1848 en France et en Europe, c'est un triple espoir : un espoir républicain et démocratique, un espoir social, un espoir national. Pour les premiers socialistes, les premiers à espérer confusément le renversement de l'ordre social fondé sur la propriété privée et l'inégalité (capitalisme) et l'instauration d'un nouvel ordre fondé sur l'égalité et la propriété collective (communisme), ces deux derniers éléments, l'espoir social et l'espoir national, ne semblent manifestement pas incompatibles. Mais 1848, c'est également la date de la publication du Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels, et donc l'arrivée d'une nouvelle pensée, le marxisme (ou « socialisme scientifique ») qui complexifie et bouleverse la nébuleuse socialiste, déjà complexe (blanquistes, utopistes, mutuellisme proudhonien, socialisme scientifique, souvenirs jacobins …) À tel point qu'il en devient difficile de définir les socialistes (parfois proches de la gauche traditionnelle, voire de la droite populaire/populiste) autrement que par l'affirmation : est socialiste celui qui se dit socialiste. Mais cet ouvrage marque une autre nouveauté, en ce qu'il introduit une pensée internationaliste, qui remet en cause la compatibilité entre espoir de révolution sociale et aspect national / patriote (en 1848, les 2 termes nation et patrie sont utilisés quasiment indifféremment pour désigner la communauté organique à laquelle s'attachent les individus).
Or la période, qui suit, de 1848 à 1914, est marquée surtout après 1871, par une grande volonté d'organisation du socialisme français, organisation à la fois théorique (mise en place et choix d'une position idéologique claire) et pratique (instauration d'un mouvement socialiste). Le socialisme français après 1848 est bien un « socialisme jeune homme » (Péguy), en maturation. Mais cette période est également marquée par de grands bouleversements en ce qui concerne les idées de patrie et de nation. Alors, comment les socialistes français de la fin du XIX° sont-ils parvenus à concilier leurs convictions socialistes et leur attachement à la patrie ?
[...] La rupture entre socialisme et nation II. Réconcilier la patrie et le socialisme III. Les ambiguïtés de la synthèse La rupture entre socialisme et nation L'opposition entre le socialisme et la nation n'a rien d'une évidence après 1848 : si la France est d'abord une véritable nation à gauche le double mouvement de droitisation de l'idée de nation et d'émergence d'une pensée socialiste internationaliste conduit à une véritable rupture entre socialisme et nation La France, une nation à gauche a. [...]
[...] Ceux-ci voient dans leurs actions la continuation de 1789 et de la nation qui y fut fondée. La France, terre des droits de l'homme a une vocation révolutionnaire, elle se doit d'être le guide pour réaliser le socialisme dans le monde. La France socialiste est devenue patrie universelle : tous les socialistes internationaux ont deux patries, celle où le hasard les a fait naître et la France, leur patrie d'adoption (Jules Lafargue) Quand la nation passe à droite Rapidement, pourtant, le terme et l'idée de nation passent à droite, principalement au moment de la crise boulangiste, puis de l'Affaire. [...]
[...] Becker, G. Candar (dir.), Histoire des gauches en France L'héritage du XIX° siècle, Éditions La Découverte, Paris A. Bergounioux, G. Grunberg, L'ambition et le remords, les socialistes français et le pouvoir (1905-2005), Fayard, Paris J. Droz, Histoire générale du socialisme, Tome 1. Des origines à 1875, Tome 2. 1875-1918, PUF, Paris G. [...]
[...] Non, camarades, notre idéal de réconciliation humaine et de recherche du bonheur ne sombre pas. Arrêté un moment dans sa marche, il prépare quand même, pour demain, de meilleures conditions de son développement à travers le monde. Bibliographie Ouvrages généraux sur la période J. GARRIGUES, P. LACOMBRADE, La France au XIX° siècle, 1814-1914, Armand Colin, Paris S. BERSTEIN, P. MILZA, Histoire du XIX° siècle, Hatier, Paris Sur le socialisme JJ. [...]
[...] Nous sommes des nationaux-socialistes, car nous attaquons la finance internationale et nous voulons que la France soit aux Français. Nous sommes pour les ouvriers, contre les exploiteurs b. Le socialisme mystique de Péguy Une autre tentative de synthèse entre nationalisme et socialisme est celle du socialisme mystique de Péguy dans les années 1890, qui correspond plutôt à une disposition de cœur, faite d'affection pour les pauvres, d'amour du vieux monde et de prédilection pour les métiers manuels, et aboutit donc au rêve d'une société où la première place serait accordée aux ouvriers et aux paysans. [...]
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