Grégoire XVI, dont le pontificat s'étend de 1831 à 1846 a affirmé, en parlant des idées libérales qui ne cessaient de progresser en son temps : « Et de cette source empoisonnée de l'indifférentisme découle cette maxime fausse et absurde, ou plutôt ce délire, qu'il faut procurer et garantir à chacun la liberté de conscience. ». 45 années plus tard, le Pape Léon XIII considéré comme relativement libéral, publie l'encyclique Rerum novarum, texte inaugural de la doctrine sociale de l'Eglise catholique. Entre ces deux règnes se trouve celui de Pie IX, marqué par la publication en 1864 de l'encyclique Quanta Cura auquel le Pape joint le Syllabus. L'évolution de l'Eglise Catholique dans le deuxième XIXe siècle apparaît par conséquent comme centrée sur le pontificat de Pie IX, dont le cheminement détermine la doctrine du catholicisme face au libéralisme et à la modernité. En particulier, le Syllabus de 1864 joue un rôle fondamental dans la définition de la ligne à adopter pour l'Eglise et ses fidèles face aux idées libérales, définition qui était auparavant encore hésitante ou du moins, protéiforme. Il s'agit donc de saisir la nature et l'esprit du document doctrinal qu'est le Syllabus, déterminant dans la confrontation de l'Eglise catholique face à la modernité du XIXe siècle post- printemps des peuples. On se demande alors comment le Syllabus façonne l'évolution de l'Eglise catholique face aux libertés modernes. L'idée étant alors que Pie IX, par la publication du Syllabus, cherche délibérément à résoudre le problème du catholicisme libéral et du libéralisme catholique. On cherchera donc d'abord à déterminer la nature doctrinale et la visée du Syllabus pour ensuite analyser l'ancrage du Syllabus dans l'évolution de l'Eglise catholique face à la modernité.
[...] En effet, la période du XIX° siècle qui précède la publication du Syllabus est celle du développement des nouvelles religions, des voies parallèles qui mènent à Dieu, que ce soit le spiritisme, le magnétisme ou le développement du déisme et du panthéisme, croyances qui s'affranchissent de l'autorité de l'Eglise. Pour ce qui est des pratiques parallèles que sont le spiritisme et le magnétisme, elles gagnent en popularité et prétendent pouvoir instaurer un lien direct avec Dieu ou les esprits. Ces pratiques se répandent grâce à certains faits-divers qui suscitent l'intérêt comme l'histoire des sœurs Fox qui parlent avec les esprits en frappant sur le sol. Pie IX condamne indirectement toutes croyances qui dérogeraient des traditions de l'Eglise. [...]
[...] De retour à Rome en 1850, il applique donc son tournant conservateur. Le Syllabus est par conséquent l'aboutissement de ce tournant réactionnaire du pape Pie IX. L'opposition entre traditionalisme catholique et catholicisme libéral Du point de vue religieux, le XIX° siècle est marqué par une opposition entre traditionalisme catholique et catholicisme libéral. Évidemment, le Syllabus prend le parti du traditionalisme et de la réaction face à la progression du libéralisme religieux et du développement d'un catholicisme social et libéral qui refuse ce conservatisme traditionnel. [...]
[...] ( Le Syllabus s'attache également à récuser les idées libérales au niveau des mœurs et de la société civile, c'est de ce fait que se développe l'aspect conservateur au niveau social de Pie IX. Le chapitre VII s'intitule Erreurs sur la morale naturelle et chrétienne et réaffirme la supériorité des lois de la morales issues de l'Eglise sur les lois civiles ainsi que le droit d'intervention de l'Eglise dans les affaires civiles. S'ensuit un chapitre sur le mariage chrétien qui contient 9 propositions traditionalistes comme le lien indissoluble du mariage, le sacrement religieux qui prévaut sur le civil et l'illégitimité du divorce. [...]
[...] Les propositions 15 et 16 du Syllabus sont univoques à ce sujet, l'une cataloguant comme une erreur des temps modernes l'idée qu'il est libre à chaque homme d'embrasser et de professer la religion qu'à la lumière de la raison, il aura regardée comme vraie et l'autre l'idée que les hommes peuvent trouver le chemin du salut éternel dans le culte de n'importe quelle religion La proposition 18 évoque directement le protestantisme en affirmant négativement qu'elle est une forme différente de la vraie religion chrétienne, forme dans laquelle on ne peut être agréable à Dieu aussi bien que dans l'Eglise catholique. ( Les critiques du Syllabus face à la modernité ne s'orientent pas uniquement sur les déviances par rapport à l'Eglise catholique. Elles s'attachent à récuser tout raisonnement émanant de la philosophie des Lumières, comme l'idée que la raison humaine est égale à la religion elle- même et que les disciplines théologiques doivent être traitées comme les disciplines philosophiques. [...]
[...] Donc il y a des ruptures et des prolongements au Syllabus. Le débat sur le Syllabus pose d'autant plus problème que le 18 juillet 1870, lors du Concile Vatican le Pape devient infaillible, c'est le dogme de l'infaillibilité pontificale qui pose que les interprétations du pape sont considérées comme vraies et irrévocables. D'abord, immédiatement après le pontificat de Pie IX vient celui de Léon XIII, marqué par un relatif libéralisme qui contraste avec l'esprit du Syllabus, notamment par le biais de l'encyclique Rerum Novarum qui est à la base de la doctrine sociale de l'Eglise et du catholicisme social. [...]
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