Mais le legs paternel n'est pas que contextuel : il comprend également une Russie socialement et économiquement archaïque. Le revers en Crimée met en lumière le retard structurel d'une autocratie expansionniste délaissant modernisation du territoire et libéralisation d'un peuple asservi (...)
[...] La Russie touche dorénavant à la Perse et à l'Afghanistan et inquiète la Grande- Bretagne qui se sent menacée et en Inde et est décidée à ne pas la laisser s'approcher de la frontière afghane. Vient ensuite la pénétration en Extrême-Orient. Le tracé de la frontière entre la Chine et les frontières russes a été fixé en 1689. Des colons russes sont incités à s'installer dans le bassin de l'Amour et sur la côte pacifique et des points d'appui en territoire chinois sont fondés. La Chine se voit imposer des traités inégaux. En 1875, le Japon cède à la Russie la partie méridionale de l'île de Sakhaline en échange de l'archipel des Kouriles. [...]
[...] Des collèges avec un seul cycle de quatre ans accueillent les enfants des milieux les moins favorisés. Le Statut des Universités (1863) donne à celles-ci une très large autonomie et quelques franchises. Elles sont désormais ouvertes à tous Restructuration de l'armée : le ministre de la Guerre, Milioutine, s'attaqua au problème dès 1861, mais il lui faudra 10 ans pour réussir, de réforme en réforme, à doter la Russie d'une armée moderne : élévation du niveau culturel des officiers, éducation des soldats, amélioration des rations alimentaires et de l'état sanitaire, réduction mais universalisation du service militaire qui passe de 25 à 6 ans (1874). [...]
[...] Alexandre II se veut le Tsar de toutes les Russies et met en place la politique de russification essentielle pour maintenir un semblant de cohésion nationale. Une Pologne opprimée : La liberté pour les Polonais n'est pas l'abolition du servage mais l'affranchissement national. Ne prenant pas au sérieux cette vision romantique, Alexandre II a jugé possible d‘adoucir l'application du Statut organique. Dès 1861 les affaires prennent une tournure grave, avec de nbx heurts entre manifestants polonais et troupes de police russes. [...]
[...] Alexandre II les accomplit avec plus ou moins de réussite. Ce qui est regrettable, c'est que l'échec sur le LT d'une réforme comme l'abolition du servage, nous montre à quel point le peuple russe est embrigadé par un pouvoir tout-puissant. Cette perestroïka du 19ème siècle fut confrontée aux mêmes blocages que rencontra Gorbatchev un siècle plus tard. Révolution par en haut plutôt que révolution par en bas, tel a été l'enjeu du projet d'Alexandre II, réformateur entre deux autocrates. Assassiné, il n'a pu aller au bout de son œuvre, mais il a révolutionné la Russie plus qu'aucun tsar. [...]
[...] En apprenant la nouvelle, Alexandre II s'écrie : Que je suis malheureux ! Je suis forcé de répandre le sang sans gloire. Ni les promesses de clémence ni les représailles ne suffisent plus pour arrêter le drame. Lorsque le Comité secret polonais, élevé en gouvernement national, place sur son sceau les armes de la Lituanie + Ruthénie, provinces russes, les dés sont jetés : la parole est aux armes. La répression est cruelle et implacable. Toutes les administrations sont rattachées à celle de Saint-Pétersbourg, les couvents ferment, et le Tsar doit même rompre en 1866 le Concordat suite aux protestations de Pie IX. [...]
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