Cependant, on constate actuellement que les partis sociaux-démocrates et socialistes abordent la question sociale de manière assez proche et il semble que les socialistes se soient progressivement prononcés pour la socialisation des moyens de production – objectif fondamentalement lié à la social-démocratie, centrée sur l'Etat-providence et le plein emploi.
Cette apparente convergence européenne vers la social-démocratie a-t-elle été le fruit d'une évolution continue durant le XXe siècle ? Quelle a été l'importance des bouleversements sociaux et économiques dans la pensée socialiste de la question sociale ? Quels éléments ont-ils permis aux socialistes européens de se diriger vers un objectif commun, à savoir l'établissement de l'Etat-providence ?...
[...] Dans les analyses socialistes d'après 45, Keynes et Schumpeter ont remplacé Marx. La politique keynésienne a apporté à l'élan égalitariste de l'après-guerre un fondement économique et rationnel qui manquait au socialisme des années 20 : la bonne marche de l'économie dépendait désormais du renforcement de la consommation intérieure au moyen d'une distribution plus équitable des revenus et de la richesse dans le cadre d'un Etat économiquement et socialement actif. L'Etat-providence est devenu un modèle pour les socialistes car il pouvait satisfaire à la fois l'impératif de croissance économique et l'aspiration de justice sociale. [...]
[...] Mais il faut considérer que le planisme tel quel était difficile à adapter doctrinalement. Intervention de l'Etat, politique d'élargissement du marché intérieur, système de protection sociale dessinaient la structure d'une société capitaliste reformée : Henri de Man, lui-même, pensait possible de joindre les objectifs de Lénine et ceux de Roosevelt. Les petits groupes d'intellectuels qui ont défendu de Man tels les néo-socialistes emmenés par Marcel Déat en France - heurtaient la doctrine et les traditions en privilégiant notamment l'action de l‘Etat au détriment de l'action du mouvement ouvrier organisé. [...]
[...] En effet, les socialistes ne pouvaient accepter de considérer le chômage comme une conséquence normale de la modernisation économique. Les réflexions et les orientations socialistes ont alors été orientées dans plusieurs directions. Certaines étaient traditionnelles dans la pensée socialiste car elles donnaient la priorité absolue à l'emploi en mettant en œuvre des grands programmes d'investissements publics comme le préconisait le SPD en 1994 ou en accroissant les crédits de l'éducation et de la formation comme le proposait Lionel Jospin en 1995. [...]
[...] Cependant, les socialistes n'entendaient pas pour autant renoncer au processus de socialisation, par antidote, certes, à l'aspiration révolutionnaire, mais aussi par fidélité à l'inspiration de la IIe Internationale, qui considérait que le développement du capitalisme organisé était la voie du socialisme. Les plans de socialisation furent une première réponse. Parmi les premiers, Otto Bauer théoricien de l'austro-marxisme décrivit dans Le chemin du socialisme (1919) ce que pouvait être une socialisation échelonnée. Le but des nationalisations était clair : assurer une amélioration immédiate de la situation de salariés. [...]
[...] L'environnement économique des sociétés ouest-européennes s'est à ce point modifié depuis lors que les équilibres trouvés par le socialisme européen dans la période précédente ont été profondément remis en cause. III. De la crise de l'Etat-providence à la recherche de nouvelles solutions (1973 à nos jours) A. La mise en cause du compromis social-démocrate Après la fin des Trente glorieuses - qui a largement contribué à la crise financière de l'Etat-providence les politiques de redistribution de la richesse en faveur des classes les plus démunies, signe distinctif de la démarche socialiste, s'avèrent peu compatibles avec l'efficacité économique. [...]
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