À l‘article « Science » du Dictionnaire des idées reçues, Flaubert écrit: « Un peu de science écarte de la religion, beaucoup y ramène ». Cette formule, pleine de cynisme traduit parfaitement la position centrale et paradoxale qu'était celle de la science au tournant du XXe siècle. Soutenue par le courant positiviste, la science, qui désigne à l'époque l'ensemble des disciplines dites exactes, connaît un véritable essor au XIXe et entre peu à peu dans le quotidien, réorganisant, simplifiant et modernisant les modes de vie.
Mais ce sont avant tout les avancées scientifiques spectaculaires qui s'apparentent à de véritables « séismes intellectuels » remettant en cause les cadres traditionnels de la pensée qui vont définir à la science une nouvelle place dans la société. Elle s'oppose tout au long du XIXe avec sa rivale historique, la religion. Mais ce « conflit intellectuel » est d'autant plus marquant que la science s'aventure désormais sur le terrain de la religion tant par ses explications du monde que par ses objectifs pour l'Homme.
On attribue désormais à la science un vocabulaire religieux, parlant fréquemment de « foi absolue » dans le progrès. Néanmoins, si l'engouement pour la science et la modernité qu'elle véhicule est un phénomène majeur de la fin du XIXe, les cadres traditionnels de pensée résistent. Les attaques rationalistes de « fanatisme » faites à la religion semblent même se retourner contre la science dès les années 1890. La science serait-elle devenue à son tour une religion à la fin du XIXe ? Le scientisme est-il une nouvelle forme de religion?
[...] En défendant une Histoire positiviste et scientifique, Fustel de Coulanges se place ainsi dans la lignée de von Ranke et des universitaires de l'école de Berlin comme Mommsen ou Droysen. Il défendra sa conception du scientifique-historien auprès de Duruy, Renan, Taine ou Lavisse dans la Revue historique fondée par Gabriel Monod en 1876. L'histoire méthodique fut par la suite théorisée par Langlois et Seignobos dans l'Introduction aux études historiques publié en 1897. Mais les méthodes positivistes ne touchent pas uniquement la science historique Tous les domaines sont réorganisés et réorientés et de nouvelles disciplines apparaissent. [...]
[...] La foi se fait plus démonstrative et plus chaleureuse: on assiste à un renouveau du culte marial et une pratique accrue des sacrements. Cette foi est alimentée par une multiplication des miracles, principalement des apparitions de la Vierge, dans la seconde moitié du XIXe siècle. La Alette (1846), Lourdes (1858), Pontmain (1871) et Fatima (1917) deviennent ainsi des lieux de pèlerinages catholiques. On assiste aussi, dans un contexte d'expansion coloniale, à une forte augmentation des congrégations religieuses liée au mouvement des missions religieuses catholiques et protestantes vers l'Asie et l'Afrique. [...]
[...] Il est particulièrement représentatif de cette crise du rationalisme qui a des échos dans le monde littéraire. Les écrivains du groupe de Médan se font de plus en plus critiques vis-à-vis de leur ancien mentor Zola, dénonçant les excès de la littérature véridique Maupassant dans sa préface de Pierre et Jean (1888) soulignera l'impossibilité de la totale objectivité pour un écrivain. Huysmans, pourtant très proche du naturalisme à ses débuts avec Marthe, histoire d'une fille, se tourne vers le spirituel dans là bas puis dans La Cathédrale. [...]
[...] La découverte de la période glacière par Louis Agassiz dès 1837 prolongée par les travaux de Lyell sur l'évolution des couches terrestres qui publie L'ancienneté de l'homme prouvée par la géologie (1870) et surtout le séisme intellectuel que constitue la publication de L'origine des espèces de Darwin en 1859 sont autant de chocs pour la foi chrétienne. Comment les idées créationnistes et fixistes peuvent-elles survivre après autant d'attaques intellectuelles? Là est le paradoxe de la fin du XIXe siècle où on est loin d'assister à un déclin total du religieux. Il est tout d'abord nécessaire de nuancer l'impact des découvertes scientifiques sur le grand public Si elles font l'unanimité dans le milieu scientifique lui-même, les classes supérieures sont restées très conservatrices et entretiennent des liens très proches avec l'Église responsable d‘une véritable chape de plomb intellectuelle. [...]
[...] Par ailleurs, les idées positivistes vont trouver un relais politique dans l'anticléricalisme dont elles fonderont la base philosophique. Enfin, l'idée d'un Progrès tout puissant et salvateur sera exaltée dans les manuels scolaires très influencés par la philosophie positiviste et nourrira l'imaginaire à travers les récits fantastiques de Verne. Les Expositions universelles constituent de véritables mises en scène du Progrès, reliant symboliquement dans les mentalités innovations techniques, avancées scientifiques et modernité . Le rationalisme comme foi La fin du siècle du XIXe siècle est marquée par un double mouvement entre positivisme et sciences. [...]
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