Le milieu de la classe ouvrière des Etats-Unis fut amplement transformé par l'arrivée de plusieurs millions d'immigrants entre 1880 et 1920.
Quel fut le poids cette immigration dans le milieu syndical américain et quelles en furent ses limites ?
Dans un premier temps nous nous intéresserons à la place des immigrés au sein des syndicats et à l'influence qu'ils ont pu avoir sur sa formation. Ensuite, nous verrons quels furent les problèmes posés par le cosmopolitisme et l'évolution des politiques syndicales en matière d'immigration.
[...] Ainsi, en Nouvelle-Angleterre, les industries du textile et de la chaussure, dont la main d'œuvre est sans cesse renouvelée par l'immigration, se tournent vers l'Ordre des Chevaliers du Travail. L'Ordre va donc, dans un premier temps, attirer la main-d'œuvre étrangère. Ainsi, en 1880, dans l'Illinois des adhérents de l'ordre ne sont pas nés aux États-Unis ; dans le New Jersey, c'est 52,7% des adhérents qui sont issus de l'immigration. L'American Labor Federation est née en 1886 aux États-Unis, elle remplace et succède à la Federation of Organized Trades and Labour Unions (FOLTU). [...]
[...] Luttes entre nationalités au sein des syndicats Des clivages politiques séparent anglophones et germanophones en groupes distincts. Sous l'influence du Socialist Labor Party et de l'International Working Peoples's Association (anarchiste), de nombreuses sections germanophones des trade-unions vont se rassembler et former, en 1884, à Chicago le Central Labor Union : refus du réformisme, prône l'ouverture en direction des ouvriers moins qualifiés et immigrés. En réaction, l'autre centrale, la Trades and Labor Assembly prend un caractère anglophone en intégrant en son sein beaucoup d'Américains, d'Anglais et d'Irlandais de métiers qualifiés. [...]
[...] Le poids de l'immigration dans les syndicats va éclater au grand jour avec les évènements du 1 er mai 1886 à Chicago. Les évènements de Haymarket Le 1 er mai 1886 est le début d'un important mouvement de contestation sociale en vue d'obtenir la journée de huit heures. La plupart des organisations syndicales y participent : trade-unions, l'Ordre des Chevaliers du Travail et les syndicats et organisations politiques des socialistes et des anarchistes. Les grèves lancées sont massives et, à Chicago, Milwaukee, New York et Boston, plus de personnes arrêtent le travail. [...]
[...] Le refus de la participation aux élections, caractéristique des anarchistes, est aussi très ancré dans les idées de l'IWW. En effet, essentiellement composé de travailleurs itinérants et d'immigrants qui n'ont donc pas d'inscription électorale, les élections sont tournées en dérisions et considérées, à juste titre, comme un piège tendu aux travailleurs. L'IWW se positionne pour un syndicalisme de la base qui ne fait pas de distinctions quelconques entre les ouvriers : volonté de rassembler toute la classe ouvrière. Ils s'adressent alors essentiellement à tous les exclus du syndicalisme de métier : les ouvriers non qualifiés, les femmes et les immigrés. [...]
[...] Le poids de l'immigration dans le milieu syndical se traduira également par les influences qu'il aura sur son organisation et son fonctionnement. Les influences européennes du syndicalisme américain Dans les années 1870, le mouvement ouvrier américain connaît une phase de déclin à cause de dissensions politiques internes, de la récession économique et de la répression sévère des mouvements sociaux par un gouvernement qui vit dans la crainte d'un soulèvement semblable à celui de la Commune de Paris. Et c'est grâce à l'immigration que le mouvement ouvrier américain va reprendre un nouvel élan dans les années 1880. [...]
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