les munitionnettes, spécialisées dans la fabrication des obus, grenades et cartouches, le salaire peut aller jusqu'à 6,50 francs en 1916 et jusqu'à 14 francs en 1918). Dans un souci d'efficacité la division du travail a été imposée dans l'industrie de l'armement, des pauses sont aménagées pour garantir une productivité régulière. L'instauration d'un travail à la chaîne, avec un apprentissage sur le tas ne réclame aucune qualification particulière. [...]
[...] L'exclusion des femmes de la citoyenneté a des effets sur leur statut au travail : elles ne comptent pas comme électrices et ne disposent donc pas du vote comme moyen de pression. Leur mobilisation et leur intégration dont nous parlions précédemment restent donc encore limitées. Preuve que la société n'est pas encore prête à évoluer. Ainsi, la société reste réticente au droit du travail pour les femmes et la crise des années 30 en donne l'exemple le plus flagrant. La pression sur les femmes est en effet renforcée avec la crise qui commence en 1931 pour la France. On les juge responsables des difficultés : l'industriel P. [...]
[...] C'est l'ère des vocations enseignantes, avec en de femmes parmi les enseignants du primaire public. Le métier d'institutrice est l'une des rares professions où les femmes sont payées à égalité avec les hommes. De même, les années 30 voient la réalisation de l'égalité entre les sexes pour le professorat. Ensuite la professionnalisation du travail social marque une évolution importante pour les carrières féminines entre les deux guerres : en 1933, on crée le diplôme d'assistance sociale. L'assistance se spécialise : la femme peut donc être infirmière-visiteuse, surintendante d'usine, visiteuse-contrôleuse des assurances sociales Ces carrières sanitaires et sociales sont clairement désignées comme féminines car elles exigent toute la finesse, le sens des nuances et la psychologie des femmes. [...]
[...] L'infériorisation des femmes demeure malgré un certain éveil et l'émergence d'une volonté d'agir, d'avoir une place dans le monde du travail. Surtout que leur contribution à l'économie nationale est importante, la seconde guerre mondiale va en donner une nouvelle fois la preuve. Le travail des femmes pendant la 2nde guerre mondiale : une nécessité économique vite contestée par la Révolution nationale Dès septembre 1939, l'entrée en guerre impose à nouveau la mobilisation économique des femmes : leur nombre triple dans les usines d'armement. [...]
[...] Les femmes ne veulent donc plus être la servante de leur époux. Toutefois on peut d'emblée nuancer en différenciant la situation en campagne où elles restent bien les servantes Une place encore réduite à l'exploitation des femmes Mais les nuances à tous ces acquis apparaissent surtout dans la condition du travail féminin à cette époque. Comme nous l'avons dit, si les femmes travaillent, c'est uniquement par besoins. Ainsi, malgré la propagande d'après guerre qui encourageait le retour des femmes au foyer, le travail des femmes est apparu comme une nécessité pour subvenir aux besoins de leurs familles. [...]
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