Analyse historique d'Une journée d'Ivan Denissovitch d'Alexandre Soljenitsyne, qui nous replonge au coeur du système concentrationnaire soviétique. Ce roman est à la fois envisagé comme un outil de compréhension du Goulag et comme une dénonciation de celui-ci. Cette réflexion, entre littérature et Histoire peut être utile autant pour l'étude de l'URSS stalinienne, que pour celle de la littérature concentrationnaire.
[...] À l'est : un espoir de libération Pour savoir comment ce livre a permis de faire évoluer la connaissance du goulag, il convient de revenir à son contexte de publication. Il parait d'abord dans le Novy Mir avec l'autorisation de Khrouchtchev. La parution de ce roman correspond pour l'URSS à une période de dénonciation des crimes de Staline. De plus, il est assez allégé en violence pour être publié en URSS (contrairement aux Récits de la Kolyma). Quelques modifications doivent pourtant être effectuées. [...]
[...] En 1956 il enseigne les sciences physiques, mais la publication en 1962, d'une journée d'Ivan Denissovitch lui assure une renommée mondiale. Devenu un symbole de la dissidence, il est chassé par le régime et s'exile en Suisse puis aux États-Unis pour continuer son œuvre littéraire. Pour celle-ci, dont la place centrale est laissée au goulag il reçoit le prix Nobel de littérature en 1970. Une journée d'Ivan Denissovitch est un roman qui raconte la longue journée d'un détenu soviétique dans un des camps de l'archipel du goulag. [...]
[...] Les mentalités sont décomplexées et des études sérieuses voient enfin le jour. Cependant, on manque de sources, les archives soviétiques étant à l'époque très secrète. La parution de ce livre soulève aussi en occident un autre débat, celui de la comparaison entre camps staliniens et camps Nazis. On confronte ce livre aux témoignages sur les camps de concentration allemands et on en déduit des hiérarchies dans l'horreur à l'image d'Hannah Arendt. La logique des deux camps n'est en effet pas la même. [...]
[...] Mais il faut attendre la publication d'autres témoignages (comme l'archipel du goulag) et surtout l'ouverture des archives russes pour que les historiens puissent enfin l'étudier pleinement. Ce roman est d'abord un livre aux grandes qualités littéraires dont la réflexion dépasse le camp stalinien. Bibliographie Chalamov, Varlam, Les Récits de la Kolyma, Verdier, coll. Slovo pages Kotek, Joël, Rigoulot, Pierre, Le siècle des camps, JC Lattès pages. Parrau, Alain, Ecrire les camps, édition Belin, coll. Littérature et politique pages. Rossi, jacques, Le manuel du GOULAG, Le Cherche-Midi éditeur, coll. document pages. Soljenitsyne, Alexandre, Une journée d'Ivan Denissovitch, Pocket pages. [...]
[...] Conclusion Avec le recul, cette fiction est donc un outil intéressant qui nous livre une analyse pertinente pour comprendre à quoi ont pu être confrontés les détenus dans un camp de travail de la période stalinienne. Il se veut comme une reconstitution modèle d'une journée de souffrance ordinaire. Il nous replonge avec beaucoup de précisions et une volonté de réalisme dans le monde d'un zek type. Pourtant, ce réalisme a ses limites. C'est sa propre vision du goulag que Soljenitsyne défend, atténuant les souffrances physiques pour mieux nous faire comprendre l'écrasement de l'homme par un système. Ce livre a été avant tout écrit pour dénoncer l'horreur de celui- ci. [...]
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