La Sainte-Alliance, qui marque le début du XIXe siècle, est la première organisation européenne de sécurité collective, dont le moteur est la crainte d'un retour des guerres napoléoniennes (crainte exacerbée après l'épisode des Cent-Jours). Pourtant, si la tentative se révèle fructueuse dans les premières années, l'Alliance ne perdure pas longtemps.
Ainsi, qu'est-ce que la Sainte-Alliance et pourquoi disparaît-elle si vite ? C'est en fait la cause de sa création qui entraîne sa mort : une fois le risque d'un retour de Napoléon supprimé, l'Alliance est en proie aux dissensions et divergences de toutes sortes.
On fait souvent débuter le temps de la Sainte-Alliance par le traité éponyme du 26 septembre 1815. Signé à Paris, ce pacte mystique à l'initiative du tsar Alexandre 1er unit ce dernier à l'empereur d'Autriche François Ier et au roi de Prusse Frédéric-Guillaume III. Les principes chrétiens qui unissent les trois monarques, « liens d'une fraternité véritable et indissoluble » (article 1er), doivent dicter leur politique. Le pacte stipule que les signataires se prêtent désormais « assistance, aide et secours » (article 1er).
[...] L'esprit de la Sainte-Alliance prend donc sa source dès 1804. Le péril napoléonien soude la quadruple alliance et éteint les différends entre Alliés La collaboration militaire contre l'empire français devient le socle de la Sainte-Alliance. Le quadruple alliance entre Russie, Autriche, Prusse et Grande-Bretagne est conclu à Chaumont le 9 mars 1814. Le 30 mai 1814, un traité des quatre Puissances fixe le sort de la France vaincue et entame les négociations avec Louis XVIII. Il y est prévu la réunion du congrès de Vienne ouvert aux Etats concernés par la guerre. [...]
[...] Même si le traité dont elle porte le nom date de 1815, c'est bien plus tôt qu'il faut chercher l'impulsion de l'alliance. Dès 1804, la Russie négocie avec l'Angleterre face au péril napoléonien. Le tsar et son ministre des Affaires étrangères (Adam Czartoryski) s'accordent avec le gouvernement de Pitt sur le projet d'une ligue à laquelle adhéreront tous les Etats qui désireront réellement rester en paix (on peut le lire dans les Instructions secrètes du 11 décembre 1804 à M. de Novosiltsov, envoyé à Londres). [...]
[...] En affirmant poursuivre un but commun, les Alliés effacent leurs conflits. Ils se tournent vers Louis 18 et élargissent temporairement l'Alliance, notamment à l'Espagne (30 mars), le Danemark et certains Etats allemands. Ce renouveau de l'Alliance est confirmé par la Convention signée à Paris le 20 novembre 1815. En plus d'affermir la coalition, celle-ci introduit une procédure de congrès. Les monarques ou leurs ministres participent physiquement à ces délibérations collectives sur les intérêts de l'Europe (non plus par l'intermédiaire des ambassades). [...]
[...] En effet, la Grande-Bretagne n'est pas la seule à se dérober en se libéralisant : l'ardeur révolutionnaire atteint la Russie, et l'attrait des idées nouvelles se manifeste notamment par le développement des sociétés secrètes, interdites en 1822 par le tsar. Si la Sainte-Alliance prend son essor en Russie (grâce au tsar Alexandre et à son ministre Czartoryski), c'est également ici qu'elle meurt. On ne peut pas dater avec précision cette mort : elle disparaît au fur et à mesure qu'elle se vide de son sens et de son contenu les conventions qui l'instituent n'ont jamais été abrogées, et il n'y a pas d'acte officiel stipulant la fin de l'Alliance. [...]
[...] Lors de ce même congrès, la question du Nouveau-Monde est également factrice de conflit. En effet, les colonies espagnoles d'Amérique latine s'émancipent et créent de nouveaux Etats républicains. Par leur ouverture sur l'Atlantique, la GB et dans une moindre mesure la France gagneraient d'une telle émancipation, à l'inverse des autres Alliés. La Russie s'oppose à l'indépendance des colonies espagnoles et cherche à convaincre les USA du bienfait d'un rétablissement de l'ordre en Amérique latine. En et 1819, les tsars essayent d'obtenir leur accession au pacte de la Sainte-Alliance. [...]
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