A l'issu des Trois glorieuses, « le sceptre des Bourbons vole en éclat sous les pavés des barricades » et Louis-Philipe Ier, le « roi citoyen » arrive au pouvoir grâce à la rue. La révolution de 1830 dessine donc l'apparition d'une figure unanime et consensuelle du peuple qui joue un rôle dans le compromis que représente la monarchie de Juillet qui entérine l'émergence d'une opinion publique et l'éveil d'un débat public. La notion d' « opinion publique » n'était inscrite dans le XVIIIe siècle que péjorativement et ne paraissait pas dans l'Encyclopédie ; celle-ci émane à la fin du siècle d'une catégorie sociale limitée : les intellectuels et la bourgeoisie éclairée. C'est une nouvelle définition que prend ce concept hybride sous la Monarchie de Juillet. En effet, l'approfondissement démocratique favorise l'irruption du peuple, convié à participer à la vie politique et qui s'exprime sous des formes actives : manifestations, presse, pétitions qui caractérisent l'expression populaire et le mouvement social et dessinent une culture politique nouvelle.
C'est pourquoi on peut se demander dans quelle mesure l'irruption de l'opinion publique sous la monarchie de Juillet joue un double rôle essentiel dans la vie politique française.
[...] Les ouvriers se détachent des leaders libéraux qu'ils avaient suivis dans la révolution de 1830 et donnent à l'opinion publique une nouvelle ampleur. C'est l'époque du lancement de journaux nouveaux destinés à des publics jusque-là exclus du débat politique : ouvriers ou artisans (journal des ouvriers, le peuple, l'artisan, journal de la classe ouvrière) ou courants de pensée originaux (le Globe pour les saint-simoniens). C'est aussi l'apparition des premiers journaux féministes : la tribune des femmes, rédigé par des ouvrières. [...]
[...] La Société est ancrée à Paris mais trouve des appuis dans les communautés paysannes, dans les villes ouvrières. Cette association concrétise une rencontre entre républicains et ouvriers, qui dans un espace d'échanges et de discussion permet la formation d'une nouvelle forme de publicité étendue socialement. Cependant, le régime prend des mesures qui limitent l'expression de l'opinion publique C'est l'essor de la Société qui pousse le pouvoir à modifier les dispositions du Code pénal sur les associations. En février 1834, une législation nouvelle impose aux associations une autorisation et étend les poursuites judiciaires à tous les membres de l'association. [...]
[...] Le peuple saccage les Tuileries mais le centre du pouvoir s'est déjà déplacé au palais Bourbon (siège de la représentation nationale) et à l'Hôtel de Ville (siège de la représentation municipale) où le gouvernement provisoire de la République est proclamé. C'est bien à l'opinion publique que l'on doit la chute de cette monarchie impossible puisque c'est l'interdiction d'un rassemblement relayant et symbolisant cette opinion qui entraîne les insurgés à se révolter. La République apparaît comme l'expression ultime de l'opinion publique : elle est fondée sur la conciliation des classes et se veut accueillante pour tous. Démocratique, la République se fonde sur le suffrage universel signe que l'opinion publique fait irruption dans la vie politique. [...]
[...] Se forment alors des associations d'étudiants (Société de la liberté) mais aussi des associations républicaines (société des amis du peuple). Ces dernières se radicalisent et se démocratisent en s'étendant désormais à de nouvelles classes sociales mais aussi à la Province. Celles-ci s'ouvrent aux classes ouvrières. C'est le cas du développement de la Société des droits de l'homme, dissidence des sections ouvrières de la société des amis du peuple. La société milite pour la République, un programme social construit mais aussi le suffrage universel. [...]
[...] Cependant, le régime ne demande aucune consultation ni même au corps censitaire mais on note la présence d'un présupposé d'acquiescement populaire aux transformations opérées par la chambre. Après lecture de la charte, le duc d'Orléans dit : je me reçois avec une profonde émotion la déclaration que vous me présentez, je la regarde comme l'expression de la volonté générale La révision de la charte supprime symboliquement l'article 14 (qui avait permis les ordonnances de Charles X en 1814) pour satisfaire l'opinion publique qui s'était insurgée contre ce dernier. Se pose dès lors une interrogation sur la véritable nature du régime : Vive la charte ! [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture