IIIe République, corruption, scandale de Panama, XIXe siècle, Ferdinand de Lesseps, parlementaires français, Compagnie de Panama, canal, affairisme, député Gauthier
En 1892, un retentissent scandale ébranla la toute jeune IIIe République et provoqua un véritable séisme politique et moral. Le scandale de Panama, vaste affaire de malversation et de corruption, révéla les symptômes d'une société gangrenée par le pouvoir de l'argent. Lorsqu'en 1881, l'un des plus grands chantiers du XIXe siècle débuta, on était loin d'imaginer ce qui constituerait plus qu'un échec, mais une véritable débâcle.
Ferdinand de Lesseps, le héros du canal de Suez, rêvait de creuser un canal à Panama. Après la constitution en juillet 1879 de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama chargé de collecter les fonds nécessaires pour financer le projet, le chantier pu démarrer. Mais Ferdinand de Lesseps n'anticipa pas un certain nombre de paramètres qui le menèrent à la catastrophe : des conditions climatiques et géologiques rigoureuses, des épidémies qui décimèrent une partie du personnel, et surtout une très mauvaise gestion du financement des travaux.
[...] II/ Le scandale de Panama : un séisme politico-financier A. Un procès retentissant Peu de temps après la dissolution de la Compagnie de Panama, la volonté du gouvernement est d'étouffer l'affaire. Mais un député, Gauthier, réclame des comptes quant aux 718 millions de francs qui ont disparu dans la nature et dont on ne peut justifier l'emploi. Le député Delahaye entre en scène et dénonce nombre de ses confrères. Une commission d'enquête est finalement constituée. Celle-ci établit le rôle de Reinach, qui a été le principal conspirateur du parlement. [...]
[...] En avril 1888, la Compagnie agonisante tente une ultime fois une émission. Mais il est déjà trop tard. Ferdinand de Lesseps se tourne vers le gouvernement, pour reculer les échéances de remboursement de la dette, mais la chambre des députés reste sourde à cette proposition. En décembre 1888, les travaux sont arrêtés. Le 5 février 1889, la Compagnie de Panama est liquidée. C'est la chute d'un homme, Ferdinand de Lesseps, et de sa famille, mais aussi celle de tout un système lorsque le scandale éclate. [...]
[...] La déroute du canal de Panama, précédée par la chute de l'Union générale en 1882, entraîne la naissance d'un discours social critique sur l'argent. Damien Blic, dans son article Moraliser l'argent. Ce que Panama a changé dans la société française (1889-1897), propose d'employer le terme antichrémastistique pour qualifier cette attitude. Il s'appuie sur la conception de Max Weber, pour qui l'argent est devenu un devoir impératif pour l'homme. Le XIXe siècle voit toute une génération d'intellectuels se rapproprier ce discours : c'est le cas par exemple de Vallès, de Péguy, et de Zola qui fait dire à son héroïne, Caroline : l'argent, l'argent roi, l'argent Dieu, au-dessus du sang, au-dessus des larmes, adoré plus haut que les vains scrupules humains, dans l'infini de sa puissance Le scandale de Panama renforce ce discours : on découvre en effet la corruption du monde parlementaire, la vénalité de la presse, l'existence d'intermédiaires sans scrupules issus du monde financier . [...]
[...] Le XIXe siècle correspond en effet à une période de démocratisation boursière et financière. On assiste à un développement de plus en plus fort des valeurs mobilières qui deviennent la forme d'épargne préférée des Français. Parallèlement, les réseaux chargés de distribuer ces valeurs se développent, notamment les banques. C'est donc un public beaucoup plus large qui est visé, voire la nation tout entière. Les promoteurs du canal de Panama vont d'ailleurs s'approprier cette idée : La France entière s'est pour ainsi dire associée pour l'exécution du canal maritime de Panama écrit ainsi Ferdinand de Lesseps dans un rapport d'une assemblée d'actionnaires. [...]
[...] Le scandale de Panama a donc, d'une certaine façon, profiter à la France. Bibliographie : Garrigues Jean , Les patrons et la politique ans de liaisons dangereuses, Perrin, Paris Blic Damien, Moraliser l'argent Ce que Panama a changé dans la société française (1889-1897), Politix, 2005/3 p. 61-82. DOI : 10.3917 /pox Degos Jean- Guy et Prat dit Hauret Christian, L'échec du canal de Panama Des grandes espérances à la détresse financière, Revue française de gestion, 2008/8 188-189, p. 307-324. DOI : 10.3166 /rfg.188- 189.307 -324 Martin Marc, Retour sur l'abominable vénalité de la presse française Le Temps des médias, 2006/1 p. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture