« La Russie impose son retour sur la scène internationale en jouant avec une certaine brutalité de ses atouts ». Si Nicolas Sarkozy comme de nombreux chefs d'Etat perçoit une montée en puissance de la Russie, peu sont ceux qui réussissent à cerner réellement sa politique extérieure. Celle- ci, nébuleuse, témoigne peut-être du manque de confiance de cette nation qui peine à se relever de l'humiliation de 1991.
Si la Russie a connu un redressement économique et financier spectaculaire depuis 1999, Poutine ne lui a pas permis de progresser dans le processus de sortie d'empire : sa volonté d'exploiter les rapports de force a souvent été nuisible au développement d'une coopération avec ses partenaires. De facto, la Russie n'a toujours pas trouvé sa place au sein du monde euro-atlantique et son rôle de médiateur entre Orient et Occident, tellement espéré par Poutine, n'est aujourd'hui qu'un mirage. Dans ce contexte délicat, la Russie semble pourtant pleine d'ambitions mais les atouts qu'elle met en avant, sur un échiquier géopolitique mondial qui ne semble pas lui laisser beaucoup de place, sont parfois ambigus. En d'autres termes, la Russie a-t-elle les moyens de ses ambitions ?
[...] Les négociations politiques entre la Russie et l'UE sont souvent longues et complexes surtout depuis que l'Union européenne a intégré des anciens satellites soviétiques. Début 2008, les divergences entre les deux entités sur la question de l'indépendance de la province serbe du Kosovo, soutenue par la majorité des membres de l'UE, ont également vu le jour. La présence de troupes russes en Géorgie suite au conflit d'août 2008 en Ossétie a conduit l'UE à geler les pourparlers sur le nouveau partenariat stratégique avec la Russie. [...]
[...] Il apparaît donc qu'une rénovation et une modernisation des liens avec les pays de l'ex- URSS s'imposent. Cet objectif de renouer des liens forts avec ces pays faisant autrefois partie intégrante de l'URSS passe par la création d'alliances telle que la Communauté des Etats indépendants (CEI). La Communauté des Etats indépendants, créée en 1991, regroupe toutes les anciennes républiques soviétiques sauf les pays baltes aujourd'hui membres de l'Union Européenne et de l'OTAN. La CEI ne représente cependant pas un ensemble homogène et reste une association d'Etats aux objectifs vagues et à l'influence collective limitée. [...]
[...] Cette vision internationale qui se répand progressivement dans le peuple russe est fondée sur un triptyque : rejet d'un monde unipolaire, refus de s'accommoder du déclin, et sentiment d'agression de la part des Occidentaux. On comprend que cette conception simplificatrice est le terreau pour un nationalisme exacerbé. Ainsi, le succès économique et la politique de Poutine ont permis de ressusciter le sentiment de fierté nationale du peuple russe, qui a soutenu de manière dithyrambique son président et a repris confiance en lui, désormais persuadé que la Russie pet faire de grandes choses. Des réussites internes indéniables, pouvant toutefois être nuancées 1. [...]
[...] De plus le 17 août 1998, la Russie est affectée par la crise financière venue d'Asie. Cela provoque une fuite des capitaux et affaiblit encore le rouble. Cette crise s'explique par les réformes ultralibérales imposées par le FMI, et donc une exposition nouvelle aux chocs internationaux mais aussi par la corruption des dirigeants, des oligarques et des mafias. Boris Eltsine renforce peu à peu le pouvoir présidentiel et va jusqu'à réprimer certains opposants. Une nouvelle constitution est promulguée le 25 décembre 1993 et consacre ce rôle prééminent du président. [...]
[...] Cependant, les déséquilibres régionaux persistent. Les privatisations des années 1994-1998 sont majoritairement perçues comme illégitimes et le rapport de la Cour des Comptes russe montre le caractère souvent illégal des procédures de privatisation. Cette crise de légitimité a retardé les investissements car les nouveaux propriétaires étaient réticents à réinvestir leur profit. Entre 1999 et 2003, les PME ont autant investi que les grands groupes issus de la privatisation. Vladimir Poutine a poussé les investisseurs à se comporter en vrais entrepreneurs, à respecter la discipline fiscale et à ne plus intervenir en politique. [...]
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