Cet exposé n'a pas pour but de prendre une position définitive, puisque les archives ne sont pas encore toutes ouvertes aux historiens. Il a pour but de seulement présenter les termes du débat entre pro et anti- Pie XII.
En tant que demeure papale et siège de l'administration centrale de l'Eglise catholique romaine, le Vatican symbolise la capitale d'une religion au rayonnement mondial, la source d'une autorité morale internationale et suscite respect et dévotion auprès de dizaines de millions de catholiques. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les grandes puissances, à l'exception de l'Union Soviétique, et la plupart des pays moins influents ont laissé leurs diplomates en place au Vatican afin de légitimer leur cause et de solliciter le soutien du Pape et de ses conseillers.
Tous les acteurs de la guerre cherchent à gagner les faveurs de la papauté. Si le Vatican n'a pas grande armée, sa force réside dans la puissance mobilisatrice potentielle de ses fidèles et c'est pour cela que le Saint-Siège fait l'objet de pressions. Cette idée a bi été perçue par Staline qui s'interroge à juste titre « Le Pape, combien de divisions ? ». Du souverain pontife de cette époque noire de notre histoire, se dégage l'image d'un personnage flou. Les uns ont tracé du Pape Pie XII le portrait d'un Saint, d'autres celui d'un lâche, incapable de prendre des décisions, ayant même abandonné les Juifs à leur propre martyr, sans pousser le cri que l'on attendait de lui. On trouve sur lui autant d'accusateur que de laudateurs, recrutés dans tous les camps. L'ambivalence de la question apparaît quand on se demande si le sigle SS pour qualifier le Souverain Pontife signifie « Sa Sainteté » ou « SchutzStaffel ».
Les décisions du Pape devraient se révéler essentielles car il représente l'arbitre suprême des valeurs morales sur Terre et par conséquent ses responsabilités s'en trouvent décuplées.
Quelle position se devait-il de prendre ?
Cependant, il faut se garder de juger les acteurs de cette période noire avec les connaissances et la grille de lecture dont nous disposons aujourd'hui.
[...] Mais à trop vouloir préserver la paix et à ne pas apparaître comme le déclencheur des hostilités, on se rendre complice malgré soi des pires atrocités, même si à sa décharge, Pie XII a été confronté à une période difficile et particulièrement sombre de l'histoire. sources bibliographiques Le Pape et Hitler, Histoire secrète de Pie XII Hitler's Pope John Cornwell Albin Michel pages Rolf Hocchuth, Le Vicaire traduit de l'allemand par F. Martin et J. [...]
[...] S'il avait abouti, cela aurait été une justification de sa conduite au cours de la guerre. Les jésuites ont été chargé d'instaurer le procès de Pie XII. Les Pères Molinari et Gumpel ont été désignés en 1965 pour diriger les recherches. Le Père Gumpel est le rapporteur, le juge indépendant qui a reçu du Pape mission d'examiner les matériaux présentés par les défenseurs de la cause de Pacelli. Le tribunal de béatification a sollicité le témoignage de centaines de personnes, qui ont accepté de déposer sous serment. [...]
[...] Ils citent pour preuve plusieurs textes écrits par les plus hautes autorités nazies qui voyaient à travers le Pape le porte parole des bellicistes juifs Il est difficile de juger avec les sensibilités actuelles et dans un contexte culturel profondément différent, les choix que la conscience de Pie XII lui suggéra de faire. Le diplomate : un silence stratégique ? D'autres expliquent ce silence par la formation de diplomate de Pacelli et sa confiance dans l'action diplomatique déployée dans toutes les directions par opposition aux déclarations publiques. [...]
[...] Le Père Gumpel, jésuite et rélateur dans le procès pour la béatification de Pie XII rappelle que le Pape n'est pas resté sans agir. En effet, il avait chargé un prêtre de persuader le commandant de l'armée d'arrêter l'opération. Le général envoya alors un télégramme à Himmler pour expliquer que l'opération serait nuisible, parce qu'elle pourrait provoquer une réaction violente. Toutefois, il n'obtient que de différer l'opération que de quelques jours. Le lieutenant Kunkel estime aujourd'hui que parmi les 7000 juifs passés à travers les mailles du filet nazi, beaucoup ont trouvé refuge au Vatican dont les accès sont toujours restés ouverts. [...]
[...] Qu'est ce qui empêchait Pie XII de parachever ce qui avait été déjà bien avancé ? Les interventions de Pie XII : des généralités ambiguës Le Pape a pour principal moyen d'information l'Osservatore Romano qui était un quotidien national tiré à exemplaires en 1940. C'est un faible tirage, mais il est lu par tout le Clergé et son message répercuté en chaire. Son silence est alors vu comme une approbation. Pacelli n'a jamais voulu s'engager pleinement face aux événements qui se déroulent sur la scène internationale. [...]
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