Le 19ème siècle est considéré comme l'âge d'or du théâtre lyrique. En effet, ce siècle est celui d'un renouveau artistique de l'opéra par l'adoption de nouvelles esthétiques théâtrales et musicales. Ce siècle est aussi celui de la création des identités nationales, des unités et des indépendances, et plus largement de la critique du conservatisme politique. C'est le siècle de la démocratie. L'Opéra, comme lieu, institution et œuvre, a-t-il un rôle politique, tant au niveau du pouvoir qu'au niveau du peuple ? Ce rôle, quel est-il ?
Ainsi l'Opéra est-il un art politique qui joue un rôle non négligeable dans la création des identités nationales.
[...] Wagner a aussi pour cible privilégiée la noblesse et l'Eglise : dans L'Allemagne et ses princes (1848), il oppose les privilèges de la noblesse au droit sur lequel devrait reposer la société et reproche à l'Eglise d'asservir la population, dénonçant ainsi le conservatisme social qui règne en Allemagne et entendant fédérer la nation autour de ce thème. Toutefois, la fonction patriotique de l'Opéra ne passe pas seulement par son contenu mais aussi par la forme qu'il adopte. De fait, la création des théâtres nationaux, distincts des scènes créées et entretenues par le prince, est une des tâches que se donnent les bourgeoisies européennes. La consolidation nationale passe également à l'Opéra par l'utilisation de la langue nationale. [...]
[...] Ce rôle politique s'affirme tout au long du siècle, accompagnant, par l'engagement politiques de ses protagonistes, le mouvement menant à l'apparition d'une nouvelle classe d'intellectuels qui tentent de conquérir leur autonomie face aux institutions politiques et religieuses. [...]
[...] L'opéra comme lieu politique L'opéra est une composante importante de la vie sociale au XIXème siècle et la plupart des grandes salles sont alors construites ou reconstruites. C'est le lieu des mondanités où se retrouve et où on se rend très régulièrement. Rassemblant les élites du pays ou du moins de la ville, l'opéra est donc un haut lieu de pouvoir politique. Néanmoins, l'Italie constitue sur ce point une d'exception car s'y retrouvent à l'opéra aristocratie et classes plus populaires, d'où une diffusion plus large des œuvres. [...]
[...] Mais ce fait ne se limite pas à la Belgique puisqu'en Italie, la contribution de l'Opéra au processus d'unification est également notable. De plus, par le biais de leurs Opéras, mais pas seulement, certains compositeurs se sont engagés politiquement dans ces processus d'indépendance et d'unification. C'est le cas des russes Borodine, Moussorgski, Tchaïkovski ou Rimski-Korsakov ainsi que des tchèques Dvorak ou Smetana. Verdi, lui, se consacre dans les années 1860 presque exclusivement à l'action politique, s'investissant dans le combat du Risorgimento, dont il est un des symboles non seulement par ses œuvres, mais par son nom même, devenu un slogan résumant les aspirations du peuple italien, Viva VERDI Lié avec Cavour, élu député de Busseto au Premier parlement en 1860, il devient sénateur à Rome en 1874. [...]
[...] Les chœurs, notamment, sont repris et utilisés comme slogans par le peuple et les mouvements d'unification nationale. II. L'Opéra et la création des identités nationales L'évolution des thématiques de l'Opéra : vers une spécificité nationale Il existe au départ un fond commun européen de personnages et d'évènements historiques avec une circulation de textes en Europe : les compositeurs s'inspirent ainsi des thèmes présents dans les écrits de Goethe (Werther de Massenet en 1892), Schiller (Guillaume Tell de Rossini en 1829), Hugo (Ernani en 1844, Rigoletto en 1851 de Verdi), Scott, Shakespeare, Dumas père et fils ou encore Byron. [...]
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