Alors qu'en 1860, les trois mouvements n'existent pas en tant que regroupements organisés de personnes (tout juste perçoit-on différents ‘socialismes' à travers les écrits des théoriciens), la situation en 1914 permet de différencier nettement des partis socialistes qui sont implantés sur la scène politique, des syndicats qui se réservent le domaine de l'action sociale et un ‘courant' anarchiste. Ces trois mouvements s'affirment alors chacun sur leur terrain d'action privilégié, avec des bases sociologiques qui présentent des différences et avec des objectifs souvent opposés. Une telle différenciation est-elle l'aboutissement logique d'une mise en pratique de différentes théories ou bien résulte-t-elle plutôt d'une évolution contradictoire en fonction du contexte historique ?
[...] Cette propagande par le fait censée réveiller les travailleurs assoupis ne fait qu'accélérer la mainmise du mouvement ouvrier par le socialisme parlementaire (les ouvriers abandonnant l'idée d'un socialisme libertaire En 1889 à Paris, les sociaux-démocrates de divers pays décident de ressusciter la pratique des congrès socialistes internationaux, ouvrant la voie à la Deuxième internationale. La présence d'anarchistes au sein des participants provoque de violents incidents. Pour empêcher l'intrusion d'anarchistes dans les réunions, les sociaux-démocrates exigent, au congrès de Zurich en 1893, la reconnaissance de la nécessité de l'action politique pour toutes les organisations exceptées les syndicats. Au congrès de Londres en 1896, les anarchistes sont malgré tout présents en se faisant déléguer par des syndicats. [...]
[...] Les difficultés économiques des années 1870 (baisse générale des prix et des salaires au Royaume-Uni à partir de 1875) incitent le syndicalisme ouvrier à se transformer. Au lieu de rester réservées à une élite, des Trade-Unions se forment chez les ouvriers non spécialisés. Ce nouveau syndicalisme n'hésite plus à recourir à la grève générale pour soutenir ses revendications (à l'exemple de la grève des dockers de Londres en 1889). Ces syndicats, dont les effectifs atteignent 2 millions en 1901, sont organisés en fédérations de métiers ou d'industries solidement encadrées. [...]
[...] En 1890 se dégage de la fédération des travailleurs socialistes le Parti socialiste ouvrier révolutionnaire (P.S.O.R). De son côté, Blanqui lui-même forme le Comité révolutionnaire central (C.R.C.), animé par Édouard Vaillant, qui devient en 1896 le Parti socialiste révolutionnaire (P.S.R.). A côté de ces petits partis subsistent un grand nombre d'indépendants. Après l'affaire Millerand qui pose, pour la première fois, le problème de la participation d'un socialiste à un gouvernement bourgeois, les congrès généraux socialistes aboutissent en 1901 à la formation de deux partis: le Parti socialiste de France (P.S.D.F.), avec le P.O.F. [...]
[...] Le Congrès d'Amiens (1906) peut être interprété comme une victoire des anarcho-syndicalistes sur les socialistes parlementaires, dans la mesure où l'affirmation de son indépendance par la CGT est avant tout dirigée contre la tutelle de la démocratie bourgeoise et de son prolongement dans le mouvement ouvrier : la social-démocratie. Toutefois cette victoire est à nuancer du fait de ses limites : seul le syndicalisme français (et la C.N.T. espagnole fondée en 1910) se convertissent à l'anarcho-syndicalisme, et encore seulement de façon partielle. III. Dans quelle mesure cette évolution est-elle aussi le résultat des différents contextes nationaux ? 1. [...]
[...] La majorité du parti, avec Jaurès et Vaillant, affirme que la grève générale et internationale est le seul moyen efficace de s'y opposer, ce qui le met en contradiction avec les sociaux-démocrates allemands (congrès de Stuttgart, 1912). En Allemagne, l'émergence très tôt d'un parti social-démocrate uni explique une évolution opposée à celle de la France. Au Congrès de Gotha en 1875, les deux tendances socialistes, celle de Lassalle, inspirée de Louis Blanc et celle de Karl Marx, s'unissent pour créer le parti social-démocrate. Bismarck neutralise un temps l'influence de ce parti sur les ouvriers par une politique de réformes sociales (création de caisses d'assurances alimentées par des cotisations ouvrières et des versements patronaux). [...]
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