Conflit appréhendé comme court au départ, affaire de quelques mois, la Première Guerre mondiale s'étira sur quatre longues années, véhiculant son lot de souffrance, de cris et de pleurs. Cette boucherie, permise par le progrès technique, fut magistralement, et sans emphase, décrite par Erich Maria Remarque dans son roman pacifiste, A l'Ouest, rien de nouveau. Les familles endeuillées, les corps mutilés, les cadavres déchiquetés, méconnaissables, firent sombrer dans l'ère du chaos et de la mort de masse la civilisation européenne. Afin de conjurer le malaise qui commençait à s'insinuer dans la société et afin d'atténuer le traumatisme des 8 millions de morts causés par les rivalités politiques, les gouvernements occidentaux, dont le gouvernement français, décidèrent d'ériger au rang de gloire nationale un soldat anonyme : le soldat inconnu. Métaphore des millions de soldats tombés au champ de bataille, le soldat inconnu rappelle au souvenir de tous le sacrifice consenti par ces hommes, cette saignée humaine. Ce rappel, symbolique, attisa rapidement les passions.
Comment, de monument du souvenir, élevé en l'honneur des soldats tombés au champ d'honneur, est-il donc devenu un enjeu politique essentiel? Quelle place, par ailleurs, occupe-t-il dans la mémoire collective et l'imagerie populaire?
Bien avant la fin de la guerre, face à l'inflation du nombre de morts, un devoir de mémoire s'imposa de lui-même mais ce devoir, dès la fin de l'Union Sacrée, fut l'objet d'une réappropriation politique entre les membres de la représentation nationale. La Seconde Guerre mondiale raviva le culte du soldat inconnu, mais dans une Europe qui vit depuis en paix, ce culte paraît progressivement tombé dans l'oubli.
[...] L'idéée lancéée, elle fûût reprise par les dééputéés dèès 1918 et, aprèès des déébats houleux sur l'emplacement de la séépulture, le soldat inconnu fut inhuméé sous l'Arc de Triomphe de l'Etoile àà l'occasion d'une cééréémonie le 28 janvier 1921. Ce symbole se voulait rassembleur. Il éétait un palliatif àà l'absence de corps du dééfunt. Face aux nombreuses familles endeuilléées et qui n'avaient pas pu effectuer leur travail de deuil, la Patrie leur offrait, reconnaissante, un "raccourci virtuel et symbolique". Ce "deuil par procuration" devait permettre aux 300000 disparus, àà ces cadavres mééconnaissables, déémembréés, broyéés, de trouver une séépulture déécente dans une tombe illusoire. Le soldat inconnu est ainsi éélevéé au rang de relique. [...]
[...] Ce rappel, symbolique, attisa rapidement les passions. Comment, de monument du souvenir, éélevéé en l'honneur des soldats tombéés au champ d'honneur, est-il donc devenu un enjeu politique essentiel? Quelle place, par ailleurs, occupe-t-il dans la méémoire collective et l'imagerie populaire? Bien avant la fin de la guerre, face àà l'augmentation du nombre de morts, un devoir de méémoire s'imposa de lui-mêême, mais ce devoir, dèès la fin de l'Union Sacréée, fut l'objet d'une rééappropriation politique entre les membres de la repréésentation nationale. [...]
[...] Depuis, àà la faveur de la rééconciliation europééenne et avec la disparition progressive des derniers acteurs de cette boucherie, le soldat inconnu tombe dans l'oubli. Si son culte n'a pas cesséé lors des cééréémonies de l'armistice du 11 novembre, c'est plus par tradition réépublicaine que pour cééléébrer les morts "au nom de la France". Bibliographie DILLANGE Michel, L'Arc de Triomphe et le Carrousel, Rennes, Ouest France DUPONT Marcel, L'Arc de Triomphe de l'Etoile et le soldat inconnu, Paris, Les ééditions franççaises. JAGIELSKI Jean-Franççois, Le soldat inconnu. Invention et postééritéé d'un symbole, Paris, Imago Sites internet www.defense.gouv.fr/ . [...]
[...] Le souvenir de la Seconde Guerre mondiale s'y greffe a posteriori. II/ La rééappropriation politique de la méémoire nationale L'unanimitéé apparente qui entoure le projet du soldat inconnu dissimule en fait de nombreux enjeux politiques. Dèès le déébut, le choix de l'emplacement de la tombe du céélèèbre inconnu cristallise les querelles idééologiques et met un terme absolu àà l'Union Sacréée qui avait préévalu pendant la guerre. Cet emplacement, l'Arc de Triomphe de l'Etoile, sera ensuite la scèène d'une instrumentalisation politique. [...]
[...] Unanime éégalement contre l'ennemi commun. C'est l'unanimitéé nationale dans le recueillement qui est recherchéée. Un cééréémonial s'institue alors progressivement en hommage àà tous les poilus et àà ceux qui les ont succéédéés dans les affres de la guerre. Les anciens combattants Pééricard et Brunet instaurent dèès 1924 un vééritable culte, continuéé par le comitéé fondéé sous leur initiative (comitéé de la flamme) et ce, mêême sous l'occupation. Il s'agit entre autres de la fameuse flamme destinéée àà exalter et àà raviver le souvenir du sacrifice de ces hommes. [...]
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