Dès 1850, les Français, voyant croître la puissance prussienne et sa volonté expansionniste, ont peu à peu dû se réhabituer à l'idée de guerre, afin de l'accepter, de s'y préparer et de la parer. Après 80 ans de conflits, parfois étendus à l'échelle mondiale, la France a dû se « déshabituer » à la guerre, afin d'en sortir en 1945, suite à deux échecs d'éloignement définitif de la guerre, en 1871 et en 1918. En effet, la guerre mobilise une nation, elle inclut chaque citoyen, qu'il le veuille ou non, elle instaure, comme le définit Stéphane Audoin-Rouzeau, une « culture de guerre » en tant que « champ de toutes les représentations de la guerre forgées par les contemporains ». La guerre s'immisce dans la vie quotidienne pas seulement des soldats qui y participent activement, mais aussi dans celle des civils qui constatent et subissent eux aussi l'impact de la guerre au quotidien. La guerre semble ainsi entrer presque dans les habitudes des Français, au moins entre 1850 et 1945. Aussi pouvons-nous nous demander si la guerre, une fois déclarée finie et réglée par des accords de paix, ne perdure pas, au moins dans les esprits.
[...] Sortir de la guerre évoque aussi s'en sortir et pose la question des survivants de la guerre, des blessures et traumatismes infligés aux soldats. En effet, ces soldats gardent souvent des blessures à vie, les hommes revenant du front souvent définitivement abimés, qu'ils soient mutilés, devenus aveugles à cause des gaz asphyxiants ou des éclats d'obus. On les qualifie souvent de gueules cassées après la Grande Guerre, c'est-à-dire que ce sont de grands blessés au visage, parfois défigurés, généralement à cause de l'utilisation au front de l'artillerie. [...]
[...] De plus, là encore, la mémoire de guerre est sollicitée. En effet, sous le Second Empire, marqué par les grands travaux permettant d'aboutir à l'actuel Paris haussmannien, beaucoup de lieux ont été nommés en référence à la guerre : la gare d'Austerlitz, la rue d'Iéna La topographie parisienne actuelle se fait lieu de mémoire de la guerre. Ainsi, il semble bien qu'il y ait de multiples difficultés à sortir de la guerre véritablement, en ce sens qu'elle perdure dans les esprits, qu'elle soit objet de mémoire collective. [...]
[...] En effet, dans La Victoire endeuillée, Laurent Cabanes cite une lettre de Poilu datant de 1918 : La vengeance sera terrible, la rage a remplacé dans nos cœurs le peu de pardon que nous aurions eu pour les Boches. Nous raserons aussi les villes Boches et nous ferons le double de ce que l'ennemi aura fait chez nous. Le Boche est pillard, bandit, assassin, incendiaire, un lâche adversaire, et nous le détruirons. Une telle pérennité de l'animosité à l'encontre de l'ennemi explique la sortie de la guerre uniquement partielle. Dans le cas des colonies, c'est le maintien de la guerre qui est partiel. [...]
[...] Sortir de la guerre en France (du milieu du XVIIIème siècle à 1945) Dès 1850, les Français, voyant croître la puissance prussienne et sa volonté expansionniste ont peu à peu dû se réhabituer à l'idée de guerre, afin de l'accepter, de s'y préparer et de la parer. Après 80 ans de conflits, parfois étendus à l'échelle mondiale, la France a dû se déshabituer à la guerre, afin d'en sortir en 1945, suite à deux échecs d'éloignement définitif de la guerre, en 1871 et en 1918. [...]
[...] Comme nous l'avons évoqué en introduction, Stéphane Audoin-Rouzeau définit une culture de guerre étendue à toute la période comprise entre 1850 et 1945, en ce sens que la guerre accompagne le citoyen dans sa vie quotidienne : la guerre est sans cesse présente, ne serait-ce que dans les journaux, au travers de propagandes prônant le devoir de revanche et de solidarité patriotique. La guerre s'immisce et influence les arts et la littérature aussi. Par exemple, le film La Bataille de la Somme est le premier film de propagande qui montre la réalité des combats et montre des séquences filmées réellement au combat, de même que certains romans réalistes décrivent les réalités de la guerre comme le fait Céline dans Voyage au bout de la nuit, parue en 1932. [...]
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