Jusqu'en 1850, les villes grossissent, se développent et s'organisent de façon sédimentaire, naturellement. Pourtant, à partir de cette date, un besoin d'ordre et d'aménagement est ressenti. En effet, la première révolution industrielle est alors à son apogée en Europe occidentale, elle bouleverse la société, l'industrie et la production, la ville n'a donc plus le même rôle, la même place, ni la même population qu'auparavant et cette dernière réclame une restructuration de la ville. Entre 1850 et 1870, des villes vont donc se métamorphoser. Cependant, si le phénomène est clair en Europe occidentale, l'Europe orientale en subit les échos et autour de 1850 on n'y observe que des prémices d'aménagements urbains. En effet, il faut attendre le début du XXe siècle pour que des politiques d'urbanisation efficaces apparaissent.
[...] Les innovations techniques ont permis une modernisation de la ville mais elles servent aussi à un meilleur contrôle de sa population et en définitive, la ville repousse ceux qui l'ont construite, les ouvriers, dans les premières banlieues qui apparaissent au début du XXe. Si ce phénomène est très nettement observable autour de 1850 à Paris, Londres, Berlin et Vienne, il se produit de la même façon dans la majorité des villes européennes mais plus tardivement et de manière moins flagrante. En effet, les transformations urbaines épousent le rythme de l'industrialisation. [...]
[...] Hiérarchie des villes : la province soumise à l'agglomération dominante A partir de 1850, les agglomérations sont devenues les centres moteurs de l'économie et elles soumettent les régions et les villes moyennes environnantes à leurs propres intérêts ce qui provoque la stimulation ou l'étouffement de ces dernières : ce déséquilibre est à l'origine du désert français Les villes incapables de se reconvertir dépérissent La hiérarchie des villes s'accompagne de leur sélection, conditionnée, d'une part, par la qualité des transports reliant les villes entre elles et d'autre part, par les innovations techniques : par exemple, Manchester, modeste ville de province sut profiter de sa spécialisation dans la production du coton pour imposer son rayonnement national. La transformation des villes est due aux bouleversements du XIXe siècle qui modifient le rôle, la place et le poids des villes dans l'organisation de la production et de la société. II. [...]
[...] L'éventail social urbain s'élargit et la ségrégation s'accentue L'exode rural vers les plus grandes villes d'ouvriers et d'employés attirés par les opportunités de salaires et les perspectives d'une vie plus libre, est massif à Saint Pétersbourg) et se passe de la transition par les villes moyennes ; les plus pauvres subissent le surpeuplement et la paupérisation tandis que les plus riches ont des nouvelles exigences de confort. A partir de 1850, des politiques d'urbanisation voient le jour : on substitue à une croissance sédimentaire une approche conceptualisée de la ville pour pallier aux problèmes issus des mutations qu'engendre la révolution industrielle. [...]
[...] L'ensemble de l'espace urbain est remis en cause selon des logiques distinctes en fonction de la place qui est assignée à chaque ville dans la dynamique économique. Les villes doivent s'installer dans une nouvelle hiérarchie qui conditionne leur rayonnement européen, national ou local. En fonction de cette position, elles subissent les mutations industrielles, structurelles et sociales plus ou moins importantes. En réponse, leur visage change : la ville de la fin du XIXe adopte un plan universel et intemporel qui profite des innovations modernes et modélise un ordre social nouveau. [...]
[...] L'exemple du réaménagement de Paris par le préfet Haussmann dès 1853 Globalement, Haussmann permet une amélioration sensible des conditions de vie, mais il participe à concrétiser l'hermétisme social dans l'organisation urbaine: un centre luxueux réservé à la gestion sur le modèle de la City londonienne s'oppose à une périphérie plus populaire ; enfin, en quadrillant Paris de larges avenues qui remplacent les ruelles, il anticipe une victoire de l'artillerie face aux barricades communales de 1871. Conclusion A partir de 1850, la ville est devenue sans conteste le cœur et le moteur de l'économie de marché. Aussi les villes doivent-elles se reconvertir pour trouver leur place et s'imposer dans le nouveau système industriel; soumises à la loi du plus fort, elles sont hiérarchisées et sélectionnées : désormais, la province rurale et routinière est digérée et soumise aux pôles urbains dominants. [...]
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