Sociologie des conflits, guerre des 33 jours, conflits israélo-palestiniens, Hezbollah, guerre du Liban, résistance civile, résolution 1701, Fermes de Chebaa, Sud Liban, Bachar Al Assad, conflits du Moyen-Orient, guerre aérienne, Tsahal
Ce dossier consiste en une analyse du conflit entre Israël et le Hezbollah, dite "la guerre de 33 jours" qui se déroula du 12 juillet 2006 jusqu'à l'adoption de la résolution 1701 le 11 août 2006, qui signe la fin des hostilités. Pour comprendre pourquoi ce conflit a éclaté, et afin de saisir tous ses enjeux, il est nécessaire de replacer ce conflit dans le contexte politique libanais et le contexte régional qui le précède. L'armée israélienne s'est retirée unilatéralement du Sud Liban qu'elle occupait depuis 1982, en mai 2000. Néanmoins, pour le Hezbollah, le retrait d'Israël ne change rien à la nécessité de continuer la résistance armée puisqu'Israël a continué après cette date à occuper une bande de montagne dénommée les "Fermes de Chebaa".
Ce territoire des Fermes de Chebaa fut placé sous souveraineté syrienne par les Nations Unies, mais le gouvernement libanais et le Hezbollah font front commun pour revendiquer ce territoire comme étant libanais. La région du Sud Liban, laissé gravement sous-développé suite au conflit, constitue un foyer de soutien pour le Hezbollah, participant à sa légitimation au sein de la société civile. Le Hezbollah y installera ainsi ses quartiers et entreprit de "monopoliser l'espace sociopolitique dans la région". Dans l'après 2000, le Hezbollah entretient cette légitimité en se basant sur les litiges restant en suspens dans le contentieux israélo-libanais. La zone dite des Fermes de Chebaa fait partie de ces litiges, mais aussi les prisonniers libanais détenus par Israël et les multiples intrusions israéliennes dans le territoire libanais maintenant le pays sous la menace d'une nouvelle invasion.
[...] La Discorde. Chapitre 3 : La guerre des 33 jours et ses conséquences au Liban. [...]
[...] Confrontés à un ennemi commun, le Hezbollah et l'OLP ont une relation historique, de formation commune et de solidarité. Ainsi, on peut comprendre l'hypersensibilité de la rue palestinienne à la guerre des 33 jours, d'autant plus que Gaza et le Liban subissent des représailles israéliennes quasi au même moment, suite à l'enlèvement en juin d'un militaire israélien par le Hamas. Les succès du Hezbollah vont, comme ils l'avaient fait déjà dans les années 2000 en favorisant la montée en puissance du Hamas, appliquer une pression sur les partis palestiniens qui sont appelés à copier la résistance libanaise, qui connaît des succès face à Israël. [...]
[...] Ainsi c'est à travers un regard et une analyse multidimensionnelle que nous tenterons de comprendre la guerre de 33 jours et ses effets sur les territoires et acteurs touchés. Ce conflit israélo-libanais implique différents acteurs de la société libanaise, mais aussi de la région et de la scène internationale. Bien que cette guerre soit limitée dans le temps, elle aura des répercussions importantes sur la configuration de l'espace sociopolitique interne libanais, elle produira également des effets sur les enjeux géopolitiques régionaux, mais s'intègre également dans une réflexion plus large sur les transformations des formes de la conflictualité. [...]
[...] Le Hezbollah acquit ainsi du pouvoir symbolique auprès de sa base militante, les chiites, mais aussi auprès des militants de gauche propalestiniens. Néanmoins, des changements politiques viennent ensuite modifier le rapport de force stratégique acquis par le Hezbollah sur le front du Sud Liban. En effet, des années de tensions politiques au Liban précédent le conflit israélo-libanais. L'année 2004 marque la fin des mandats du général Emile Lahoud qui doit laisser place à des élections pour élire un nouveau président. [...]
[...] L'auteur Karam[12] explique ce phénomène par « l'ardeur des Libanais à maintenir l'entente nationale » face aux atrocités de la guerre parce qu'ils craignent un retour de la guerre civile qui a marqué la mémoire collective par sa violence. Ainsi, « la résistance civile » de l'été 2006 est « le terrain pacifié de fortes luttes d'influence et de territoire », mais marque également une collaboration et une véritable solidarité entre des groupes anciennement ennemis. Chaque groupe veut être actif sur le terrain et le maillage associatif libanais se resserre à travers les alliances tissées et par l'émergence de référents communs de l'action. [...]
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