Au sortir de la Première Guerre mondiale, la Roumanie concentre les espoirs des Alliés. Les promesses faites par le roi Ferdinand laissent peu de doutes quant à la démocratisation du pays : suffrage universel masculin, réforme agraire, nouvelle Constitution séparant les trois pouvoirs… La Roumanie joue ainsi un rôle primordial dans le « cordon sanitaire » censé contenir l'URSS, d'autant plus qu'elle bénéficie de gains territoriaux considérables grâce aux différents traités consécutifs à la guerre. Cependant, cet élan démocratique oublie les réalités du pays, à savoir une masse de populations extrêmement diverses, très peu éduquées et n'ayant pas l'habitude de participer à la vie politique, en même temps que des inégalités sociales considérables qui traversent l'ensemble de la société.
L'autoritarisme politique et le fascisme dans la Roumanie de l'entre-deux-guerres exercent alors un attrait indéniable pour les dirigeants de ce pays. Les tentations d'autoritarisme politique sont nombreuses, même au sein des partis dits démocratiques, alors que des mouvements fascistes se développent au même moment dans les milieux intellectuels, sachant gagner à leur cause la jeunesse des années 1920. Ce fascisme roumain, s'il emprunte bien au modèle italien le nationalisme intransigeant et le culte du chef, se démarque cependant par un antisémitisme virulent et un christianisme de croisade. La crise économique de 1929 et ses conséquences dans les années 1930 marquent un réel tournant pour le fascisme roumain : il peut alors rallier à lui les masses populaires déçues et sans ressource. Mais c'est sans compter sur la montée sur le trône du roi Carol II, dont les visées autoritaristes se concrétisent par le coup d'Etat de 1938, où il instaure alors une dictature royale. Comment expliquer une évolution aussi radicale de la nature du pouvoir politique en à peine vingt ans ? Pourquoi un tel succès des mouvements d'extrême droite dans ce pays ?
[...] Mais jamais cette formation ne dépasse le respect des institutions traditionnelles comme la monarchie, l'armée ou l'Eglise. À l'inverse, la branche jeune de cette formation, prise en main par le disciple de Cuza, Codreanu, s'organise en formation para-militaire. L'ambition de Codreanu est de mobiliser l'ensemble de la société au sein d'un parti fortement structuré et obéissant à son chef charismatique. Pour se faire, Codreanu fonde la Légion de l'Archange Michel en juin 1927. A ses débuts, de 1927 à 1929, la Légion n'a aucune troupe et est marquée par un élitisme contraint. [...]
[...] Les partis politiques pouvaient en effet entraver son action. Carol II fait alors preuve de ruse et de patience. De 1930 à 1938, il appelle au pouvoir à tour de rôle les principaux chefs des partis qui s'éliminent par leurs échecs et qui se divisent en leur sein en plusieurs tendances. Par exemple, le Parti paysan est éliminé le premier. C'est lui qui est au pouvoir de 1930 à 1933, au moment où survient la crise financière. Sa politique de diminution des salaires des fonctionnaires, ainsi que la répression dont il fait preuve face aux mouvements sociaux, lui font perdre du crédit au sein de la population, et ces questions divisent les différents leaders du parti lui- même. [...]
[...] La fusion des deux donne naissance au Parti national chrétien, où le nationalisme de Goga répond à l'antisémitisme de Cuza, sans atteindre toutefois le conservatisme sanglant comme de la Légion. Par cette nomination le roi appelait au gouvernement l'extrême droite, mais pas les légionnaires, reprenant pourtant quelques- uns de leurs thèmes principaux, à savoir l'antisémitisme et l'antidémocratisme. Par exemple, plusieurs journaux se voient interdire leur parution. Les mesures antisémites, quant à elles, sont spectaculaires : le décret du 22 janvier 1938 invalide tous les papiers officiels délivrés aux Juifs après le début de la Première Guerre mondiale. [...]
[...] Le Parti communiste est ainsi interdit à partir de 1924 après une révolte. Autre exemple, le PNL réduit la portée du droit de grève. Toutefois, il ne s'agit que de mesures particulières, et l'on ne pourrait ranger le gouvernement du PNL du côté des régimes autoritaires. Mais les problèmes de succession dynastique, avec l'abandon du futur Carol II à ses droits au trône le 4 janvier 1926 (celui-ci refuse de se séparer de sa maîtresse) et avec l'organisation d'un Conseil de régence, permettent au maréchal Averescu d'accéder au pouvoir. [...]
[...] Bucarest : Ed. Silex p. - MANOILESCO (A. Mihai). Le Parti unique. Paris : 1936. - MARCOU (Lilly). Le Roi trahi, Carol II de Roumanie. Paris: Pygmalion p. - MARGUERAT (Ph). Le IIIème Reich et le pétrole roumain (1938-1940). Contribution à l'étude de la pénétration allemande dans les Balkans à la veille et au début de la Deuxième Guerre mondiale. [...]
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