Nous tenterons d'analyser 4 films situés dans 2 périodes historiques distinctes : la période de "contestation" des années 60-70 en Europe et aux États-Unis d'une part, et la période thatchérienne de remise en cause du rôle de l'État du début des années 80 d'autre part. Nous tenterons d'en mettre en lumière à la fois les référents diachroniques et synchroniques, en mettant ces derniers en perspectives avec le contexte socio-historique de leur production. Cette démarche nous permettra ainsi de tracer des liens entre ce contexte de production et sa projection utopique
[...] Cet ordinateur gouverne ainsi aux dépens de cette population, puisqu'il destine les habitants à servir de nourriture à leurs congénères dès la trentaine arrivée. Cette thématique peut être reliée de manière directe avec l'idée marcusienne que "ceux qui gouvernent la société à une époque de capitalisme avancé manipulent ses habitants en les gavant de biens de consommation en abondance, adoptant des modes de vie orientés vers le divertissement. La télévision et la libération sexuelle pour les masses, alors que ceux qui gouvernent le font en secret, à nos dépens [iii]". [...]
[...] Il s'agit donc d'une histoire se déroulant dans un univers parodique, où tant la technologie, via les gadgets, que la bureaucratie sont exagérés. La seule différence avec notre monde est que dans Brazil, l'inutile n'est pas fonctionnel mais, par contre, est plus imaginatif et absurde que dans notre monde. Prenons pour exemple la scène où Sam Lowry se réveille. Entre le téléphone qui est impossible à manier, la cafetière qui arrose les toasts, l'armoire à habits automatique nous voyons s'étaler devant nous un monde où l'utile (le téléphone) a été rendu inopérant et l'inutile est destructeur (de toasts, en l'occurrence). [...]
[...] Ce gavage des masses à travers le flot incessant d'information télévisée et d'abondance consumériste entraîne ainsi une déresponsabilisation totale des individus vis-à-vis de ce qui est réel ou ne l'est pas : Linda ne prête aucune attention à ce qui se dit aux informations télévisées, se focalisant en premier lieu sur la coupe de cheveux de la personne qui les présente. La déresponsabilisation contraste avec l'absence totale, dans le film, de représentant d'un quelconque pouvoir, mis à part le pouvoir répressif au travers des pompiers incendiaires. Cette perspective va dans le sens d'un pouvoir caché, latent et totalitaire, tout comme dans l'Âge de Cristal. La domination recouvre en effet la totalité des aspects de la vie sociale, au travers de l'intériorisation de normes impératives : consommer, ne pas se démarquer, faire démonstration d'une totale soumission à l'autorité. [...]
[...] D'un autre côté, la critique dans Brazil ne vise pas seulement les gadgets qui, au fond, ne sont qu'une manifestation de l'incompétence de la machine, mais vise surtout la machine elle-même dans ce qu'elle a d'inhumain. La scène la plus explicite est sans doute celle où la voisine de Buttle se rend dans un gigantesque bureau de l'administration pour signaler l'erreur responsable de l'enlèvement de Buttle à la place de celle de Tuttle, le terroriste. Elle doit faire la queue pendant des heures pour arriver au premier bureau surélevé dans la salle sur une estrade. [...]
[...] Dans Fahrenheit 451, une des images les plus significatives est celle du jeune homme aux cheveux longs se faisant raser la tête de force par un policier. Il n'était alors pas difficile de faire le rapprochement avec la génération yéyé et le futur slogan "CRS = SS" qui surgira peu après lors des manifestations de Mai Référents diachroniques Il est assez difficile de discerner clairement des éléments extraits de référents historiques antérieurs dans Fahrenheit 451, dans la mesure où il s'agirait plutôt d'un assemblage de divers éléments issus de domaines différents. [...]
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