En 1853, la France prend possession de la Nouvelle-Calédonie : les colons affluent, ainsi que les bagnards à partir de 1867. L'arrivée d'Européens pose la question de la possession de la propriété de la terre, occupée par les premiers habitants, les Kanaks. Le gouverneur Guillain, qui prend son poste en juin 1862, refuse de reconnaître la propriété personnelle des indigènes de façon à disposer des terres pour l'installation des colons. Les mesures qu'il met en place étant en contradiction avec les souhaits du ministère des Colonies, il est rappelé en 1869. Gaultier de la Richerie est désigné pour lui succéder : capitaine de vaisseau, il a déjà servi en Guyane et à Tahiti. Il entre officiellement en fonction en août 1870. A cette occasion, le ministère lui fait part de ses recommandations dans une lettre dont nous avons ici un extrait. Celle-ci est rédigée par le ministre de la Marine et des Colonies, Charles Rigault de Genouilly, en poste depuis janvier 1867. Ce dernier donne ici ses instructions sur la manière d'organiser la colonisation en Nouvelle-Calédonie, de façon à optimiser le développement de ce territoire, notamment d'un point de vue économique. En quoi ces recommandations cherchent-elles à mettre en place les conditions les plus favorables au développement de l'économie coloniale tout en voulant éviter de provoquer des révoltes kanaks ? La question principale est celle du statut de la terre et de l'installation des colons, que le ministre évoque à travers tout d'abord la nécessité de prendre en compte les droits de la population locale, puis en rappelant les difficultés que posent l'établissement de la propriété collective, enfin il expose la manière dont il faudrait mettre en place la propriété individuelle.
[...] Ils ne peuvent pas non plus empêcher que les terres des indigènes ne soient pas envahies par le bétail des colons voisins. C'est cette attitude qui, d'après le ministre, a provoqué la colère légitime des kanaks : les attentats dont les colons ont été victimes n'ont été souvent que les représailles terribles d'empiètement injustes sur les personnes ou les propriétés des naturels l. 31-32. Le ministre fait ici allusion aux évènements de 1867 et 1868, qui avaient été le résultat de dépossessions et de la multiplication des corvées. [...]
[...] De plus, l'arrêté a maintenu l'agrégation de la tribu, l'influence excessive des chefs et l'indivision du sol l. 55-56. Le pouvoir trop grand des chefs empêche la mise en place de la propriété individuelle au sein de la société kanak. Ce mode de répartition mis en place par les Européens repose sur une mauvaise interprétation des hiérarchies kanaks, comme la relaye par exemple Jules Garnier. L'administration locale garde l'idée que tout appartient au chef, qui a le droit de s'approprier ce qu'il veut sans justification. [...]
[...] L'administration coloniale sait de plus qu'il est plus facile de contrôler les indigènes par l'intermédiaire du chef de tribu, sur lequel on peut faire pression. Il est ainsi plus facile pour les colons de récupérer des terres. Cependant, cette toute puissance des chefs kanaks a ajourné la constitution de la propriété individuelle l ce qui retarde l'établissement de la civilisation. L'article 2 de l'arrêté du 22 janvier déclare en effet que les terrains donnés aux chefs ne seront susceptibles d'aucune propriété privée Le mode de répartition des terres par l'administration a de plus pour conséquence le cantonnement des indigènes dans des réserves, ce qui les tient éloignés des échanges. [...]
[...] La terre en Nouvelle Calédonie (commentaire d'un texte de Charles Rigault de Genouilly) En 1853, la France prend possession de la Nouvelle-Calédonie : les colons affluent, ainsi que les bagnards à partir de 1867. L'arrivée d'Européens pose la question de la possession de la propriété de la terre, occupée par les premiers habitants, les Kanaks. Le gouverneur Guillain, qui prend son poste en juin 1862, refuse de reconnaître la propriété personnelle des indigènes de façon à disposer des terres pour l'installation des colons. [...]
[...] Ce dernier se désintéresse du sort des Kanaks et favorise au contraire les colons. Les permis provisoires d'occuper sont ainsi remplacés par des permis d'occupation qui correspondent à une promesse de bail ou de vente, et ce au détriment des droits des Kanaks. L'administration refuse désormais de reconnaître la propriété indigène : toutes les terres kanaks peuvent être occupées : les colons constituent de vastes domaines mais sans tenir compte des droits des indigènes, contrairement à ce qu'aurait souhaité le ministère pour limiter les insurrections. [...]
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