Le boulangisme se nourrit de plusieurs courants politiques et est par la suite affilié, selon les historiens, à diverses traditions politiques. Le boulangisme est indissociable de celui à qui il doit son nom : le général Boulanger. Il s'agit d'un militaire, issu d'un milieu social modeste, ayant étudié à Saint Cyr. Il gravit les échelons de la hiérarchie militaire sans difficulté en participant brillamment à diverses campagnes (Italie, Algérie, Cochinchine et Tunisie). Il réprime la commune, mais est blessé avant la semaine sanglante, ce qui lui permet plus tard de s'afficher en défenseur du petit peuple parisien sans trop de contestations. Devenu général en 1880, Clémenceau appuie sa nomination comme ministre de la guerre en janvier 1886 au sein des gouvernements Freycinet et Goblet.
Sa popularité grandit et effraie les opportunistes au pouvoir qui l'écarte de la vie politique en mai 1887 et l'envoie à Clermont-Ferrand. Dès lors, sa légende s'épaissit et le boulangisme apparait et se structure. Il connait son apogée avec les élections de Paris du 27 janvier 1889 ou Boulanger remporte une victoire écrasante. À partir de cet évènement le mouvement ne fait que décliner : les opportunistes se mobilisent pour « sauver la république » contre ce qu'ils voient comme une aspiration dictatoriale.
Quelques mois plus tard, le 22 septembre 1889, les boulangistes ne recueillent que 44 sièges lors des élections municipales. Boulanger se retire en Angleterre puis en Belgique avec sa maîtresse malade, Marguerite de Bonnemains, sur le tombeau de laquelle il se suicide le 30 septembre 1891.
La mort du général sonne le glas d'une véritable expérience politique. Comment le boulangisme s'inscrit-il dans l'histoire politique de la France ?
[...] Face à un tel dysfonctionnement, l'antiparlementarisme grossit. C. Boulanger : l'homme providentiel Les mécontents de la République sont donc nombreux, ils ne croient plus en la République telle qu'elle est alors appliquée. Paul Cambon écrit d'ailleurs : l'impression générale est que la République est arrivée au bout du rouleau (proche de Jules Ferry). Dans leur désarroi, les Français cherchent un homme qui pourrait trouver le remède à tant de maux, et c'est là que le général Boulanger fait son apparition pour la première fois sur la scène politique en tant que ministre de la guerre janvier 1886). [...]
[...] Une telle situation économique entraîne une réaction des couches populaires. Les travailleurs veulent des réformes sociales qui ne viennent pas, ils s'organisent alors pour avoir plus de poids. C'est le temps des grandes grèves : à Decazeville de janvier à juin 1886, où l'armée est envoyée pour mater les mineurs grévistes et le soulèvement des ouvriers du bâtiment parisien durant l'été 1888. Parallèlement ce sentiment de précarité, le sentiment de revanche se développe. La défaite de 1870 face à la Prusse est encore présente dans tous les esprits, surtout dans les départements de l'Est. [...]
[...] Il peut dès lors se consacrer intégralement à la bataille politique : c'est en fait le véritable acte de naissance du boulangisme. II. Un boulangisme, des boulangismes ? Maintenant que les causes de l'émergence du Boulangisme ont été éclairées, il s'agit de comprendre ce qu'est le boulangisme, ce qu'il propose. Une constatation s'impose alors : le boulangisme rassemble les mécontents de la république opportuniste. Rochefort écrit ainsi dans l'Intransigeant du 11 avril 1888 : Ce qu'on appelle le boulangisme est simplement le relèvement de la fierté nationale Les boulangistes sont donc issus de presque tous les courants politiques, ce qui permet de distinguer en fait plusieurs boulangismes. [...]
[...] Ce gouvernement est objectivement loin d'être un échec, par exemple il met en place l'école de la République et assure une véritable liberté d'expression et de la presse, mais son bilan est obscurci par un certain nombre de déconvenues et de tares propres au régime. Le gouvernement des opportunistes fait de nombreux mécontents. Les patriotes méprisent la politique d'expansion coloniale de Jules Ferry qui en plus n'est pas une réussite éclatante. On lui reproche alors de dilapider l'argent qui pourrait être utilisé à d'autres fins. Quant aux catholiques ils redoutent l'orientation anticléricale prise par la République. Enfin, les radicaux militent pour une véritable politique sociale. [...]
[...] Ainsi de radical, le boulangisme est devenu conservateur, mais il est essentiel de noter que l'électorat du boulangisme est majoritairement de gauche. III. Posterite du boulangisme et interpretations On l'a vu, le boulangisme est un mouvement complexe, multiforme. Dans un premier temps, les républicains ont critiqué et ridiculisé le boulangisme, pourtant le boulangisme est bien plus qu'une simple parenthèse insignifiante. Le mouvement s'inscrit dans l'histoire politique de la France et plusieurs analyses de sa postérité ont été proposées. Le mouvement est également intéressant par ce qu'il apporte à la pratique politique, en termes de campagne électorale notamment. [...]
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