La première moitié du XIXe siècle a été celle du mouvement des nationalités, dont 1848 fut le symbole. En Italie, en Allemagne, en Autriche, les peuples se sont soulevés pour réaliser l'unité nationale, prenant conscience de leur identité commune. Leur échec face à la réaction politique ne les a pas empêchés, quelques années plus tard, de parvenir à leurs fins : unification de l'Italie en 1861, de l'Allemagne en 1871 et, dans une moindre mesure, création de la Double Monarchie austro-hongroise en 1867, qui marque le début d'une libéralisation du vieil empire des Habsbourg.
A cette phase d'émancipation, directement inspirée de la Révolution Française, succède au cours de la seconde moitié du XIXe siècle une phase d'affirmation plus forte encore des nationalités, qui se muent alors en nationalismes. Ces nationalismes s'expriment soit au sein d'Etats-Nation déjà constitués, qui entrent en concurrence avec d'autres puissances et revendiquent leur souveraineté, soit au sein d'Etat multi-nationaux, où des minorités font valoir leurs droits.
Mais les nationalismes européens ne demeurent pas statiques au cours de cette période et connaissent de véritables mutations. Nous allons voir quelle a été leur évolution et en quoi ils se sont transformés, entre 1870 et 1914. Nous analyserons d'abord les changements d'ordre formel, avant de nous intéresser à l'aspect plus structurel que revêt ce qu'il faut bien appeler la « dynamique nationaliste ». La première partie montrera que les nationalismes européens ont tendance à s'officialiser et à devenir de plus en plus violents. Puis nous évoquerons la transformation des motivations et des revendications nationalistes.
[...] Dans les Balkans par exemple, zone éclatée au sein de l'Empire Ottoman, la répression des mouvements d'identité nationale est très forte, avec notamment en 1876, l'épisode des massacres Bulgares qui va choquer toute l'Europe. Mais c'est surtout la Bosnie-Herzégovine occupée par l'Autriche-Hongrie qui l'annexe en 1908 où cet effet se fera ressentir. La Serbie refuse cette occupation et souhaite que la Bosnie soit rattachée à la Serbie ou un autre pays slave. Finalement, l'ignorance des contestations liées à cette occupation mènera droit à un renforcement du nationalisme serbe ce qui conduira à l'attentat de Sarajevo le 28 juin 1914. B. / La radicalisation du nationalisme Radicalisation politique & montée des violences. [...]
[...] Des masses de plus en plus compactes se désintéressent de la croyance religieuse. il faut donc voir dans la montée du nationalisme, l'idée selon laquelle la nation viendrait remplacer le rôle précédemment joué par l'Eglise Rôle de l'éducation Volonté d'enseigner les mêmes valeurs, celles de la patrie ce qui impose de surmonter l'obstacle de l'analphabétisme Vaste développement de l'enseignement primaire. France va suivre le modèle Prusse qui crée un ministère de l'instruction publique et l'enseignement primaire obligatoire = victoire du maître d'école. [...]
[...] Une véritable translation politique va ainsi s'opérer, le nationalisme passant d'un bord à un autre. En France, Paul Déroulède, ami du républicain Gambetta (homme de gauche), fonde la Ligue des patriotes en 1882 : Victor Hugo lui-même en sera. Sa radicalisation est rapide : la Ligue soutient le général Boulanger et combat les dreyfusards. Le nationalisme de droite se développe très rapidement, avec des hommes comme Barrès, Maurras, Drumont et gagne même des républicains, dreyfusards, comme Charles Péguy, proche du camp socialiste, mais qui écrit : Il faut une patrie à une révolution Une de ses icônes n'est autre que Jeanne d'Arc, qui incarne la résistance nationale et le sacrifice à la Patrie. [...]
[...] Appuyé dans beaucoup de cas par des théories raciales adaptées du Darwinisme social avec personnages comme Gobineau ou Eugène Duhring. En France, la forte poussée antisémite est appuyée par la presse (Journal la croix qui se revendique comme le plus anti-juif de France) ou encore la Libre Parole, fondé en 1892 par Edouard Drumont et va y dénoncer très rapidement le supposé rôle des juifs dans le scandale de Panama. Ouvrage majeur : Edouard Drumont La France juive en 1886 qui est la source des mythes de la république juive ou encore de le juif fonctionnaire a tout envahi Tiens les juifs pour responsables de la défaite de Sedan Rôle fondamental dans le nationalisme d'exclusion. [...]
[...] Conclusion De 1870 à 1914, on assiste donc à une recrudescence du nationalisme en Europe. Cette forte poussée du nationalisme est rendue possible par le poids accru de l'Etat et de son administration qui en parallèle du développement de l'interventionnisme va en profiter pour contrôler la formation des esprits républicains au travers notamment de l'éducation, de l'armée et prend ainsi progressivement la place précédemment occupée par l'Eglise. Mais c'est aussi un nationalisme de plus en plus politisé et violent que l'on découvre après les années 1870, consacré par la montée des ligues et groupes qui font du discours antisémite un de leurs traits les plus caractéristiques. [...]
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