Le sacre de Napoléon est l'aboutissement de plusieurs années de carrière politique du général républicain Bonaparte. Premier consul, Bonaparte acquiert une popularité importante grâce à la signature de la Paix d'Amiens. Une popularité qui lui permet de concentrer progressivement dans ses mains un pouvoir important. La constitution dite de l'An XII fait de Napoléon l'empereur des Français et le sacre du 2 décembre 1804 vient mettre le point final à la constitution du nouveau régime.
Cet évènement et le personnage de Napoléon ont marqué l'histoire européenne et ont été la source de productions historiques, littéraires et artistiques très abondantes élevant le personnage et son sacre au quasi-rang de mythe.
Mais ce sacre, rappelant par certains aspects l'Ancien Régime, suit une période politique et économique troublée, et riche de nouvelles idées. C'est pourquoi on va se demander dans quelles mesures le sacre du 2 décembre 1804 est-il le symbole d'un régime nouveau hérité de l'histoire de France et de la révolution.
[...] Il ne veut pas faire renaître le vieux conflit du spirituel et du temporel. Il s'agit de consolider la révolution et non pas de la sanctifier. Mais chez Napoléon, l'autocouronnement poursuit principalement un autre objectif. Dans son esprit, cela permet à la fois de garder les aspects extérieurs d'une formule traditionnelle, de mettre en scène une prise de pouvoir dont il est le seul à revendiquer la paternité et de consacrer des principes dont il se veut l'unique représentant. Qui plus est, et pour bien marquer une rupture, le mouvement solennel sera cette fois effectué face aux spectateurs, le dos au maître autel, ainsi il ne couronnera pas en face de Dieu. [...]
[...] Dans le sacre de Napoléon, il est plutôt inspiré par les usages du Saint-Empire romain germanique et confère une dimension plus impériale aux insignes. La présence des honneurs de Charlemagne au sacre impérial atteste de la volonté de Napoléon de relier le nouvel Empire au souvenir de Charlemagne, premier empereur carolingien dont la popularité n'avait pas été entamée par la révolution. Toute cette présence symbolique a donc un certain rôle de légitimation du pouvoir de Napoléon et de son accession au trône d'empereur. [...]
[...] Leurs intérêts sont relayés par les conseils artistiques du peintre David dont le rôle pendant la terreur est connu de tous et qui pour le sacre est chargé de conseiller dans le choix des costumes. Se référant directement à la temporalité révolutionnaire, l'empire assume entièrement son origine politique. Le calendrier républicain est toujours en vigueur. L'Empereur lui-même se refuse à ce que l'on substitue la date de l'ancien calendrier à celui du nouveau qui, précise-t-il est celui de l'empire Et en effet, avant les modifications du au retard du pape, la date choisie pour le sacre était le 18 brumaire an XIII ou du moins le premier dimanche suivant. [...]
[...] Un certain nombre d'entorse à la tradition reflète bien la volonté de Napoléon. Ainsi, l'Empereur n'effectue pas de nuit de veille avant la cérémonie, car il doit, se marier. Il n'est pas réveillé par les dignitaires chargés de la conduire à la cathédrale dans un grand lever royal mais par son valet de chambre ; il ne porte pas non plus la chemise de toile de Hollande qu'aurait dû lui passer le grand chambellan mais fait son entrée à Notre-Dame avec son grand costume ; il ne reçoit pas l'onction traditionnelle, mais simplement sur la tête et sur les mains ; enfin, il ne fait aucun baise-main. [...]
[...] Avant de conclure, il peut sembler important de revenir sur l'autocouronnement de Napoléon. En effet, en entrant la couronne sur la tête et vêtu du grand manteau, l'Empereur n'ignore pas qu'il détourne le rituel de son sens premier. Et en faisant marcher le pape sur le sol de Notre-Dame, il sait aussi que son invité perd toute signification mystique auprès des fidèles. L'invitation officielle adressée à Pie VII est pour cela éloquente : elle a bien précisé que seul le caractère de la religion sera requis ; que le pape conférera simplement et uniquement un nouveau lustre à la cérémonie. [...]
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