Le terme « totalitarisme » naît dans les années 1920. Il est forgé par des antifascistes italiens ( Giovanni Amendola, Pietro Basso, Luigi Sturzo ) dans le but de saisir la nouveauté de la dictature de Mussolini. Le terme est ensuite « récupéré » par le régime fasciste jusqu'à devenir un lieu commun de la propagande du régime. En 1932, dans une rubrique de l'Enciclopedia italiana, Mussolini et le théoricien du fascisme Gentile revendiquent ouvertement la nature « totalitaire » du régime fasciste. Le nazisme préfère quant à lui utiliser la notion d'État « racial » (völkische Staat). Au cours des années 1930, ce concept de « totalitarisme » se diffuse largement au sein de la culture politique de l'exil antifasciste aussi bien italien qu'allemand. Il est utilisé alors pour dénoncer les traits communs (autoritaires, antilibéraux, antidémocratiques ) des fascismes européens et du communisme russe.
Peut-on isoler des caractéristiques applicables à tous, qui permettraient d'esquisser les caractéristiques d'un régime totalitaire ?
[...] Par ailleurs, est également critiqué le jugement de valeur à l'œuvre dans cette conception de Frierdrich sur la similitude fondamentale entre nazisme et communisme. Avec la chute de l'Union soviétique en 1991, la réflexion sur le totalitarisme se débarrasse de cette ambiguïté idéologique. Le débat connaît alors une nouvelle vigueur. Ernst Nolte pose ainsi la thèse de la linéarité entre nazisme et communisme. Le nazisme serait ainsi non seulement un régime de même genre que le bolchevisme mais une réaction à ce dernier. Il reste que la théorie du totalitarisme est très contestée. [...]
[...] Cette question suscite depuis l'origine un vif débat. Il s'agit de déterminer si l'on peut penser ensemble les régimes nazi et soviétique et, partant, d'autres régimes politiques supposés du même genre. C'est tout l'enjeu de la comparaison entre régime nazi et communiste ou stalinien –pour se cantonner strictement à la période d'exercice du pouvoir par Staline, à savoir 1924-1953 - qui divise la communauté universitaire depuis l'origine. Afin de rendre compte de cette question, il convient d'abord d'étudier les théories favorables à l'existence d'un totalitarisme entrevu comme paradigme, puis les théories qui refusent la validité méthodologique d'une telle comparaison et soulignent la pertinence limitée du concept. [...]
[...] Ce qui est en jeu dans le choix des régimes relevant de cette catégorie est la question de la validité de tout type de modélisation et conceptualisation en histoire. En définitive, comment appliquer à une réalité empirique une série de critères déduits de son observation? C'est toute la contradiction à l'œuvre lorsqu'il s'agit de totalitarismes. Et, pour rendre compte totalement de l'interrogation, c'est toute la problématique qui est posée lorsque l'on s'interroge sur le fait de savoir si les totalitarismes du siècle sont de même nature. [...]
[...] Proposant une réflexion théorique sur le totalitarisme, Arendt vise à conceptualiser les composantes du régime totalitaire. Elle présente ainsi le nazisme et le stalinisme comme deux formes d'un régime dont la terrifiante originalité obligerait à une révision des catégories politiques traditionnelles. Dans The Origins of Totalitarianism, Arendt expose que, à la différence des Etats autoritaires qui tolèrent la dépolitisation, l'absence d'idéologie officielle forte et une certaine dose d'illégalité, ces régimes ont en commun d'organiser la mobilisation des masses par un appareil de domination reposant sur la terreur et sur l'idéologie. [...]
[...] NOLTE Ernst, Der europaïsche Bürgerkrieg 1917-1945. Nationasozialismus und Bolschewismus, Munich, Herbig PREZIOZO Stéfanie, FAYET Jean-François, HAVER Gianni, Le totalitarisme en question, Paris, L'Harmattan 187p ROUSSO Henri (dir.), Stalinisme et nazisme, Histoire et mémoire comparées, Paris, Complexe, Collection Histoire du temps présent p. [...]
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