La séquence qui s'étend entre la Commune parisienne de 1871 et la Première Guerre mondiale constitue une étape décisive dans l'histoire du socialisme français. Plusieurs éléments caractérisent alors ce mouvement : le socialisme doit d'abord se reconstituer après la Commune qui a été suivie d'une répression féroce contre les meneurs de l'insurrection. Décapité, le mouvement socialiste reste en outre marqué par une très grande diversité idéologique : il est fragmenté en effet entre plusieurs familles.
Certaines de ces familles sont les héritières du socialisme français de la première moitié du siècle, notamment de la tradition du socialisme révolutionnaire blanquiste ou du socialisme réformiste incarné par Louis Blanc. L'influence de l'anarchisme proudhonien demeure réelle en outre. Sur ces courants, anciens, d'autres sont venus se greffer : le socialisme marxiste notamment et l'anarchisme collectiviste représenté par les idées de Bakounine. On le voit donc il y a une multiplicité de courants se rattachant au socialisme.
L'intérêt de ce travail est justement de mettre au jour les facteurs et les conditions dans lesquelles le socialisme français est passé de l'émiettement à une unité relative. Quelles sont les étapes qui ponctuent cette marche vers l'unification ? Quelles sont les figures qui ont œuvré en faveur de ce rassemblement des forces de la gauche socialiste ? En quoi a consisté l'unité ?
[...] Ce parti : Parti socialiste SFIO (Section Française de l'Internationale ouvrière) voit le jour lors du congrès de Paris du 23 au 25 avril 1905. Il est né de la fusion des militants du PSF (16 000) et PSDF (17 000), plus diverses fédérations autonomes. Au total il compte environ membres à sa naissance En apparence, c'est Guesde qui semble l'avoir emporté. Dans les faits, c'est Jaurès qui va s'imposer à la tête de la SFIO et qui va impulser sa politique. [...]
[...] Marx est allemand enfin, considéré comme un auteur étranger aux réalités françaises. Depuis la défaite face à la Prusse en 1870, le sentiment anti- allemand est en outre fort, même parmi la gauche française. Les idées de Marx mettent donc du temps à s'implanter en France (au départ c'est dans les milieux intellectuels que Marx séduit, non en milieu ouvrier) : Vaillant, qui est un blanquiste, contribuera à les diffuser ; mais c'est surtout Guesde qui va être le propagateur de la pensée du philosophe allemand. [...]
[...] Les militants eux-mêmes ont payé un lourd tribut à la répression Les lendemains de la Commune (1871-1878) : le socialisme français, un mouvement décapité La III° république naissante, dominée par les monarchistes, exerce une surveillance constante sur ceux qui ont survécu : en 1872, une loi dite loi Dufaure (14 mars 1872) interdit ainsi l'affiliation des ouvriers français à la Internationale 1864-1876) et à tout groupement dont le but est de changer la société. Le monde ouvrier et les militants socialistes se trouvent donc isolés. Ils n'ont d'autre solution que de se replier sur ce qui leur reste : les chambres syndicales dont l'origine remonte au Empire. [...]
[...] Ils se rassemblent en 1902 donnant naissance au PSF, Parti Socialiste Français. Cette formation regroupe les réformistes et notamment Jaurès L'unification des forces socialistes (1902-1905) Le PSF connaît un grand succès lors des élections législatives de mai 1902 : il remporte 37 élus contre 12 seulement au PSDF. Jaurès, Millerand, Aristide Briand sont élus, alors que Guesde est battu. Les électeurs semblent donc sanctionner la ligne défendue par le PSF. Le PSF derrière Jaurès participe à la Chambre au bloc des gauches et soutient donc la politique du ministère Combes. [...]
[...] Celles-ci ne seront atteintes selon eux que par la révolution. Jusqu'en 1893, le guesdisme refuse de participer au jeu électoral, au jeu démocratique : la consigne est de ne pas se présenter aux élections, car ce serait faire le jeu des institutions bourgeoises. Ils s'opposent sur ce point aux réformistes qui jouent pleinement au contraire la carte du parlementarisme. Les réformistes Cette famille n'est pas forcément hostile à la révolution : mais elle définit celle-ci comme un objectif lointain, à atteindre sur le long terme. [...]
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