Dès 1848, on semble noter dans la circulation des idées en Europe et dans les pratiques intellectuelles et culturelles de la population les prémices d'une rupture. Ces transformations sont rendues possibles dès les années 1850-1860 par de véritables transformations de fond telles que les découvertes scientifiques et le progrès technique, l'assouplissement des législations (particulièrement la liberté de la presse) ou encore la démocratisation de la scolarisation et la baisse de l'analphabétisme.
Ainsi, l'espace européen semble être marqué par des mutations culturelles et intellectuelles qui jusqu'au tournant du siècle concernent un public de plus en plus étendu. Ces mutations modifient profondément les pratiques culturelles et intellectuelles des Européens, mais aussi leurs représentations et leurs codes. Si ces mutations sont rendues possibles par une indéniable industrialisation et une modernisation technique, il faut aussi noter l'importance de l'effervescence intellectuelle en Europe dans cette période.
Quelle est la nature de la réception de ces croyances nouvelles et anciennes alors qu'elles bénéficient d'un public européen de plus en plus large ? Cependant, il faut s'interroger sur l'uniformité de ces mutations dans la mesure où la population européenne reste très hétérogène selon les pays et où la culture rurale traditionnelle reste prédominante.
[...] Cette volonté d'une séparation de l'Etat et de l'Église n'était pas uniquement le désir des États mais aussi de la société moderne du XIXe siècle. La Marseillaise anticléricale de Léo Taxil de 1881 illustre bien les attentes des Français républicains ou ceux dont la confiance en l'Église a été ébranlée. Ces mutations ont des conséquences directes sur la vie quotidienne des Européens, traversée par des dynamiques nouvelles. A partir de 1860, l'Europe de l'Ouest sort d'une phase de stagnation. La paupérisation recule, et des classes moyennes émergent (middle-classes en Angleterre, mittelstand en Allemagne). [...]
[...] En outre, les fêtes foraines, expositions culturelles et cirques se développent et sont des évènements bien plus ponctuels. Le sport fait aussi sa grande apparition dans la vie quotidienne des Européens. Alors qu'il représentait avant une pratique élitiste réservée à ceux qui disposaient de temps, durant la seconde moitié du XIXe siècle, le sport se démocratise au point que certains sports sont professionnalisés et les évènements sportifs deviennent des spectacles. Le sport répondait à l'époque au besoin de se dépenser et de s'adonner à des loisirs non intellectuels chez la population européenne. [...]
[...] L'accès de la population à la culture passe par un accès inédit à l'image. La culture de masse est en effet une culture du visible ; les historiens parlent de poussée du visible d'une irrésistible poussée vers l'image La seconde moitié du XIXe siècle est donc marquée par un envahissement de l'image, non seulement dans les livres et les journaux mais aussi sur les murs de la ville et des appartements, à travers les spectacles, mais aussi dans les pratiques politiques. [...]
[...] Il prend une importance fondamentale dans le monde du spectacle avec les courses. Ce loisir, débord bourgeois du fait de son prix évolue avec par exemple le tour de France en 1903, crée par Henri Desgranges, un spectacle sportif qui attire les médias et les spectateurs qui viennent assister aux étapes (100000 lors de la dernière étape). Le football aussi est un exemple de sport qui connait un succès commercial énorme, alors qu'au début ce n'était qu'une occupation de gentlemen britanniques. [...]
[...] Ainsi, malgré la persistance d'inégalités, on assiste à un début d'uniformisation culturelle qui passe par le développement des industries culturelles et l'éducation du peuple. Quelles modifications la culture de masse entraîne-t-elle sur la société européenne à partir de son avènement ? La conséquence la plus parlante de ces mutations sur la société est celle du rapport des Européens à la religion, notamment dans le contexte de l'essor d'une science renouvelée. On note un triomphe de la science dont les principales valeurs de progrès constituent les piliers d'une nouvelle modernité, mais aussi le renouvellement d'une croyance religieuse loin d'être éliminée. [...]
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