Depuis la fin du dix-neuvième siècle, le Royaume-Uni est de plus en plus contraint à se rapprocher du continent. Certes, le Royaume-Uni est encore, au début du vingtième siècle, une très grande puissance, mais son déclin relatif est déjà amorcé, face aux Etats-Unis, à l'Allemagne, voire au Japon. Après la Première Guerre mondiale, le Royaume-Uni tente à nouveau de prendre ses distances vis-à-vis de l'Europe, cette politique étant considérée comme le meilleur moyen de préserver ses institutions libérales, son commerce et sa sécurité.
I) Du projet Briand à la fin des années 1940.
A. Vers le projet d'Union occidentale.
Le projet Briand suscite peu d'enthousiasme chez les Britanniques. Les Britanniques redoutent en effet qu'un pareil plan ne nuise à leurs liens spéciaux avec le Commonwealth et n'irrite les Américains. D'un point de vue politique, le Royaume-Uni est intéressé par la coopération politique pour préserver la paix, mais souhaite utiliser des méthodes plus traditionnelles. Dans les années 1930, la crise met fin aux projets de coopération européenne, mais quelques personnalités restent favorables à une union européenne. Ernest Bevin, alors syndicaliste, estime qu'un marché européen unique pourrait améliorer l'emploi. D'autres Britanniques, comme l'archevêque William Temple sont favorables à une union mondiale des démocraties.
En juin 1940, juste avant la capitulation française, le Royaume-Uni offre à la France une union indissoluble, avec citoyenneté commune, unité impériale, gouvernement unique. Cette proposition est élaborée, entre autres par Jean Monnet. Mais cette proposition est rejetée par les Français qui redoutent une manoeuvre pour s'emparer de leur empire et sont alors convaincus que la victoire allemande est de toute façon inévitable. L'union indissoluble n'est donc pas réalisée. À partir de 1941 est discutée l'idée d'un bloc occidental qui serait dirigée par les Britanniques. Ironiquement, l'idée semble avoir été suggérée par Staline lui-même en décembre 1941. À cette date, Staline voit dans l'installation de bases britanniques en Europe occidentale après la guerre un moyen de contrôler l'Allemagne et aussi de faire accepter au Royaume-Uni la prédominance soviétique en Europe orientale, ce qui est son objectif prioritaire. Cette idée d'un leadership britannique est aussi acceptée par des hommes politiques d'Europe occidentale et septentrionale exilés au Royaume-Uni comme Trygve Lie (Norvège) Geloo van Kleffens (Pays-Bas) qui veulent un nouveau système européen de sécurité européen pour éviter la répétition des victoires allemandes de 1939 et 1940.
Le Foreign Office est intéressé par un bloc occidental qui partagerait après la guerre le fardeau de contenir l'Allemagne, fournirait au Royaume-Uni une défense en profondeur sur le continent et renforcerait l'influence mondiale du Royaume-Uni en faisant le porte-parole de l'Europe occidentale (...)
[...] Le Royaume-Uni se tient donc à l'écart des mesures qui lui semblent trop fédéralistes. Il ne ratifie ainsi pas les accords de Schengen (janvier 1990). Margaret Thatcher se sépare par ailleurs du ministre des affaires étrangères, Geoffrey Howe, jugé trop europhile La réunification allemande accroît les problèmes de Margaret Thatcher. Une vieille peur britannique réapparaît, celle d'une domination allemande assurée par le biais de la construction européenne. Margaret Thatcher déclare même en janvier 1990 espérer que la réunification ne se ferait pas avant une dizaine d'années. [...]
[...] Pourtant, quand Harold Wilson (premier ministre travailliste de 1964 à 1970 puis de 1974 à 1976) devient premier ministre en octobre 1964, une nouvelle demande d'adhésion des Britanniques semble improbable. La situation change pourtant dès 1965. Le Royaume-Uni souhaite mette fin à la rivalité entre blocs commerciaux en Europe occidentale. Mais les discussions qui reprennent en 1965 sur la possibilité de lier CEE et AELE ne vont pas loin : les Etats de la CEE perdraient beaucoup plus qu'ils ne gagneraient en donnant aux Etats de l'AELE l'accès à leur marché. [...]
[...] L'Eire et la Grèce, relativement sous-développées, ont obtenu une aide économique de la CEE. Comme l'Allemagne, l'Espagne et le Portugal voient dans l'Europe un moyen de renforcer leurs démocraties. Les Britanniques ne deviennent par ailleurs jamais l'un des moteurs de l'Europe. Un lieu commun veut que le Royaume-Uni aurait pu, s'il l'avait voulu, diriger l'Europe. C'est en fait peu probable. La France se méfie du Royaume- Uni et veut diriger elle-même l'Europe en coopérant avec l'Allemagne. Cette association franco-allemande est d'ailleurs, pour le Royaume-Uni, une gêne. [...]
[...] Le Royaume-Uni donne souvent l'impression de s'intégrer malgré lui en Europe et cette impression n'est certainement pas tout à fait fausse. L'Europe n'est pas pendant longtemps une option privilégiée par le Royaume-Uni qui, jusqu'à la fin des années 1950, s'accroche à son rôle mondial. Il faut préciser que, jusqu'alors, cette politique peut sembler s'appuyer sur des facteurs objectifs. Jusqu'au milieu des années 1950, le Royaume-Uni est l'Etat le plus riche d'Europe, le Commonwealth paraît encore intéressant et le Royaume-Uni croit à sa proximité avec les Etats- Unis. [...]
[...] John Major réserve, pour son pays, la possibilité de se prononcer, pour ou contre, le moment venu. Réélus en 1992, les conservateurs doivent s'occuper des questions monétaires. La livre est entrée en octobre 1990 dans le SME, mais à un niveau trop élevé, ce qui entraîne une crise économique et le départ en septembre 1992 de la livre du SME. Ce départ permit une vigoureuse reprise économique à partir de 1993. Mais cette affaire renforce évidemment l'attachement de beaucoup de Britanniques à une livre sterling complètement indépendante. [...]
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