Le 25 avril 1974, peu après minuit, sur les ondes de Radio Renaissance, Jose Afonso égrenait les premières notes lancinantes d'une chanson qui deviendra un symbole historique majeur du Portugal : « Grandola, Vila Morena ». Le signal était donné pour le soulèvement simultané des unités des capitaines du Mouvement des Forces Armées. La cohérence et l'extrême coordination des opérations allaient conduire à l'effondrement soudain et sans effusion de sang d'un régime dictatorial en place depuis près de 40 ans.
Le rôle d'Otelo Saraiva de Carvalho fut central dans la conception et le succès de cette révolution, le plan des opérations ayant été entièrement rédigé par ce brigadier gradé, puis supervisé par ce même personnage depuis le « Quartel da Pontinha », véritable centre névralgique du 25 avril, depuis lequel il émettait communiqués et directives. Ainsi, nous nous demanderons dans quelle mesure le général Otelo Saraiva de Carvalho peut être considéré comme le stratège et véritable penseur de la révolution du 25 avril 1974. Dans un premier temps, nous esquisserons le parcours de ce militaire, son engagement et son rôle au sein de mouvement des capitaines. Une trajectoire qui illustre un mouvement plus de désolidarisation de l'armée de grande ampleur par rapport au régime dictatorial. Puis, nous centrerons l'analyse sur le rôle de conception et d'orchestration joué par ce stratège de la révolution, avant de préciser son rôle politique dans la période qui suit la révolution des œillets. Enfin, une dernière partie intéressera la place de cet instigateur du 25 avril dans la mémoire collective portugaise.
[...] Carvalho étant une figure essentielle au développement du mouvement des capitaines, nous retracerons les temps forts du mouvement afin de préciser le rôle joué par ce personnage. Depuis le début des années 1970, la critique de la guerre coloniale était très présente au sein de l'armée portugaise et constituait à ce titre un point constant de réflexion. Souvent relégué au second plan parmi les éléments expliquant la formation du mouvement des capitaines, au profit d'une version plus romancée des événements, l'élément fondateur et fédérateur du mouvement des capitaines demeure pourtant la contestation du décret-loi 353/75. Otelo de Carvalho est le principal initiateur de ce mouvement d'opposition. [...]
[...] Ainsi, nous nous demanderons dans quelle mesure le général Otelo Saraiva de Carvalho peut être considéré comme le stratège et véritable penseur de la révolution du 25 avril 1974 ? Dans un premier temps, nous esquisserons le parcours de ce militaire, son engagement et son rôle au sein de mouvement des capitaines. Une trajectoire qui illustre un mouvement plus de désolidarisation de l'armée de grande ampleur par rapport au régime dictatorial. Puis, nous centrerons l'analyse sur le rôle de conception et d'orchestration joué par ce stratège de la révolution, avant de préciser son rôle politique dans la période qui suit la révolution des œillets. [...]
[...] Le lendemain, le mouvement des forces armées organisait une tentative de coup militaire. Bien qu'avortée, cette tentative semblait préfigurer le coup d'État du 25 avril, telle une répétition générale. Progressivement, le mouvement acquiert une dimension plus institutionnelle : il s'auto désignait Mouvement des Forces armées et adoptait un véritable programme, dont l'essence peut être synthétisée par ces trois termes clés : democratizar, descolonizar e desenvolver La dernière réunion clandestine du mouvement du 24 mars 1974 est essentielle à plus d'un égard : d'une part, le renversement du régime est la solution retenue, bien que la date soit amenée à osciller entre le 22 et le 29 avril ; d'autre part, le général Otelo de Carvalho est expressément désigné responsable de la préparation du Plano Geral das Operaçoes qu'il achève le 22 avril. [...]
[...] Cet homme de terrain qui s'infiltra dans les centres névralgiques du pouvoir meurt pourtant dans l'oubli en 1992. La portée historique et mémorielle du film est semblable à celle du documentaire de Lavigne Ginette, qui retrace le déroulement de cette journée en se centrant sur la figure d'Otelo Saraiva de Carvalho et sur la mise en scène de la dimension clandestine et organisationnelle du coup d'État. En somme, la place accordée au 25 avril dans la mémoire collective portugaise demeure faible au regard de la portée majeure de l'événement. [...]
[...] Le COPCON, à la tête duquel est placé Carvalho, ainsi que le directoire, institution qu'il intègre, illustrent l'importance du contrôle politique contraignant du MFA. Pour Alain Joxe, le COPCON, poste de commandement d'opération visible du MFA, était un centre nerveux capable de résister par la force à toute tentative de déviation du programme du MFA de la part des forces politiques Plus généralement, ces institutions illustrent la radicalisation gauchisante du MFA au lendemain du 25 avril. Parmi les autres responsabilités politiques exercées par Carvalho au sein du PREC figurent celles de Membre du Conseil de la Révolution et de commandant de la région militaire de Lisbonne. [...]
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