« Nous partions pour Paris non seulement pour procéder à la liquidation de la guerre mais aussi et surtout pour fonder un ordre nouveau en Europe. Nous n'avions pas à préparer seulement la paix mais une paix éternelle. Il y avait sur nos têtes comme l'auréole d'une mission divine. »
Harold Nicholson, diplomate britannique, 1923.
Porte-parole de toute une génération fondant ses espoirs dans la Société des Nations, Harold Nicholson illustre par cette phrase le besoin de paix qui a fondamentalement caractérisé l'Europe des années 20. En effet, au lendemain de la Première Guerre Mondiale, les atrocités commises font émerger la nécessité de construire un ordre nouveau en Europe instaurant une paix durable et inspirée des idéaux de Woodrow Wilson.
Malgré des désaccords entre les puissances le pacte de la Société des Nations est adopté en avril 1918 et sera intégré aux différents traités de paix. Cependant, rapidement la diplomatie wilsonienne va se voir confrontée à des difficultés. Le système international demeure fragilisé et face à l'impuissance de la SDN, on va assister à un retour des règles du jeu traditionnel du Concert européen mais qui tend à être mieux organisé. Paradoxalement, le retour vers un équilibre européen va favoriser le bon fonctionnement de la SDN. Cependant, cette euphorie diplomatique va être de courte durée et l'équilibre européen va se retrouver menacé par la persistance des égoïsmes nationaux exacerbés par la rancœur de « l'ordre versaillais.
Dans quelle mesure les fragilités de la Société des Nations et son incapacité à s'imposer comme un organe de régulation des relations internationales ont-elles fait émerger les contours d'un nouveau « Concert européen », système qu'elle avait pourtant tenté d'éradiquer au lendemain de la guerre et qui finira par échouer aussi?
En d'autres mots, il s'agira de montrer dans quelle mesure les faiblesses de « l'ordre versaillais » et de la SDN ont provoqué des déséquilibres au sein du continent européen entrainant la mise en place d'un nouveau « concert européen », cherchant à rétablir un équilibre en s'organisant mieux que le premier, mais qui sera tout de même détruit par la persistance des égoïsmes nationaux.
[...] En effet, cette paix de type nouveau était moralisatrice et avait pour but de reconstruire une stabilité européenne basée sur une sécurité collective. Pourtant, nous nous demanderons s'il n'aurait pas mieux valu tenir compte des notions traditionnelles d'équilibre et de prudence de l'ancien concert européen. β. La reconnaissance des peuples. Cette rupture avec l'ancien concert européen s'est également exprimée grâce à une reconnaissance du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, En effet, auparavant c'était le Concert européen qui reconnaissait dans sa sagesse les nouvelles nations et il existait un droit d'ingérence afin de maintenir une certaine stabilité à l'échelle européenne. [...]
[...] De la même façon en 1920, Millerand met en place une action multilatérale avec l'Allemagne. Le retour à la diplomatie traditionnelle fut marqué par les accords de Locarno signés en 1925. Le pacte de Locarno illustra l'échec de la diplomatie wilsonienne et de l'ordre versaillais et le retour vers un nouvel équilibre européen. B. Le pacte de Locarno ou l'échec de la diplomatie wilsonienne : vers un équilibre européen retrouvé ? 1. Le pacte de Locarno en rupture avec l'ordre versaillais α. L'esprit de Locarno ou l'euphorie diplomatique. [...]
[...] Le second souffle de la SDN ou la détente européenne. A partir de 1924, le changement d'ambiance internationale et les bonnes relations entre les puissances européennes vont favoriser la mise en place d'un équilibre européen et jusqu'en 1930 on pourra même parler de période de détente du climat politique européen. Les ambitions nationales des grandes puissances semblent s'équilibrer entre elles et la stabilité européenne va permettre de donner un second souffle à cette Société des Nations qui semblait avoir été dépassée par les événements dès sa création. [...]
[...] Finalement, à ces problèmes institutionnels s'ajoute le fait que le pacte reste ambigu sur les actions collectives à entreprendre contre toute agression En effet, nous verrons qu'une des imperfections de la SDN réside dans ses fragilités quant à la question de l'armement et de la sécurité collective. Ainsi, la SDN dès sa création, tenté d'instaurer un nouveau système plus apte à maintenir la paix. Malgré quelques difficultés initiales et la perte de sa dimension universaliste, elle a cherché à offrir un nouveau souffle à l'Europe. S'insérant dans le contexte des traités de paix de 1919-1920, il s'agit donc de voir si elle est parvenue à assurer une nouvelle stabilité au continent. [...]
[...] Turbulente Europe et Nouveaux Mondes.1914-1941. Armand Colin, Paris 1988. P 58. Albert Thibaudet, Sur la démobilisation de l'intelligence, La NRF, 1er janvier 1920, p. 132-135. GIRAULT ROBERT F. Turbulente Europe et Nouveaux Mondes.1914-1941. Armand Colin, Paris 1988. P 63. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture