Beaucoup continue d'affirmer que l'on ne connaît rien de Vichy et accusent les historiens d'esquiver une période taboue. Pourtant, c'est l'inverse qui est vrai, le Régime de Vichy apparaissant comme la période la plus disséquée.
Dans les années qui ont suivi la Libération les contemporains ont tout d'abord cherché à comprendre quelle avait été l'ampleur de la collaboration. Il ne semblait pas urgent d'analyser le Régime : la plupart se contentait de la thèse de De Gaulle qui affirmait que « le peuple français était rester sain dans ses profondeurs ». Il précisait : « la grande majorité des serviteurs de l'Etat […], pendant les années terribles de l'Occupation ont avant tout cherché à servir de leur mieux la chose publique ».
Dans les années 50, on commence véritablement à scruter le Régime : tout d'abord en tentant de comprendre les allées du pouvoir, puis on s'intéresse à Vichy vu d'en bas, aux Français sous Vichy. Très peu d'ouvrages s'intéressent uniquement aux rouages administratifs de l'Etat français.
Marc Olivier Baruch a été élève à Polytechnique et à l'ENA. Docteur en Histoire, il est administrateur civil au Ministère de la Culture et chercheur au CNRS. S'intéressant à l'administration française durant les périodes sombres, Marc Olivier Baruch a également constaté que la plupart des études menées sur Vichy restaient relativement muettes sur la question des fonctionnaires.
[...] C'est ainsi que Vichy, tout en visant un modèle de fonctionnement coordonné autour de la figure du préfet napoléonien rend la construction d'un tel modèle difficile par la création de nouvelles institutions nombreuses et principalement par la création des préfets régionaux. I. Face au poids des circonstances : le préfet entre administratif et politique Le gouvernement de Vichy avait certainement un projet clair et précis. Mais cette volonté de rationalisation excessive se traduisant par la création d'institutions multiples engendre des interférences au sein de l'administration. Parallèlement on ne peut nier le poids des circonstances dans les difficultés rencontrées par les préfets. [...]
[...] Pour évoquer cette position difficile, voire intenable, dans laquelle se trouvent les préfets sous Vichy on peut reprendre un des titres de Marc Olivier Baruch : Service face à l'ennemi ou servir l'ennemi ? Cela nous amène à parler du rapport à l'Occupant, problème majeur pour les préfets et problème qui les concernent tous à partir de novembre 1942, lorsque les troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation. Le gouvernement vichyssois n'a, à cette occasion, réagit que par une protestation solennelle, mais on tient à rappeler aux préfets que conformément aux déclarations officielles la présences des troupes de l'Axe ne présente pas un caractère d'occupation. [...]
[...] Ceux-ci nomment les maires des communes ayant entre 200 et habitants. Les Conseils Généraux sont suspendus, leurs compétences transmises aux préfets : il est dans ce rôle assisté par une commission administrative. Le but de vichy est de rompre avec le système notabiliaire électif sur lequel était construit le modèle républicain. Mais se faisant, il ne s'inquiète que trop peu du risque induit par ce vide politique entre gouvernement et population. En Novembre 1940, le personnel des préfectures est étatisé. [...]
[...] Les projets sont nombreux, souvent éphémères et presque toujours contradictoires, comme le montre la création de nombreuses institutions. De plus, tout au long de ces quatre années, le Gouvernement ne délimite jamais précisément le rôle du préfet, élément pourtant central du projet de la Révolution Nationale : entre administratif et politique, le dilemme est constant. Mais avant tout, cette attention portée aux préfets induit une autre question : pourquoi les fonctionnaires ont-ils accepté de servir un régime autoritaire, comment ont-ils pu nier si vite les valeurs républicaines ? [...]
[...] Le préfet, figure clé d'un réseau d'agents politisés Une même constatation peut être faite avec la création du corps des agents cantonaux, ceux-ci devant palier au manque de contact entre l'Etat et la population. La volonté de dérépublicaniser a conduit à la suppression des instances intermédiaire, créant un véritable vide entre le préfet et la population. Pour Du Moulin de Labarthète c'est la faute majeure du régime en terme de politique intérieure. Faute d'autant plus grave que les préfets, en tant que représentants du Maréchal en province, sont chargées de la propagande. [...]
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