Evoquer les sorties de guerre revient souvent à employer les termes de reconversion, normalisation, réadaptation… comme si la guerre n'était pas rentrée dans la normalité du temps, n'avait pas laissé de trace. En réalité, les choses sont très complexes, et la question qu'il convient de se poser est « quand sort-on de la première guerre mondiale », et d'ailleurs en sort-on véritablement ? (Audoin-Rouzeau parle de « deuil interminable » dans un article paru en 1999 dans Le Débat)
[...] Becker), les poilus sont devenus les icônes de la souffrance du XXème siècle. Il y a une évidente peur de l'oubli, à l'heure où on passe du stade des témoins vivants à celui de l'Histoire. Bibliographie - Le monde à la fin de la Grande Guerre dossier dirigé par BECKER Jean-Jacques, Historiens Géographes, 364, octobre-novembre 1998. - Démobilisations culturelles après la Grande Guerre dossier, 14-18 Aujourd'hui Today Heute, - BECKER Annette (dir.), Monuments de mémoire, Monuments aux morts de la Grande Guerre, Paris, Mission permanente aux commémorations et à l'information historique - AUDOIN-ROUZEAU Stéphane, Cinq deuils de guerre 1914-1918, Paris, Noêsis - PROST Antoine, Les anciens combattants, 1914-1939, Paris, Archives Gallimard-Julliard, 1977. [...]
[...] Ce dernier système peut paraître le plus juste, mais il pose aussi des problèmes : peut-on mettre sur le même plan ceux qui ont servi au champ de bataille, ceux qui viennent de régions occupées ? Quoi qu'il en soit, c'est long : 3 millions ont été libérés avant avril 1919, puis une pause est marquée (crainte d'un retour aux hostilités). La dernière classe est libérée au printemps 1920. Ainsi, pour beaucoup, la guerre aura duré entre 5 et 8 ans. On a voulu une démobilisation juste (cf. [...]
[...] Mais l'exigence de reconnaissance qu'ont les soldats et qu'ils attendent est par essence insatiable : l'ancien combattant qui rentre se sent trahi, oublié par la société civile qui ne pourra jamais être à la hauteur de son sacrifice et de celui de ses camarades morts. On lui dit qu'une dette éternelle lui est due, mais il n'en voit rien venir. C'est là un lieu commun de la littérature d'après-guerre : cf. le retour d'Ulysse. La démobilisation est douloureuse, et de ce fait ne met pas plus fin à la guerre que l'armistice. Les soldats veulent rentrer vite chez eux. L'attente augmente donc avec le moral qui baisse. Ils s'indignent des conditions de leur retour (wagons de marchandises). [...]
[...] Des unités allemandes s'affrontent même entre elles. Le problème peut aussi être celui des logements, quand à Breslau par exemple affluent soldats en une semaine et que les casernes n'ont que lits. Mais globalement, la surprise est que l'auto démobilisation se passe assez bien, et cela a même sans doute évité bien des troubles en allégeant les responsabilités des autorités. L'accueil des populations est plutôt bon, et révélateur de l'état d'esprit d'un peuple qui n'a pas le sentiment d'avoir été vaincu militairement (la défaite s'explique donc par un coup de poignard dans le dos Cf. [...]
[...] des combattants seraient gravement traumatisés, et cela a été très sous-estimé : aucune réflexion psychiatrique n'est menée après guerre. III / La démobilisation culturelle C'est le corollaire de la forte mobilisation culturelle qui a amenée à forger une culture de guerre La réhabilitation de l'ennemi (cf. travaux de John Horne) : on continue à haïr l'ennemi bien au-delà de l'armistice. Cela participe à la violence de la sortie de guerre. On continue aussi à se méfier de l'ennemi, même après sa signature. [...]
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