Cette idéologie, qui comporte un retour à la terre, car « la terre, elle, ne ment pas », à l'artisanat…, bref, aux choses réelles, et qui, de plus, instaure la notion de « péché national » suite à la défaite dans la guerre (et la nécessité de se repentir qui en résulte) est symbolique du régime instauré par Pétain. Que devons-nous penser d'une telle formule ? Instaure-t-elle un régime fasciste ? Les valeurs qu'il prône et incarne sont-elles acceptables et bénéfiques au bien-être de la population ? C'est la question que nous allons nous poser à présent
[...] Ainsi, alors que le fascisme valorise et propulse son pays dans une ère industrielle, l'Etat français de 1940 à 1944 présente plutôt la société idéale comme tournée vers le passé. A cela s'ajoute le fait que Vichy vénère les Eglises (le Maréchal pousse à la confession des fautes qui sont à l'origine de la défaite et propage le mythe d'une régénération dans l'épreuve par la souffrance acceptée), contrairement à un régime fasciste qui va davantage à leur encontre. Enfin, alors que les régimes fascistes s'illustrent en confiant le pouvoir à des hommes nouveaux, Vichy promeut des notables respectables et expérimentés. [...]
[...] De plus, le régime qu'il instaure comporte des analogies avec un régime fasciste qui méritent d'être soulignées : - culte du chef - suppression des libertés : pas de droit de grève, pas de syndicats - exclusion des communistes (les activités des Communistes, qui ne sont pas ralliés au gouvernement du Maréchal, sont réprimées) et bien sur, des Juifs ( : promulgation du statut des Juifs : ne correspond pas à une exigence de l'occupant) - puissance de la police ( et de l'administration : proclamation en quelques jours d'une liste de ressortissants auxquels est retirée la nationalité française pour avoir quitté le territoire ; condamnation à mort par contumace du Général de Gaulle, coupable de désobéissance) - chantiers de jeunesse, organisations para-militaires, - il instaure une nouvelle société : fête des mères, retour à la terre, à l'artisanat Toutes les innovations de Pétain s'inscrivent dans l'Ordre Moral que son régime incarne : il s'agit de remettre l'individu dans ses cadres naturels : travail, patrie et métier. Il y a désormais plus de devoirs que de droits. Le citoyen est tenu d'obéir plus que de revendiquer. Sur le plan moral, le citoyen doit faire son mea culpa, reconnaître ses fautes et s'en repentir. Au niveau de l'éducation, Pétain condamne une pseudo-culture livresque pour donner une place plus large au travail manuel dont la valeur éducative était méconnue Ajoutons à cela l'enseignement des valeurs traditionnelles» à l'école. [...]
[...] Dans une autre optique, il est bon de souligner que le travail, comme valeur sociale, est à l'époque nettement moins valorisant qu'aujourd'hui. Il n'y a pas de reconnaissance sociale ; l'individu n'y trouve qu'un intérêt pécuniaire et il est soumis selon la hiérarchie qui est alors de mise. De la moitié seconde moitié du dix-neuvième siècle à la première moitié du vingtième siècle, le travail est une tâche qui aliène l'homme : c'est la période du travail à la chaîne, qui, ne l'oublions pas, continue d'asservir l'homme. [...]
[...] Travail, Famille, Patrie Peut-on être contre ? Introduction Après la défaite électorale de la gauche le 21 avril dernier, M.Le Pen profitait du sentiment de désordre et de vulnérabilité de l'électorat français pour reprendre l'idée mobilisatrice Ordre retrouvé et remettre au goût du jour la célèbre formule Travail, Famille, Patrie que le Maréchal Pétain avait instituée au cours de la Révolution Nationale le 12 Juillet 1940. Cette idéologie, qui comporte un retour à la terre, car la terre, elle, ne ment pas à l'artisanat , bref, aux choses réelles, et qui, de plus, instaure la notion de péché national suite à la défaite dans la guerre (et la nécessité de se repentir qui en résulte) est symbolique du régime instauré par Pétain. [...]
[...] Pourtant, bien que ces valeurs soient tout à fait acceptables, prises chacune indépendamment, la devise Travail, Famille, Patrie ne vaut pas celle héritée de la Révolution Française liberté, égalité, fraternité ; car prise dans son ensemble, la formule illustrant la révolution vichyste aliène les hommes et leur soustrait une grande part de leur liberté (corporatisme, suppression du droit de grève ; on ne peut pas dire que la liberté dans le travail soit acquise à cette époque), de leur égalité (hiérarchie dans le travail, entre les sexes ; la vision de la famille est réellement conservatrice) ; quant à la patrie, qui remplace le terme de fraternité, on a vu que sous certains aspects, il pousse à la belligérance, ce qui est, à mon sens, contraire à la fraternité. [...]
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