« Après vingt ans d'absence, le Ciel m'a rendu à mes enfants. » déclare Louis XVIII en arrivant au pouvoir en 1814. En effet, suite à la chute du Premier Empire, Talleyrand convint le sénat conservateur de faire de Louis XVIII, frère de Louis XVI, le roi de France et de Navarre, marquant ainsi le début de la Restauration de la monarchie des Bourbons, absente depuis vingt ans. Il retrouve alors ses « enfants », les français, qu'on lui aurait enlevés alors qu'il a lui-même pris la fuite en s'exilant depuis 1791. Se positionnant presque comme une victime de la Révolution et de l'Empire, du moins passif, Louis XVIII en parlant du « Ciel » mentionne une dimension divine – traditionnellement liée au roi – à ce retour de la monarchie, cependant c'est bien le Sénat et non Dieu qui lui rend le pouvoir et l'amène donc à ses « enfants ». La Restauration est même, selon Mme de Staël, le résultat d'une « combinaison politique » indépendante du roi, de Dieu et même du peuple ou de quelque « mouvement populaire ».
[...] Ainsi, Charles X en étant défavorable à la Charte lui rend hommage par cet acte en novembre 1827. Pour contrer toute opposition, il change à nouveau de gouvernement avec Martignac en 1828 qui est décalé de la politique ultra et va donc écarter l'Eglise, assurer les libertés de presse, et donc est vite remplacé par Jules de Polignac. Charles X exerce malgré lui un gouvernement balançant au rythme des ultras et des libéraux, tout comme celui de Louis XVIII avant lui. [...]
[...] Pour instaurer cet équilibre, le Roi et les Chambres doivent se partager les pouvoirs ; et donc, la Charte constitutionnelle de juin 1814 puis ses renouvellements sont créés. Charles X essaye de constituer un gouvernement modéré avec Villèle malgré sa ferveur pour l'Ancien Régime. Le roi doit réconcilier et équilibrer une société en désaccord; Louis XVIII, qui veut concilier acquis révolutionnaires et Ancien Régime, prend d'ailleurs cette fonction avec sérieux et pour éviter le mécontentement il dissout la Chambre Introuvable en 1816 trop ultras assurant dans le même temps qu'« Il ne faut pas être plus royaliste que le roi. [...]
[...] La mystification royale de l'époque médiévale se fait dépasser par cette humanité qui rend le roi plus accessible. Le portrait de Louis-Philippe de Franz-Xavier Winterhalter de 1839 (Louis-Philippe Ier, roi des français) le représente en uniforme de lieutenant général, comme un roi bourgeois et non en habit de sacre. La représentation du roi devient plus accessible par l'humour et la caricature; Louis XVIII, qui ne cache pas son état de santé et qui se déplace à béquilles à cause d'une obésité, se fait appeler gros cochon par le petit peuple. [...]
[...] Mais la confirmation de libertés sociales, individuelles, d'expression et l'effusion de réactions politiques font à cette monarchie l'avènement d'une République mieux esquissée que la première. [...]
[...] La religion encore très influente chez le roi détermine la plupart de ses valeurs et donc sa politique face à un monde majoritairement anticlérical. Une corrélation de ces deux mondes semble difficile quand aucun ne veut accepter la souveraineté de l'autre. De plus, en dehors du peuple et du roi, il existe de nombreux partis politiques qui se développent de plus en plus : les royalistes, les libéraux, les socialistes, les républicains, avec chacun se divisant et se subdivisant en d'autres courants d'idées, tout cela qu'il faudrait opposer au roi, quand l'on prend conscience qu'il n'est qu'un seul individu et non le représentant de Dieu sur Terre. [...]
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