La guerre en Irak menée par les Etats-Unis d'Amérique a fait resurgir un autre conflit du passé américain, celui de la guerre du Vietnam, menée dans des années cinquante jusqu'aux années soixante-dix. Les médias et les hommes politiques comparent les deux interventions et estiment que l'Irak constitue pour le président George W. Bush « un nouveau Vietnam ». La tournure que prennent désormais les affrontements au Moyen-Orient et les réactions qu'elles génèrent au niveau de la population fait dire à certains que le « syndrome Vietnam » n'est ni mort ni enterré, bien au contraire.
Depuis une trentaine d'années en effet est employé le concept de "syndrome Vietnam" ; cette notion désigne tout conflit où les Etats-Unis semblent méfiants de s'y aventurer. Le syndrome est défini comme le refus de recourir au pouvoir militaire après la défaite au Vietnam.
Qu'est-ce qui a pu provoquer l'apparition d'un tel syndrome chez une nation qui aime à se montrer fière et déterminée ? Il faut pour cela s'intéresser au déroulement du conflit et parallèlement aux réactions de la société américaine vis-à-vis de celui-ci. La guerre du Vietnam est en effet novatrice pour les Etats-Unis à différents niveaux.
Quelles sont les conséquences notables du syndrome vietnamien après la fin du conflit ? Comment expliquer que le sujet est resté d'actualité durant les décennies qui suivirent la signature des accords de paix, et aujourd'hui encore ? La politique étrangère américaine s'est bel et bien nourri de l'intervention. Mais le spectre du Vietnam s'étend aussi au niveau interne, politique comme social.
[...] L'opinion américaine se lasse ; un mouvement anti- guerre se forme. Le Congrès, qui avait d'abord accordé une confiance aveugle au Président, se rebiffe et fait soudain obstacle à ses projets. Même la presse, dans un premier temps excessivement bienveillante à l'égard de l'occupant de la Maison Blanche, redevient plus vigilante. Le président doit annoncer qu'il va confier la lutte aux forces locales pour pouvoir faire rentre les boys. L'Irak ? Non, c'est bien sûr de la guerre du Vietnam qu'il s'agit. [...]
[...] On trouve plusieurs tentatives d'explication à cela : - les non-vétérans sont un plus grand bloc d'électeurs aujourd'hui que les vétérans et leurs familles dans la population américaine. - seulement 1/8e de ceux qui ont servi (soit de toute la classe d'âge) ont vu des combats sérieux. Les personnes appartenant à la catégorie des vétérans victorieux se font de plus en plus rares. - la notion de patriote a changé. Le patriotisme serait plutôt vu comme un attachement à une famille de dirigeants que comme une dévotion au pays ou à la conscience. [...]
[...] Durant les deux conflits, le dilemme s'est posé quant à la continuation de la guerre ou non. Dans les deux cas, les Américains n'ont pas pris le temps de s'intéresser au passé des régions et n'ont pas prédit une telle résistance locale. La guerre a un prix en terme de vies humaines et de popularité des dirigeants américains mais annoncer le retrait des troupes signifiait la défaite, qui peut être qualifiée d'humiliante pour les Etats-Unis. Dans un autre article paru au Monde le 09/01/07, l'auteur Daniel Vernet compare les enjeux mêmes des deux guerres : L'argumentation qui sous-tend l'engagement "jusqu'à la victoire" est identique. [...]
[...] Le lien qu'il faut établir entre le syndrome Vietnam et la lente intégration des anciens combattants reste que la population américaine a voulu se déchargée de son passé trop horrible. Pour cela, elle ne s'est pas penchée sur le cas des soldats ayant survécu au conflit ou carrément les a accusé d'être les seuls auteurs des atrocités commises en Asie. La société américaine a donc été longtemps mal à l'aise avec les vétérans du Vietnam : ils sont parfois considérés comme responsables de la défaite, mais surtout l'imagerie populaire à travers les films notamment leur donnent une image d'hommes rendus fous et ultraviolents par la guerre, ayant commis les pires atrocités au Vietnam et donc encore complètement névrosés au retour au pays. [...]
[...] A : définition du syndrome Vietnam Le Vietnam a déclenché une large révolution culturelle, un changement dans les valeurs, assorti d'une perte de confiance de la superpuissance en elle même. En fait, il y a une trentaine d'années, s'est installé ce qu'on a appelé le "syndrome du Vietnam", à savoir la révulsion du peuple américain d'appuyer les sanglantes guerres qui laissaient des milliers de victimes pour les intérêts obscurs des multinationales et du Pentagone et donc le refus d'engager un conflit militaire ouvert à l'étranger, de peur de s'enliser dans un nouveau Vietnam. [...]
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