Le 9 décembre 1905, la loi sur la séparation des Églises et de l'État solde le Concordat de 1801 et laïcise ? définitivement ? - la République. Cependant, il est possible de se demander si cette loi est tirée de la prolongation de la politique de laïcisation des gouvernements successifs de la Troisième République, ou si elle résulte réellement de la volonté d'un peuple devenu anticlérical ou indifférent à la religion. La réaction massive que suscite cette loi montre qu'il y avait ? qu'il y a encore ? - un véritable problème de société, qui divise les Français aussi sûrement que la droite et la gauche : la politique doit-elle tenir compte des convictions culturelles de la société ? (...)
[...] * Avec l'Occupation se pose un autre problème : il n'y a plus de religion d'État mais il y a une religion contre l'État, ou plutôt contre l'occupant. Est-ce de l'antisémitisme ou du conformisme, la promulgation des lois discriminatoires ? Il semblerait que le débat ne puisse être encore tranché cependant il faut reconnaître que toute la police française, tout le gouvernement se sont appliqués à les mettre en pratique au dépend de milliers de juifs : il y a bien là une négation totale du principe laïque de l'égalité des droits. [...]
[...] C'est pourquoi les oppositions ne sont pas toutes mécontentes. 1c) L'opposition des Églises : entre la conciliation et le martyr * Il s'agit des Églises : si la loi vise en particulier la religion d'état catholique, les religions protestantes et israélites ne sont pas moins concernées. Or ceux-ci sont pleinement satisfaits de cette loi qui garantit leur liberté et même la renforce. Ainsi, le créateur de la commission de Séparation, Réveillaud, est une grande figure protestante ; les juifs, eux, dont l'Affaire avait mis en avant le caractère vulnérable, sont stabilisés dans leur légalité et leurs droits sous la République : Grunebaum-Ballin seconde Briand. [...]
[...] Conclusion La Loi sur la Séparation des Églises et de l'État met un terme au débat religieux qui avait été d'actualité dans tous les régimes politiques du XIXème siècle. Mais cette décision semble avoir été prise dans la continuité de la laïcisation de l'enseignement plus que par besoin de détacher l'Église catholique de l'État, où elle était également garante d'ordre et de moralité. La séparation, une fois les compromis acceptés des deux côtés, va devenir définitive, sans que pour autant le débat de la laïcité de la République soit clos par la suite. [...]
[...] Ainsi, les religions vont devenir des phénomènes culturels, dont l'influence reste cependant indéniable sur la politique par la masse de réactions qu'elles peuvent susciter, surtout de la part de la rue plus peut-être que des représentants politiques. Bibliographie Histoire de la Laïcité en France Jean Baubérot (Que sais-je PUF) En particulier p.81 à 92 Histoire Politique de la IIIe République Gilles Candar (Collection Repères La Découverte) Contexte politique p.58- La Séparation des Eglises et de l'Etat direction D. de Villepin (Tempus édition Perrin) Les textes fondateurs La Séparation des Eglises et de l'Etat J-M Mayeur (Editions Ouvrières) Ouvrage cité comme référence La République Radicale ? [...]
[...] 1b) Le Rapport Briand : une Séparation en douceur ? * L'issue de cette commission est la présentation d'un rapport à la Chambre, en mars 1905, rédigé par Aristide Briand, socialiste mais déjà en cours de rupture avec Jaurès. C'est ce texte qui sera adopté à la majorité en juillet 1905, après des compromis avec les députés catholiques, en particulier sur l'attribution des biens de l'Église Catholique. La loi est promulguée le 9 décembre 1905 par le Président de la République Émile Loubet. [...]
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