Le 2 décembre 1852, Napoléon III proclame le IInd Empire. La IInde République est définitivement enterrée, mais pas son principal héritage, le suffrage universel, dont Louis-Napoléon Bonaparte est issu. Ce caractère, parmi les principaux du régime, lorsqu'on le confronte avec d'autres tels que les conditions de son instauration, par la force, nous permet de nous demander de façon légitime si le IInd Empire est un régime réactionnaire ou moderne. D'après le dictionnaire de l'Académie française, le régime est la « forme d'organisation politique, sociale et économique d'un Etat » ou encore « la manière de gouverner, d'administrer les États ». Est réactionnaire « ce qui s'oppose au progrès social ou politique, et qui vise à rétablir des institutions antérieures ». Enfin, est moderne ce qui apporte une évolution, ce qui « existe, se produit, appartient à l'époque actuelle ou à une période récente. »
On peut donc se poser la question suivante : quel est l'héritage politique, social et économique du second Empire ? Pour y répondre, nous nous intéresserons dans un premier temps aux éléments de conservatisme qui caractérisent les aspects politiques et sociaux de ce régime, avant de poursuivre par l'analyse des facteurs d'innovation dans ces mêmes domaines. Enfin, la définition de la modernité nous permettra d'étendre notre réflexion en étudiant l'intervention du régime dans la modernisation et le développement économique de la France. Nous replacerons notre étude dans le contexte de l'époque, gardant donc à l'esprit que le IInd Empire fait suite à la IInde République, mais aussi à la Restauration monarchique et à l'Empire
[...] L'impératrice est légitimiste, Jérôme-Napoléon républicain, Morny orléaniste ; je suis moi-même socialiste ! Il n'y a de bonapartiste que Persigny, mais il est fou ! L'héritage politique et social du IInd Empire est donc ambigu : s'il instaure un début de parlementarisme à la fin de sa vie, cela s'explique probablement davantage par les circonstances et l'impossibilité de continuer dans l'autoritarisme plutôt que par les convictions profondes de l'Empereur. En revanche, le développement de l'économie et des infrastructures françaises est bien dû au IInd Empire. [...]
[...] La prise de distances du régime par rapport à l'Eglise participe donc de sa dimension moderne. Sur le plan politique et institutionnel, il se modernise grâce à un accroissement des pouvoirs du Corps législatif, dont l'Empereur souhaite qu'il prenne sa part du fardeau Le décret du 24 novembre 1860 lui accorde un droit d'adresse, les députés votant chaque année, à l'ouverture de la session parlementaire, un texte en réponse au Discours du Trône. De plus, les débats parlementaires sont intégralement publiés dans Le Moniteur du lendemain, suite à un sénatus-consulte du 2 décembre 1861. [...]
[...] Avec ce retour aux principes monarchiques ou impériaux, le régime brise le parlementarisme voulu par les fondateurs de la IInde République. Sur ce plan il est donc réactionnaire. En ce qui concerne la vie politique, les circonscriptions sont découpées judicieusement, de façon à concilier les zones urbaines et les campagnes plus aisément manipulables. Le IInd Empire remet en place la candidature officielle héritée de l'Empire, ces candidats étant distingués par une affiche blanche et disposant du soutien du préfet et des fonctionnaires. Leurs rivaux sont gênés par l'interdiction des réunions publiques et des publications de programme. [...]
[...] Les fonctionnaires doivent prêter serment de fidélité à l'Empereur. Cela créé de la corruption, ceux- ci monnayant leur encadrement de la population contre des décorations et des avancements. Les professeurs sont surveillés par Fortoul, ministre de l'Instruction publique, un certain nombre d'entre eux étant révoqué. Les agrégations d'Histoire et de Philosophie sont supprimées, car dans l'esprit des dirigeants du régime leur étude de la politique constitue un danger. En outre, les préfets surveillent les bibliothèques et le colportage des livres dans les campagnes. [...]
[...] En 1867, la loi sur les sociétés anonymes supprime l'autorisation préalable du gouvernement. Toutes ces mesures permettent à la Bourse de Paris de devenir la seconde d'Europe. Le régime apparaît ainsi comme l'âge d'or de la bourgeoisie, avec la naissance de grandes dynasties industrielles et bancaires : Schneider, Péreire, Talabot, de Wendel La concentration capitaliste permet le développement de la grande industrie. Les nouveaux moyens de communication se développent, tels que la marine à vapeur et les navires de fer. De grandes compagnies de navigation sont créées. [...]
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