Du fait de la Révolution de 1789, on pourrait penser que le XIIIe siècle en France est le théâtre de profonds changements tant sur le plan économique que social. Il est vrai que se préparent au cours de ce siècle des transformations importantes qui changeront par la suite le monde social et économique. En effet, le capitalisme, sous sa forme commerciale, apparaît réellement et commence déjà à exercer une profonde emprise sur l'industrie elle-même. Toutefois un des traits caractéristiques de ce siècle est l'affirmation de la paysannerie. La France est un des seuls pays d'Europe où l'équilibre agraire n'est pas rompu au profit du développement industriel. Le présent se rattache étroitement au passé. La société française du XIIIe reste étroitement attachée à ses traditions. On le voit également avec la société d'ordres. Plus la fin de l'Ancien Régime approche, plus les barrières juridiques entre les différents ordres deviennent importantes. On réaffirme le passé. La monarchie perd de plus en plus de crédit, il y a un craquellement de plus en plus fort à l'intérieur même des ordres, mais pourtant les traditions persistent. La société française du XIIIe semble avoir du mal avec le changement. On peut donc légitimement se demander d'où provient cette rupture entre les ordres, et comment la société française est peu à peu gagnée par des transformations sociales et économiques
[...] Avec les ordres, la fortune b=non plus que l'activité professionnelle ne sont des critères décisifs. À des niveaux de vie très différents, on peut appartenir au même ordre. Par exemple, la bourgeoisie la plus riche cohabite, au sein du même ordre avec les roturiers. Au regard du droit, leur situation est la même, ils ont le même statut. On appartient à un ordre par la naissance pour la noblesse et pour le tiers état. On peut y accéder par vocation pour le clergé. [...]
[...] Cette répartition de fonctions qui engendre une distinction en ordres est elle-même le reflet d'un système de valeurs. Certaines de ces valeurs sont religieuses, telle la prééminence du service de Dieu sur les autres activités. Les autres sont des valeurs sociales ; ainsi la distinction entre qui combat et qui travaille et la prééminence accordée à celui qui porte l'épée. Les ordres ne sont pas égaux entre eux. Avec la diversité de, cette société comporte l'inégalité de la hiérarchie. Le premier ordre est le clergé, vient ensuite la noblesse, et en dernier lieu le tiers état. [...]
[...] En 1781, un règlement militaire réserve l'accès au grade d'officier à ceux qui appartiennent à la noblesse. Tout espoir de promotion est interdit aux membres du tiers. De même pour l'exercice du pouvoir politique et l'entourage du souverain. Louis XIV avait pour habitude de s'entourer de ministres issus de la bourgeoisie. À la fin de l'Ancien Régime, la plupart des ministres, voire des intendants, appartiennent à la noblesse. Cette réaction lèse directement les intérêts de la bourgeoisie et heurte aussi son désir de considération. Mais il y a aussi une réaction seigneuriale. [...]
[...] Mais société rurale n'est pas synonyme de population agricole. La distinction est importante : la population agricole est celle qui vit directement du travail de la terre, la cultive et en tira sa subsistance. Elle comporte une hiérarchie de positions. Au sommet, les propriétaires exploitants, ceux que l'on appelle les laboureurs, qui ont assez de biens au soleil pour ne pas avoir besoin de louer des terres appartenant à d'autres. Et au bas de l'échelle, ceux qui travaillent la terre sans la posséder. [...]
[...] Les paysans sont dépourvus de surplus et travaillent avec des moyens limités. Ils sont conscients de leur vulnérabilité aux catastrophes climatiques grêle, orages, sécheresses. Ils ont donc tendance à privilégier le certain à l'incertain, à reproduire ce qu'ils ont déjà expérimenté. Le système de jachère qui réduit la part de parcelle exploitable ; les procédés de culture restent très primitifs. Les bâtiments d'exploitation sont mal aménagés ; l'attirail de culture est insuffisant et les instruments agricoles, très rudimentaires. Les paysans ne labourent pas assez profondément, usent de mauvaise semence. [...]
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