Le traitement des commémorations de la chute de mur de Berlin à la télévision française (1994 et 1999)

Thèmes abordés

Commémorations, chute de mur de Berlin, télévision française, 1994, 1999, événement idéalisé, Ich bin ein Berliner, Deux JT, traitement médiatique, reconstruction, relation franco-allemande, européenne

Résumé du document

Le 4 novembre 1989, la chute du mur de Berlin, vécue en direct par des millions de spectateurs, représente un événement majeur de l'histoire contemporaine et de la fin du vingtième siècle. Construit dans la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République démocratique allemande, qui cherche à mettre fin à l'exode croissant de ses habitants vers la République fédérale d'Allemagne, ce mur de la « honte » devient le symbole d'un monde bipolarisé et de la guerre froide que se mènent les deux géants soviétiques et américains. C'est un malentendu qui provoque la chute du mur : le soir du 9 novembre, un membre du parti socialiste allemand annonce par mégarde l'ouverture des frontières, provoquant la ruée de milliers de Berlinois vers le mur puis son ouverture.

Extraits

[...] Que cela soit dans le premier ou le deuxième reportage, les restes du mur sont présentés aux téléspectateurs comme les vestiges d'un monde qui a disparu : cherchez plus le mur de Berlin : il est là, par terre, sous forme de mur il ne reste que ces quelques vestiges Il a été préservé et décoré. Mais pratiquement partout ailleurs, à Berlin, le mur a été détruit ». La mise en récit des commémorations est importante, car elle confère un sens à l'événement. C'est ce que nous tacherons de montrer ci- après. B. bin ein Berliner ». Le 9 novembre 1989, Berlin est devenue la capitale d'un monde en voie de réunification. Les caméras de toute la planète ont immortalisé ce moment capital de l'histoire du vingtième siècle. C'est un événement à la fois historique et médiatique. [...]

[...] Dès lors, l'on pourrait se questionner : les médias retranscrivent-ils l'histoire ou écrivent-ils l'histoire en choisissant ce qui doit être médiatisé ? Bibliographie Gilles Freissinier, La chute du mur à la télévision française. De l'événement à l'histoire 1961-2002, Paris, l'Harmattan François Dosse, Renaissance de l'événement. Un défi pour l'historien : entre sphinx et phénix, Paris, Presses Universitaires de France David Carr a-t-il une expérience directe de l'histoire ? La chute du mur de Berlin et le 11 septembre A contrario 1/2010 p. [...]

[...] Des images-symboles Le traitement par les journaux télévisés des commémorations de la chute du mur de Berlin n'est pas seulement une occasion de se souvenir de l'événement : il lui confère du sens. L'événement est l'un des objets phares du journal télévisé. Ainsi, l'édition d'antenne 2 du 09/11/1994 propose aux téléspectateurs de revoir un certain nombre d'images-symbole qui a marqué la chute du mur (le coup de pioche qui est « entré dans l'histoire », la foule qui escalade le mur, les scènes de retrouvailles, la destruction du mur, le musicien russe Rostropovitch jouant Bach). [...]

[...] Les deux JT qui constituent notre corpus donne une vision idéalisée et glorifiée des événements : la chute du mur de la honte a permis la réunification d'une Allemagne, et plus généralement, d'un monde divisé. Ils participent à la construction mémorielle en conférant un sens à l'événement, via la place dominante d'images-souvenirs. D'autres JT ont plus insisté sur les difficultés sociales et structurelles liées à la réunification. Néanmoins, ils représentent bien le prisme national du traitement médiatique des commémorations de la chute du mur de Berlin. [...]

[...] C'était dans la soirée du 9 novembre Le téléspectateur est ensuite confronté à un certain nombre d'images qui ont marqué la chute du mur de Berlin. Enfin, le reportage s'achève sur l'image d'une ville en reconstruction. Le journal de Midi 2 du 9 novembre 1999, quant à lui, élude beaucoup plus l'événement en lui-même en se concentrant sur des acteurs/témoins. Lors de l'ouverture en plateau, les journalistes invitent les téléspectateurs à se remémorer une image-symbole particulière : celle de Rostropovicth jouant devant le mur le lendemain de sa chute. [...]