Le 17 mars 2011, l'Organisation des Nations Unies (ONU) a adopté la résolution 1973 qui autorise le recours à la force contre le régime de Mouammar Kadhafi et la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au dessus de la Libye. Le lendemain même, le ministre libyen des affaires étrangères déclarait que son pays, de par son appartenance à l'ONU, était contraint d'appliquer la résolution et mettait fin aux opérations militaires en cours contre les insurgés. Ces deux évènements viennent illustrer le rôle que joue actuellement l'ONU dans les relations internationales. Elle semble en effet apparaître comme le gardien de la sécurité collective, accordant seule le droit de recourir à la force armée et exerçant un fort pouvoir de contrainte sur ses Etats membres. Pour autant, ces mêmes évènements nous invitent à relativiser son rôle. En effet, les défenseurs de cette résolution ne se sont tournés vers l'ONU que lorsque d'autres organismes internationaux, comme le G8, se sont révélés incapables de faire face au problème libyen. L'ONU apparaît comme un acteur secondaire, derrière des organisations d'Etats de taille plus modeste. De plus, le fait que Mouammar Kadhafi n'a pas respecté bien longtemps le couvre-feu qu'il a lui-même déclaré remet en cause l'autorité de l'organisation internationale. Partant, il convient de s'interroger sur le rôle qu'elle joue dans les relations internationales depuis 1945.
Une telle interrogation suppose en premier lieu une définition claire de l'ONU. Cette dernière est le fruit d'un processus initié pendant la Seconde Guerre mondiale mais qui plonge ses racines dans l'échec de la Société des Nations. Avant même l'entrée en guerre des Etats-Unis, le Président américain Franklin Delano Roosevelt met en avant la nécessite de créer une nouvelle organisation internationale capable de contrôler les armements et d'assurer la sécurité des Etats du monde tout en corrigeant les défauts dont souffrait la Société des Nations. Une succession de conférences internationales aboutit à la signature de la Charte de San Francisco par 51 Etats le 26 juin 1945, créant ainsi l'ONU (...)
[...] La mort en 1993 d'une vingtaine de soldats américains provoque un grand choc moral aux Etats-Unis, contraignant Bill Clinton à annoncer le retrait de ses troupes, rapidement suivi par celui des forces onusiennes. L'ONU s'est donc révélée incapable de mener à bien la pacification de la Somalie et laisse derrière elle un pays ravagé par les seigneurs de guerre et la famine. En Yougoslavie, la guerre civile débute en 1991. Le Conseil de sécurité déclare un embargo sur la vente d'armes mais refuse d'envoyer une force d'intervention. [...]
[...] Plus encore, les grandes rencontres internationales tendent à se faire hors du cadre onusien. C'est le cas de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe qui se tient du 3 juillet 1973 au 1er août 1975 dans la capitale finlandaise. Une telle situation conduit certains des observateurs les plus critiques comme Maurice Bertrand à affirmer que l'ONU n'est pas tant un acteur des relations internationales qu'une scène de théâtre servant de couverture à des grandes puissances uniquement désireuses de satisfaire leurs propres intérêts. [...]
[...] Les alliances militaires dépassent largement le cadre européen comme le souligne la signature du Pacte de Bagdad le 24 février 1955, ou encore l'Australia, New-Zealand, United States Security Treaty (ANZUS) du 1er septembre 1951. Ces accords prennent une coloration politique et économique comme le montrent les prémisses de la construction européenne. Ainsi, quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, une grande partie du monde s'est organisé en blocs politiques et militaires qui jouent un rôle beaucoup plus important que l'ONU dans les relations internationales. La guerre de Corée qui débute en juin 1950 semble pourtant remettre en cause ce constat. [...]
[...] Elle joue ainsi un rôle majeur en matière de normalisation et dans les règlements des conflits. Selon les termes de Pierre Gerbet, il est possible d'affirmer qu'elle joue un rôle de modérateur de puissance La question de sa réforme reste toutefois ouverte afin de renforcer son rôle sur la scène internationale. [...]
[...] Au final, le bilan de cette opération est mitigé. Si l'ONU a pu mener sa première opération militaire, cette dernière a été en réalité dirigée par les Etats-Unis. Une telle opération n'a pu se faire qu'après une remise en cause du fonctionnement de l'ONU ce qui permet de souligner malgré tout sa capacité d'adaptation au nouvel environnement mondial. Face à son incapacité à faire face aux grands enjeux de l'après guerre, l'ONU est contrainte de se concentrer sur des problèmes de moindre ampleur qui, parce qu'ils n'opposent pas directement les deux Grands ne suscitent pas une utilisation immédiate du droit de veto au sein du Conseil de sécurité. [...]
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