La question qui, par conséquent, se pose est la suivante: comment le tourisme balnéaire passe-t-il
à partir du Second Empire d'un tourisme élitiste à un tourisme de masse? Comment cette évolution
résonne-t-elle en écho des principales mutations sociales, économiques et culturelles de l'époque?
Du Second Empire jusqu'à la fin du XIXème siècle, le tourisme plutôt littoral que balnéaire
demeure une pratique élitiste qui tend à se transformer en véritable industrie sous l'impulsion de
spéculateurs avides. L'entrée dans le XXème siècle correspond à la diffusion du tourisme balnéaire tant
dans la société que dans l'espace. Mais il faut attendre les années 1950' pour que le tourisme balnéaire
soit accessible à la grande majorité de la population et se transforme progressivement en industrie de
masse.
[...] Le tourisme balnéaire semble donc avoir connu une formidable mutation. Mais tout d'abord comment définir la notion de tourisme? Alphonse Daudet nous donne une définition complète du tourisme tel qu'il est perçu à la fin du XIXème siècle. Il le définit en effet en 1885 dans son Tartarin des Alpes Le tourisme est un ensemble de relations et de faits constitués par le déplacement et le séjour de personnes hors de leur lieu de domicile, en tant que ce séjour et ce déplacement ne sont pas motivés par une action lucrative Nous pouvons placer cette définition en parallèle de celle du Petit Robert (2004) qui reprenant l'idée de déplacement vers un lieu autre que le sien pour le plaisir y ajoute aussi l'idée d'industrie du tourisme. [...]
[...] Jusqu'à présent, l'ouvrier travaillait dehors et par conséquent avoir le teint coloré était mal vu. Désormais les ouvriers qui sont regroupés dans les usines ont le teint pâle. Il s'agit donc de restaurer un clivage physique mais d'une manière inversée entre les couches aisées de la population et le peuple ouvrier. Le tourisme balnéaire s'inscrit donc dans une volonté d'introduire une rupture avec le mode de vie urbain dont les ouvriers sont les représentants, et plus largement avec la morale du XIXème siècle. [...]
[...] Deux mondes distincts et cloisonnés se forment. Progressivement, le monde du tourisme balnéaire est conduit à supplanter celui des pêcheurs. Jules Michelet rend compte de cette séparation dans la Mer en Ce petit quai de galets, très petit, est encore trop grand. J'y voyais nombre de barques abandonnées inutiles. La pêche est devenue stérile. Le poisson a fui. Etretat languit, périt, près de Dieppe languissante. De plus en plus, il est réduit à la ressource des bains; il attend sa vie des baigneurs [ . [...]
[...] Cette traduction s'inscrit justement dans une période de diffusion du tourisme balnéaire parmi la population. Tout d'abord la période correspond à un formidable essor économique que J. Fourastié a dénommé les Trente Glorieuses. Nous assistons alors à une élévation des niveaux de vie. Désormais, l'automobile devient accessible aux classes moyennes qui forment au cours de cette seconde moitié du XXème siècle une part croissante de la population. Mais cette élévation du niveau de vie est aussi concomitante du développement de la civilisation des loisirs. [...]
[...] La villégiature balnéaire prend alors véritablement son essor. A partir de 1914, la bourgeoisie supplante l'aristocratie qui, à cette époque, commence à décliner. Cet effacement progressif des rentiers s'ancre dans un contexte de disparition des empires et d'affaiblissement des grandes fortunes foncières, notamment avec l'affaire des emprunts russes. L'aristocratie tente encore d'exposer sa spécificité. Une distinction s'opère alors entre les stations mondaines fréquentées par l'aristocratie et les localités sans prétention accueillant une clientèle familiale. L'aristocratie parfois de descendre sur la plage où se trouve la bourgeoisie et demeure dans la piscine de l'hôtel. [...]
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