Le XVIIIe siècle, avec l'esprit des Lumières, donne naissance aux concepts de peuple et de nation, définis par leur identité - par opposition à la notion de royaume, défini par son souverain et ses frontières. Le XIXe siècle, quant à lui, est marqué par la maturité de ce concept, le nationalisme.
Il est ici question du nationalisme juif, appelé couramment « sionisme ». Le sionisme est l'expression politique de la volonté des Juifs d'Europe de créer un Etat pour le peuple juif.
Ce mouvement est né vers 1880 à la rencontre de différents facteurs : l'antisémitisme qui se développe dans les années 1870 va être le moteur d'une réflexion intellectuelle avec pour projet un départ hors d'Europe. Ensuite le développement des nationalismes en Europe donne le cadre de la révision du projet juif : il s'agit dans cette optique d'obtenir un Etat, but de tout nationalisme. C'est donc à la croisée de ces conditions que des écrivains et intellectuels juifs, dont Théodor Herzl a joué un rôle essentiel, vont développer une idéologie politique prônant l'émancipation du peuple juif.
De fait, on peut se demander comment le mouvement sioniste, au vu de ses fondements et des multiples divergences dont il a fait l'objet, a conduit à l'aboutissement de son projet dans la création de l'Etat d'Israël.
[...] Origines et naissance du sionisme A. Sionisme mystique et sionisme national Le sionisme a deux sources : la première, permanente, issue des profondeurs mystiques du judaïsme appelé le sionisme mystique, et la deuxième, novatrice et agissante, née des bouleversements survenus en Europe au XIXème siècle, appelé sionisme national. Le sionisme mystique tire ses origines de Sion (colline de Jérusalem) qui habitait l'âme juive depuis la destruction du Temple et la première dispersion. Le fondement même du judaïsme est une indissoluble trilogie Dieu-Peuple-Terre C'est dans cet esprit que quelques rabbins ont essayé de ramener des coreligionnaires en Terre Sainte mais ces tentatives furent dérisoires, ne mobilisant qu'une faible population et ne suscitant donc aucune immigration. [...]
[...] Mais pour pouvoir réaliser ses desseins en terre ottomane, Herzl devait obtenir l'accord du sultan. Malgré ses propositions de soulager les finances de l'empire en contrepartie de l'établissement du foyer juif, Herzl n'obtint du sultan que de bonnes paroles. Les dirigeants ottomans avaient en effet conscience des dangers que représentait pour l'Etat ottoman le mouvement sioniste. Une immigration massive de Juifs en Palestine risquait d'ouvrir une autre porte à l'influence et à l'ingérence des puissances européennes qui y trouveraient encore une occasion d'apporter aide et protection à une minorité non musulmane. [...]
[...] Cela a conduit l'Angleterre et la France à prononcer une série de déclarations, toutes en contradiction avec les promesses de la Déclaration Balfour, et donna au nationalisme arabe de nouvelles cibles. C'est donc par les armes que cet accord sera concrétisé. C'est l'accord de San Remo qui entérine et légalise l'accord avec un mandat de la SDN. La France reçoit mandat du Liban et de la Syrie, la Grande-Bretagne de l'Irak, de la Transjordanie et de la Palestine. Dès lors, l'Angleterre pouvait poursuivre les négociations qui devaient mener à la Déclaration Balfour avec pour principal acteur Chaïm Weizmann. III. [...]
[...] Pour ce faire, il fallait tisser un lien entre les groupes épars de la diaspora. Il réunit donc en 1897, à Bâle (Suisse), le premier congrès sioniste mondial qui envisage la création d'un foyer national pour les Juifs en Palestine. Deux cents délégués, venus de Russie, de Bulgarie, d'Allemagne, de Suède, d'Amérique et d'Afrique y assistèrent, ils créèrent l'Organisation sioniste mondiale et portèrent Herzl à sa tête. Pour structurer le judaïsme, Herzl avait dû surmonter bien des obstacles mais avant de disparaître il avait eu la révélation de sa réussite : A Bâle, j'ai fondé l'Etat juif. [...]
[...] Les Britanniques devaient donc se hâter d'officialiser leur engagement. La Déclaration Balfour a fait l'objet de plusieurs projets successifs dans son élaboration puisqu'au total cinq versions ont été proposées, ce qui explique la portée considérable de ce document, dont les mots ont été minutieusement choisis un à un afin d'éviter tout malentendu. Il s'agit en fait d'une courte lettre du ministre britannique des Affaires étrangères, lord Arthur James Balfour, à lord Lionel Walter Rothschild dans laquelle il se déclare en faveur de l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif. [...]
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