Tomas Garrigue Masaryk (1850-1937) entre dans l'Histoire à l'heure où la première guerre mondiale ébranle le continent européen, où la révolution russe constitue l'épicentre d'une vague révolutionnaire de grande ampleur, où la civilisation occidentale subit une crise de ses valeurs, où la crise économique fait naître les premiers fascismes. C'est dans ce contexte qu'évolue cet homme capable de soutenir la confrontation de ses idéaux et de la réalité, de fonder par la force de sa pensée un Etat, afin de répondre à l'appel de l'action responsable dans un contexte de crise européenne.
Tomas Garigue Masaryk, né d'un père allemand serf et d'une mère slovaque pieuse, apprend très jeune le métier de serrurier et de chaudronnier avant de recevoir une bourse d'études de philosophie, écrit une thèse sur Platon, est fasciné par le positivisme de Comte, se révolte contre le dogmatisme de l'Eglise sans renier sa foi. Il se marie avec une huguenote américaine (d'où son image de protestantisme social), se fait élire député au Reichstag de Vienne, où il exige la démocratisation et la fédéralisation de l'Empire, critique l'alliance avec l'Allemagne, il exige même le vote des femmes et la liberté de l'enseignement supérieur. En 1915, il se prononce à New-York comme président de l'assemblée des petites nations pour leur indépendance dans un but d'union démocratique européenne. Il décrit cette théorie trois ans plus tard dans un des ouvrages majeurs de ce début du siècle, l'Europe Nouvelle, puisqu'il y explique sa position avant-gardiste face à la montée des périls en Europe : il faut un nouveau plan d'organisation de l'Europe, basé sur le principe de l'Etat nation parce que « les nations sont les éléments naturels de l'organisation de l'humanité ». La solidité de sa théorie lui permet de fonder la Tchécoslovaquie dont il devient président le 14 novembre 1918. En 1925, il écrit La révolution mondiale, malencontreusement traduit en France sous le titre de "La résurrection d'un Etat" où il décrit sa vision de le guerre 14/18 comme une révolution mondiale résultant d'une crise de la modernité et trouvant sa solution dans une union des Etats nations d'Europe pour la démocratie. S'il est réelu président en 1934 pour la 4ème fois, c'est parce qu'il a su apporter des réponses philosophiques et concrètes au grands dangers de cette première moitié du siècle : il a largement participé de la victoire de sa nation pour la démocratie et contre la domination autrichienne autoritaire, il a théorisé avant l'heure les failles du Capital et posé les bases d'un socialisme scientifique éclairé, il a réaffirmé la primauté des valeurs humanistes pour le progrès de la civilisation européenne, il a stabilisé la situation économique de son pays.
[...] Mais la démocratie véritable repose sur la moralité, pas sur l'enseignement de l'Eglise la base morale de toute politique est l'humanité et l'humanité est notre programme social Comme homme de la réalité il admet cependant qu'on ne peut responsablement prendre de décision politique qu'en tenant compte des conséquences, et non pas seulement des principes moraux. La politique a aussi sa propre logique. Son problème moral avec le marxisme, c'est que le marxisme évince la responsabilité personnelle puisque c'est sa condition matérielle qui pousse l'homme à suivre ses mauvaises passions et que ce sont elles qui font avancer l'histoire. [...]
[...] Masaryk était trop optimiste. Il avait prévu le développement de l'ouest et comptait sur l'Europe comme unité socioculturelle pour que le progrès se fasse d'un seul mouvement. Ce sera malheureusement loin d'être le cas puisque quelques décennies plus tard s'érigeront le rideau de fer entre les deux Europes. Il commet également l'erreur de l'occident dénoncée par Soljenitsyne, puisqu'il a tendance à considérer que le mauvais communisme russe ne persiste que parce que les Russes sont analphabètes, que son terreau est une culture primitive, que le bolchévisme trouve d'abord sa source dans la tradition révolutionnaire bakouninienne. [...]
[...] Cependant, s'il croit en Dieu, il exige aussi que la foi passe par une conception réfléchie du monde, comprenant la science et la philosophie. C'est sa passion jamais assouvie pour l'avenir qui meut sa volonté de réaliser ses idéaux dans la société réelle. Ainsi, il veut être réaliste et refuse toute appartenance à aucune tendance politique, y compris le libéralisme de même qu'il admet se sentir intellectuellement proche de Marx et il admet de même en rejeter le matérialisme économique, comme vu précédemment. [...]
[...] Selon Blum, T.G. Masaryk n'a pas été seulement un président libérateur pour les peuples de Tchécoslovaquie, le miracle de sa vie c'est qu'il ait pu transporter dans la réalité de l'histoire sa création spirituelle et que Masaryk a su trouver la juste place pour son état démocratique dans l'Europe, en promouvant la paix par la solidarité effective des nations en sorte qu'il n'a pas fondé seulement une nation, il a contribué à jeter les fondements de l'ordre européen et universel En somme, c'est bien la force de sa pensée qui meut la volonté de l'homme et lui donne sa place dans l'Histoire. [...]
[...] En 1915, il se prononce à New York comme président de l'assemblée des petites nations pour leur indépendance dans un but d'union démocratique européenne. Il décrit cette théorie trois ans plus tard dans un des ouvrages majeurs de ce début du siècle, l'Europe Nouvelle, puisqu'il y explique sa position avant-gardiste face à la montée des périls en Europe : il faut un nouveau plan d'organisation de l'Europe, basé sur le principe de l'Etat nation parce que les nations sont les éléments naturels de l'organisation de l'humanité La solidité de sa théorie lui permet de fonder la Tchécoslovaquie dont il devient président le 14 novembre 1918. [...]
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