Le temps des classes moyennes en France (1875-1914) - publié le 05/11/2015

Thèmes abordés

Temps des classes moyennes, France, 1875-1914, petite bourgeoisie, République, couche intermédiaire, Léon Gambetta

Résumé du document

Le 1er janvier 1874 dans un discours prononcé à Auxerre, Léon Gambetta fait l'éloge des « couches nouvelles qui forment la démocratie, petits propriétaires, petits industriels, petits commerçants ». La France que les républicains veulent construire sera moderne de fait, car la République va donner sa pleine dimension à un mouvement de progrès économique et social portant en avant ces « couches nouvelles », les classes moyennes, appuyée par un radicalisme hostile aux « gros » et défenseur des « petits ». Voici du moins la vision et le propos des dignitaires radicaux de la IIIe République.

Extraits

[...] Les hussards noirs de la République comme les appelle Charles Péguy en 1913, sont en 1914. La majorité est issue du peuple, mais éduquée (trois années de formation): l'entrée à l'École Normale est un signe de promotion sociale, malgré une existence qui reste difficile pour le maître d'école, dont le faible traitement et l'isolement sont faiblement compensés par le prestige de sa fonction. Une visibilité politique grandissante L'accroissement numérique des classes moyennes s'accompagne d'une visibilité elle aussi croissante sur les plans politique et social. [...]

[...] Leurs compétences, admirées et légitimées dans les classes populaires, apportent un nouveau crédit aux valeurs de la bourgeoisie. *Les couches nouvelles progressent rapidement aux Chambres La place considérable qu'occupent ces intellectuels se ressent aussi en politique. Les élections législatives de 1881, qui apportent aux républicains une très forte majorité, consolident l'Union républicaine de Gambetta qui est dominée par les hommes des couches nouvelles Ainsi deux catégories connaissent un net essor à la Chambre des députés: les professions médicales, qui passent de des députés en 1871 à plus de 10% à la fin du siècle, et les enseignants, qui passent de dans les années 1870 à en 1893. [...]

[...] La classe moyenne, une petite bourgeoisie? En plus de divisions politiques, on constate aussi une certaine hétérogénéité des classes moyennes qui brouille encore davantage l'identification et l'appropriation de valeurs communes. *Un mode de vie distinctif de la masse de peuple : une volonté de démarcation Les classes moyennes de par leur mode de vie, se rapprochent de la bourgeoisie. Ce mode de vie s'articule autour de nombreux piliers: une famille modèle, un minimum de patrimoine, une demeure qui sans être luxueuse se veut confortable et surtout où la promiscuité des logements ouvriers est évitée. [...]

[...] Mais ceci n'est pas sans poser de nombreux problèmes aux contemporains, qui pour certains refusent simplement de parler de classes moyennes comme c'est le cas des marxistes ou d'André Siegfried par exemple, tandis que d'autres se contentent d'en faire une force souvent inerte à la manière de Jaurès. La période étudiée ici se caractérise donc par les changements qui s'opèrent au coeur de la société française, avec l'émergence et l'affirmation de catégories sociales nouvelles et/ou nouvellement puissantes, et dont le rôle ira croissant jusqu'à nos jours. D'un point de vue historique, on peut affirmer qu'au tournant du XXe siècle, l'alliance de la bourgeoisie et des classes moyennes apporte enfin un début de solution au problème posé en 1789. [...]

[...] La SFIO et les socialistes réformistes ont une approche différente. Dès qu'il a pu envisager la conquête du pouvoir, le mouvement socialiste s'est posé la question des couches intermédiaires entre la bourgeoisie et le prolétariat. Quant aux radicaux, ils ne font pas mystère de leur envie de voir réalisée l'alliance entre classes moyennes et bourgeoisie, condition selon eux de la pérennisation de la République. *Les tentations de la droite, entre nationalisme et boulangisme Le petit commerce doit faire face, en plus de la concurrence déjà ancienne des grands magasins, à de nouvelles menaces, telles l'entreprise à succursale multiple, les coopératives ouvrières d'achat et le développement du commerce semi-nomade. [...]