C'est pourtant au cours de ce conflit européen que pour la première fois des soldats algériens vont se battre aux côtés de l'armée française et mourir pour une patrie qui n'est pas la leur ; on les appellera, « Les Turcos » en raison de leur uniforme oriental : trois régiments de tirailleurs, chèche beurre, visage basané parfois noir et souvent barbe en collier, sarouel bleu, boléro bleu chamarré d'or, ceinture en flanelle rouge, guêtres blanches (...)
[...] qui semble sortir de terre ; la division du général bavarois Bothmer marche au canon sur la route de Landau ; seul barrage qui prétend l'arrêter, cette poignée de turcos ; la fusillade meurtrière de leurs chassepots, leurs charges violentes, bloquent la colonne ennemie, la bouscule ; devant cette furia, l'adversaire recule, effaré, interdit par les lourdes pertes qu'il subit ; il demande le renfort du Prince Royal de Prusse, général en chef de la coalition, stationné à Schweigen avec sa IIIe armée. Malgré le pilonnage d'une épouvantable artillerie, par des diables hirsutes dans le tonnerre des explosions, pendant trois heures l'envahisseur est refoulé mais déjà à l'ouest, vers la Lauter, d'autres forces bavaroises et à l'est, sur les hauteurs d'Altenstate, la division wurtembergeoise, débordent en vagues immenses. Le risque d'encerclement est patent. [...]
[...] C'est malheureusement ce dernier choix que décidait le duc de Magenta qui n'avait jamais perdu une bataille. La victoire change de camp Le Prince prussien arrive à Woerth et prend le commandement de la coalition ; ses différentes unités sont échelonnées en désordre sur une profondeur de 4 km ; c'est une situation risquée ; le général en chef en est parfaitement conscient aussi donne t-il des ordres pour que les vides soient comblés et qu'un front soit formé pour envelopper le camp belligérant ; il est rassuré par la passivité des Français. [...]
[...] Enfin l'Empereur avait promis au duc de Magenta, l'envoi du 5e corps pour l'épauler ; mais ces troupes prendront du retard et même celles qui déjà étaient à Bitche, ne participeront pas à la bataille . De concert avec son allié bavarois, le Prince Royal lançait des reconnaissances vers Haguenau ; les renseignements qu'il recueillait, lui faisaient augurer la position de son adversaire ; avec son armée il s'en rapprochait. Ne doutant point de l'effort qu'il exigerait de ses troupes, il pensait pouvoir bivouaquer un jour afin qu'elles se reposent et attaquer le 6. [...]
[...] Toute la face nord devient noire de troupes qui arrivent farouches, marchent courbés en avant, présages d'une volonté de vaincre ; c'est un rouleau compresseur en mouvement. Le Maréchal est convaincu qu'il pourra soutenir le choc aussi reste-t-il ferme, ses fantassins en hérissons, ses quelques batteries prêtes à cracher la mort à bout portant. Le premier assaut semble lui donner raison ; ce sont les Prussiens qui attaquent les premiers ; ils sont cloués sur leur débouché par la fusillade des chassepots ; zouaves et tirailleurs chargent, rageurs et hurlants ; contact, au corps-à-corps, coups de pointes, coups de crosse ; on a plus le temps d'armer les culasses, les baïonnettes plongent dans les ventres, les poitrines, en ressortent sanglantes, à gros bouillons le sang coule, les bouches des blessés écument d'une bave rouge, la mêlée est générale, la mort exécute les moins hardis ; les turcos sont maîtres dans ce genre de bagarre ; éventrés, percés de plaies profondes, ceux qui vont mourir, pliés en deux, s'affaissent par grappes humaines ; ils reculent devant leurs bourreaux ; sont bousculés en désordre ; décampent serrés de près ; râles, hurlements ; il faut l'intervention des grenadiers du roi pour qu'ils ne soient tous détruits pièces nouvelles sont amenées et s'ajoutent à l'artillerie déjà sur les lieux ; elles entrent en action sur-le-champ, pilonnent deux de nos divisions et détruisent quatre batteries. [...]
[...] Le Maréchal de Mac Mahon pensait disposer d'au moins deux jours avant de livrer bataille et cette fois victorieusement pensait-il ; il choisissait le plateau de Froeschwiller pour concentrer ses forces, les renforts qu'il attendait de Bitche et ceux qui sont promis par Napoléon III. Le 1er corps, sous son commandement récent, se retranchait sur un terrain très accidenté, coupé de forêts, de vergers, de vignes, de houblonnières, de taillis auxquels s'ajoutaient des localités, Froeschwiller, Morsbronn, Alsasshausen, Woerth qui pouvaient offrir autant de points de défense et d'appui à ses divisions. Prenaient position : - Près de Froeschwiller, la division Ducrot. [...]
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