Le traité du Bardo signé entre le gouvernement de la République française et le bey de Tunis le 12 mai 1881 est composé de 10 articles qui définissent le protectorat français sur la Tunisie. Ce traité représente une étape supplémentaire dans le mouvement d'expansion coloniale amorcé par la France depuis 1830 avec l'annexion de l'Algérie.
Dans le même temps, Tunis devient la « protégée » de la France : ses consuls imposent des réformes pour résoudre les difficultés économiques. La tutelle occidentale exercée sur la Tunisie se renforce en 1869 lorsque l'Etat tunisien, ruiné, doit accepter l'instauration d'une commission financière de contrôle au sein de laquelle l'Italie et la Grande Bretagne siègent, sous la présidence de la France. Déjà présente en Libye, l'Italie convoite la Tunisie et sape l'influence de la France auprès du bey. Mais lors du congrès de Berlin de 1878, l'Empire Allemand et l'Angleterre font savoir qu'ils n'ont pas d'objection à ce que la France établisse sa domination sur la Tunisie. Affaiblie par la défaite contre la Prusse en 1870 et la chute de l'Empire, la France ne renforce sa politique coloniale qu'à partir de 1880 notamment avec la politique du président du conseil, Jules Ferry (1880-1881 et 1883-1885). Pour prendre de court les Italiens, il lance sur Tunis une expédition militaire que dirige le général Bréhart qui joue ici le rôle de plénipotentiaire, c'est-à-dire qu'il est habilité à négocier et à signer ce traité de protectorat avec le bey Mohammed Es Saddok.
Ce traité commence par rappeler les incidents qui se sont déroulés à la frontière algéro-tunisienne et ont suscité l'intervention militaire française pour rétablir la paix (l1à7). S'en suit 10 articles qui précisent les modalités de fonctionnement du protectorat français sur la Tunisie, dans les domaines militaires, administratifs et de politique étrangère. Il est intéressant de se demander si ce protectorat est effectivement conclu « dans l'intérêt des deux Hautes Parties contractantes » (l6). Le traité du Bardo permet d'une part à la France de réaffirmer sa place sur la scène internationale. Le partage de pouvoir entre le bey et le gouvernement français est précisé. Mais cette théorie reste éloignée de la réalité.
[...] La régence de Tunis est d'abord gouvernée par un dey. A partir du XVIIIe siècle, le titre de bey est octroyé par le sultan de Constantinople. Le bey possède une milice, paie un impôt au sultan qui en retour lui adresse des bontés (cadeaux de remerciement). Depuis 1705 la Régence de Tunis est aux mains de la dynastie husseinite Assimilation ou protectorat ? _ L'assimilation vise une centralisation, une domination complète de la colonie par la France qui impose ses lois. [...]
[...] Le traité du Bardo entre la France et la Tunisie (1881) Le traité du Bardo signé entre le gouvernement de la République française et le bey de Tunis le 12 mai 1881 est composé de 10 articles qui définissent le protectorat français sur la Tunisie. Ce traité représente une étape supplémentaire dans le mouvement d'expansion coloniale amorcé par la France depuis 1830 avec l'annexion de l'Algérie. Dans le même temps, Tunis devient la protégée de la France : ses consuls imposent des réformes pour résoudre les difficultés économiques. [...]
[...] _ Cette dualité se retrouve à tous les niveaux administratifs. L'administration locale est conservée alors que les agents diplomatiques et consulaire de la France en pays étrangers (l26) ainsi que des fonctionnaires organisent une administration parallèle. Cette administration est composée des chefs des grands services techniques (finances, travaux publics à partir de 1882) et des conseillers français des ministres tunisiens. Au niveau régional et local, le pouvoir se partage entre des contrôleurs civils et des officiers des affaires indigènes mais une pratique bien éloignée de la théorie Le bey : une autorité fictive _En théorie, la France n'a la haute main que sur les relations internationales, la défense et les finances du protectorat : _ le bey s'engage à ne conclure aucun acte ayant un caractère international sans en avoir donné connaissance au gouvernement français _ l'autorité militaire [peut] occuper les points qu'elle jugera nécessaires _ le gouvernement français fixe les bases d'une organisation financière de la Régence Privé de ces trois domaines, l'autorité du bey est considérablement amoindrie mais il conserve, en théorie, la faculté de définir une politique administrative. [...]
[...] La Chambre (et Clemenceau notamment) accuse Ferry d'avoir mené une véritable guerre contre la Tunisie et l'opposition accuse le gouvernement d'être tombé dans le piège de Bismarck : dégarnir la frontière lorraine et désorganiser la défense par l'envoi de troupes en Tunisie. De plus, ce protectorat a provoqué la quasi rupture avec l'Italie, la méfiance de l'Angleterre et de l4espagne face à une France aux ambitions impérialistes. Toutes ces accusations valent à Ferry son poste de président du Conseil en 1881. Ce traité du Bardo, confirmé et précisé par le traité de Marsa en 1883, permet donc à la France d'asseoir sa domination sur la Tunisie aux dépens de l'Italie et lui permet de se repositionner sur la scène internationale. [...]
[...] Roustan est le premier ministre résident : sa tâche n'est pas très bien définie, il joue le rôle d'intermédiaire des rapports du Gouvernement français avec les autorités tunisiennes à la différence du gouverneur général en Algérie qui à un pouvoir décisionnel beaucoup plus grand. A partit de 1883, le ministre résident Cambon précise par décret sa tâche : conseiller l'administration tunisienne sans porter atteinte à la souveraineté du bey. Le protectorat mise donc sur la coexistence de deux autorités, censées se compléter. [...]
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